Actualités - OPINION
Les desiderata des grands électeurs étrangers baignent encore dans le flou
le 04 octobre 2007 à 00h00
Un vétéran observe que, pour la première fois dans les annales de la présidentielle libanaise, le mot d’ordre étranger fait défaut. Ou, plus exactement, qu’il se perd entre trop de parties. La confusion se trouve accrue du fait que les ambassadeurs, tout en démarchant à tire-larigot les forces locales, assurent tous que leurs gouvernements n’interviennent pas sur ce dossier, classé affaire intérieure libanaise, et n’entrent pas du tout dans le jeu des noms. Il serait d’ailleurs douteux, au cas où ils feraient des recommandations nominales, que les ambassadeurs soient écoutés de tous. Pour la simple raison que, globalement, les camps principaux en présence se trouvent liés, reliés, à la lutte extérieure dite des axes. Les uns militent avec le tandem syro-iranien, directement ou indirectement. Les autres affichent leurs affinités avec le bloc conduit par les États-Unis. S’il y avait mots d’ordre, ils s’annuleraient l’un l’autre. C’est un peu pourquoi la tenue de l’échéance dans les délais se trouve, autre première, conditionnée par un accord préalable sur la succession. Avec pléthore de candidats, déclarés ou pas. Alors que par le passé, la compétition se limitait à deux concurrents, représentant le pouvoir et l’opposition, qui l’emportait souvent. Le pli étant pris dès le début, lorsque cheikh Béchara el-Khoury a remplacé son rival, Émile Eddé, l’un étant soutenu par la Grande-Bretagne et l’autre par la France. Puissance mandataire certes, mais dont les assises étaient ébranlées par la guerre. Et qui, après avoir capturé les chefs indépendantistes libanais, a dû vite les relâcher et leur accorder l’indépendance, Londres menaçant d’envoyer ses armées au Liban s’il n’en allait pas ainsi. Dans la phase suivante, c’est également la Grande-Bretagne qui a catapulté Camille Chamoun, après le désistement de Hamid Frangié, suite à l’adhésion des députés de Tripoli au camp adverse. Dans les quelques années qui ont suivi, la maîtrise de l’influence régionale a basculé du Royaume-Uni aux Américains. C’est donc leur mot d’ordre, fixé cependant en accord avec Nasser, qui a promu Chéhab. On connaît la suite, la longue suite, des présidents plus ou moins imposés, ne serait-ce que par les circonstances. Des sexennats dont deux, celui de Béchir Gemayel et de René Moawad, ont brutalement été coupés à la racine par l’assassinat. Il y a eu aussi des élus choisis, en partie ou totalement, par un quelconque décideur étranger, parfois par un consortium conciliateur comme lors de Taëf. La liste comprend Hélou, Sarkis, Amine Gemayel, Hraoui et Hraoui fifty-bis, Lahoud et Lahoud prorogé. Seul l’avènement de Sleimane Frangié, en 1970, ne devait rien à une forme quelconque d’immixtion étrangère. Il avait cependant battu, d’une seule voix, Sarkis qui était à l’époque le favori du Deuxième bureau et donc des SR égyptiens.
Le paquet
Aujourd’hui, les parties arabes et étrangères, pour opposées qu’elles soient entre elles, s’accordent pour plaider en faveur d’un président libanais de consensus, sur base de la règle ni vainqueur ni vaincu. On ne sait pas encore, toutefois, si cette pression sera suffisante. Car le problème du choix est double. Il y a d’abord le profond clivage politique. Il y a ensuite les ambitions de multiples postulants dont chacun prétend représenter l’idéal du consensus. Et qui se trouvent encouragés par le fait que, cette fois, la course est bien plus ouverte que jadis, du moment qu’il n’y a pas de mot d’ordre clair lancé par les grands électeurs étrangers, eux-mêmes très nombreux et divisés.
Partant de là, poursuit le vétéran, la question reste de savoir si, mettant de côté le volet libanais par rapport au contentieux global qui les oppose, les pôles des axes extérieurs vont se mettre d’accord sur un arrangement concernant le prochain président libanais. Sans quoi, il risque d’y avoir un vainqueur et un vaincu. Côté compétition seulement car au final tout le monde serait perdant.
Émile KHOURY
Un vétéran observe que, pour la première fois dans les annales de la présidentielle libanaise, le mot d’ordre étranger fait défaut. Ou, plus exactement, qu’il se perd entre trop de parties. La confusion se trouve accrue du fait que les ambassadeurs, tout en démarchant à tire-larigot les forces locales, assurent tous que leurs gouvernements n’interviennent pas sur ce dossier, classé...
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