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Actualités - ANALYSE

ANALYSE - Les pétrodollars soutiennent de moins en moins la monnaie américaine La relation dollar-pétrole évolue et nuit au billet vert

Les fluctuations du dollar influencent depuis longtemps celles des prix du pétrole et d’autres matières premières, mais la faiblesse actuelle du billet vert peut aussi s’expliquer par une remise en cause de la relation entre sa valeur et celle de l’or noir. Les prix sur les marchés pétroliers et ceux des métaux, précieux ou non, sont généralement fixés en dollars et ils ont naturellement tendance à compenser mécaniquement les fluctuations de la devise américaine. La forte baisse du dollar face à l’euro ces dernières semaines a ainsi contribué à porter le prix du pétrole à un niveau sans précédent le 20 septembre, à 83,90 dollars le baril. « Je suis assurément de ceux qui pensent que la faiblesse du dollar explique la hausse du brut », commente Anatol Feygin, responsable de la stratégie matières premières de Bank of America. « Alors que les stocks de l’OCDE augmentent, que la demande est revue à la baisse, que la production de l’OPEP augmente et que la saison des ouragans est relativement clémente, c’est le dollar qui semble bien être la principale explication. » Pour les analystes, le lien historique entre dollar et pétrole est en fait en train d’évoluer : dans le passé, les dollars amassés par les producteurs de pétrole étaient réinvestis sur les marchés financiers américains ou dans des actifs libellés en dollar. Mais aujourd’hui, ces « pétrodollars » viennent de moins en moins soutenir la monnaie américaine. Or, selon la banque Lehman Brothers, les pays du Golfe détiennent au total quelque 3 500 milliards de dollars de réserves de change. « Les pétrodollars qui, historiquement, repartaient aux États-Unis dans des investissements libellés en dollar, disposent aujourd’hui de davantage d’alternatives, soit sur place, soit sur les marchés émergents, soit avec l’euro », souligne Badung Tariono, gérant d’un fonds spécialisé dans l’énergie pour ABN Amro. « La relative stabilité de l’euro et les opportunités intéressantes dans le reste du monde jouent aussi un grand rôle. » À titre d’exemple, le fonds public d’investissement du Qatar Delta Two négocie actuellement le rachat du groupe britannique de grande distribution Sainsbury pour environ 10,6 milliards de livres (15,1 milliards d’euros). Le poids croissant des fonds spéculatifs, des banques et d’autres institutions financières sur les marchés des matières premières a aussi un impact sur le lien entre pétrole et dollar, soulignent des analystes. « Il y a de plus en plus d’acteurs financiers qui échangent du pétrole et des matières premières et ils jouent de plus en plus sur ces microrelations », explique Olivier Jakob, du cabinet spécialisé Petromatrix. « Si vous anticipez une baisse du dollar, vous pouvez vendre l’indice dollar <.DXY> pour acheter du pétrole, de l’or ou des matières premières afin de diversifier votre portefeuille. » L’indice dollar est un instrument financier négociable qui reflète l’évolution du billet vert face à un panier de référence composé de six autres devises. Il est actuellement proche de ses plus bas historiques. Les matières premières sont effectivement de plus en plus prisées des investisseurs, en raison de la hausse de leurs cours mais aussi parce qu’elles ont tendance à évoluer différemment des actions et des obligations, ce qui facilite la diversification des placements. Les capitaux investis en pariant à la hausse sur les indices de matières premières représentaient ainsi 120 milliards de dollars au deuxième trimestre 2007, un montant en hausse de 50 % sur un an, selon les statistiques d’AIG Financial Products. Plus récemment, les turbulences sur les marchés des actions et de la dette ont aussi favorisé les flux d’investissement vers le pétrole. « Le pétrole brut a bénéficié de la diversification de certains fonds détournés d’autres destinations pendant la récente période d’incertitude sur les marchés financiers », explique dans une note Helen Henton, responsable de la recherche matières premières de Standard Chartered.
Les fluctuations du dollar influencent depuis longtemps celles des prix du pétrole et d’autres matières premières, mais la faiblesse actuelle du billet vert peut aussi s’expliquer par une remise en cause de la relation entre sa valeur et celle de l’or noir.
Les prix sur les marchés pétroliers et ceux des métaux, précieux ou non, sont généralement fixés en dollars et ils ont...