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Actualités - CHRONOLOGIE

Incendies - Plus de deux mille hectares de forêts et de champs agricoles ont brûlé Du Nord au Sud, le Liban en flammes

Cette saison nous a habitués à de hauts risques d’incendies, mais personne ne pouvait prévoir une catastrophe naturelle de l’ampleur de celle qui a frappé hier plusieurs régions du pays. Du Nord au Sud, de Kobeyate à Hasbaya, le Liban a brûlé. Plus de 2 200 hectares d’arbres forestiers et d’arbres fruitiers sont partis en fumée en quelques heures seulement, et les incendies se sont avérés très difficiles à maîtriser en raison de la force du vent. Le feu s’est déclaré dans plus de trente localités pratiquement en même temps, mais les sinistres les plus graves ont été observés à Deir el-Qamar et dans d’autres villages du Chouf, à Richmaya, où le feu n’était toujours pas éteint en soirée, et ailleurs à Aley, à Dhour el-Choueir dans le Metn-Nord, où de nombreuses maisons et un asile de vieillards ont été cernés par le feu, à Kobeyate et Andkit, au Akkar, où plus de trois millions de mètres carrés d’espaces verts ont été perdus, à Amchit et à Jbeil également. Dans la Békaa, un sinistre particulièrement ravageur a privé le village de Kfeir d’une grande partie de ses belles pinèdes. Les membres de la Défense civile, secondés par l’armée, ont fait face à d’énormes difficultés pour lutter contre les flammes, vu l’absence de routes à l’intérieur des forêts et les moyens modestes disponibles. Les hélicoptères de l’armée sont intervenus dans certaines localités, mais l’un d’entre eux a dû interrompre son activité au Akkar en raison d’un incident technique – le réservoir d’eau de l’appareil s’est détaché –, ce qui l’a empêché de persévérer. Pour sa part, la Croix-Rouge s’est chargée des éventuelles évacuations et des premiers secours aux personnes souffrant de brûlures, de blessures diverses ou d’asphyxie. En fin de journée, elle a recensé le transport de sept cas hospitalisés à Kobeyate, de 47 cas d’asphyxie et de 37 évacuations. Des incendies qui se déclarent en trente points différents n’ont pas manqué d’alimenter les théories les plus folles sur une sorte de conspiration qui viserait le Liban. Ce qui n’empêche pas le débat sur l’origine de ces feux de forêts – criminelle, accidentelle ou naturelle – de se poser sérieusement. D’aucuns se sont demandés s’il était possible que tant de sinistres sévissent en même temps, sans qu’ils ne soient mus par une volonté humaine ou des actes de négligence. Dans une première réaction officielle, le directeur général de la Défense civile, le général Darwiche Hobeika, a laissé entendre, lors d’une intervention à La Voix du Liban, que l’origine de ces incendies serait criminelle. Interrogé sur la question par L’Orient-Le Jour, il a assuré que cela demeurait une hypothèse et que l’enquête devait se poursuivre. Une chose est sûre cependant : les conditions météorologiques – sécheresse alliée à un vent puissant et chaud – ont grandement favorisé la propagation des flammes. Mounir Bou Ghanem, directeur de l’Association de conservation et de développement des forêts (AFDC), qui déplorait hier la perte de vastes étendues d’espaces verts autour de son très beau centre à Ramlieh (Chouf), a mis l’accent sur le facteur déterminant du vent. « En fait, ce qui nous a permis de maîtriser quelque peu les incendies, c’est que le vent est tombé, mais s’il recommence à souffler fort et qu’il ne pleut pas, le risque sera renouvelé », a-t-il expliqué à L’Orient-Le Jour. Pour lui, la menace est toujours réelle en cette saison, mais certaines années, comme celle-ci, elle est exacerbée par des conditions météorologiques particulièrement propices aux flammes. Évidemment, la journée d’hier ne s’est pas déroulée sans que des critiques ne soient formulées contre la gestion de ce dossier par l’État et son incapacité à lutter efficacement contre un phénomène qui pourtant se répète chaque année. Le Parti libanais de l’environnement, dans un communiqué publié hier, a rappelé qu’il avait maintes fois mis en garde contre l’absence d’une stratégie nationale pour la lutte contre les feux de forêts (c’est une revendication de l’AFDC également). Et de se demander : « À quoi serviront les grands slogans quand il ne restera plus rien de la nature de ce pays ? » Le parti pose également une question fondamentale : pourquoi les ministères de l’Intérieur et de la Défense ne se sentent-ils pas concernés par la capture des pyromanes ? Cette question fait écho à certaines plaintes proférées par des citoyens, et selon lesquelles des pyromanes arrêtés sur base de preuves solides seraient relâchés moins de 24 heures plus tard, probablement pour profiter des terrains devenus ravagés par leurs soins après avoir été boisés par la nature. La justice, qui s’est saisie du dossier des incendies d’hier, arrivera-t-elle à un résultat cette fois-ci ? N’est-on pas en droit d’exiger que la protection des ressources naturelles devienne une priorité nationale, et que les pyromanes, s’ils existent, soient traités comme des criminels qu’ils sont ? S. B.
Cette saison nous a habitués à de hauts risques d’incendies, mais personne ne pouvait prévoir une catastrophe naturelle de l’ampleur de celle qui a frappé hier plusieurs régions du pays. Du Nord au Sud, de Kobeyate à Hasbaya, le Liban a brûlé. Plus de 2 200 hectares d’arbres forestiers et d’arbres fruitiers sont partis en fumée en quelques heures seulement, et les incendies se...