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REPORTAGE - Les travailleurs émigrés peuvent manger gratuitement à leur faim pendant tout le mois Les « restos du cœur » du ramadan, une aubaine pour les Asiatiques aux Émirats arabes unis

Mal nourris et sous-payés, les travailleurs asiatiques à Dubaï, comme ailleurs aux Émirats arabes unis, peuvent manger à leur faim et gratuitement pendant tout le mois du ramadan. Dès l’appel à la prière marquant la rupture du jeûne musulman, des centaines d’hommes, en grande majorité originaires de pays du Sud-Est asiatique, rassemblés sous un chapiteau dressé près d’une mosquée dans un quartier chic de Dubaï, se voient servir des repas offerts par des agences caritatives ou des bénévoles. Assis à même le sol, des ouvriers, parfois en bleu de travail, des jardiniers, des chauffeurs de taxi mais aussi des techniciens mangent avec leurs doigts du poulet accompagné de riz, après avoir rompu le jeûne avec des dattes et du lait, comme le veut la tradition. De l’eau minérale ou du jus de fruits, ainsi qu’une orange ou une pomme complètent le menu, servi sur des tapis couvrant le sol. « C’est un repas complet. Je m’en réjouis. Autrement, j’aurais dû me contenter d’un casse-croûte comme dîner après une journée de jeûne » particulièrement éprouvante en ce mois de septembre où la température atteint encore 40 degrés Celsius, explique Mazhar, un Indien de 31 ans originaire de Bombay. À l’instar de cet employé d’une société de maintenance, Chafiq, un jardinier pakistanais, chétif et l’air fatigué, vient quotidiennement sous le chapiteau depuis le début du ramadan, le 13 septembre, en compagnie de compatriotes. « Nous mangeons à notre faim et les plats sont variés », dit-il, expliquant toutefois qu’il s’ennuie de sa famille, restée au pays en raison du coût de la vie aux Émirats, trop élevé pour les salaires les plus bas, ceux de la plus grande partie des travailleurs étrangers. Un ouvrier travaillant sur l’un des nombreux chantiers de construction de Dubaï gagne en moyenne 200 USD mensuels. Durant ce mois d’abstinence, conçu aussi comme un mois de solidarité et de concorde, les familles se réunissent autour d’un « iftar » (repas de rupture du jeûne) et visitent proches et amis pour de longues soirées. De multiples organisations caritatives, mises en place par de hauts responsables émiratis, le Croissant-Rouge et des bénévoles, généralement des hommes d’affaires, rivalisent de générosité. Des messages publicitaires annoncent depuis des semaines dans la presse locale les programmes de charité pour le ramadan, une situation que l’on retrouve dans les autres monarchies pétrolières du Golfe. À lui seul, le Croissant-Rouge émirati a prévu de distribuer durant le ramadan « plus d’un million de repas dans une centaine de lieux », conçus comme des « restos du cœur », à travers les sept émirats qui composent la fédération des Émirats arabes unis, affirme son directeur de l’information, Abderrahman Tenaiji. Cette contribution se chiffre à 11,36 millions de dirhams (plus de 3 millions USD), précise-t-on au siège de cet organisme à Abou Dhabi. Rien qu’à Dubaï, quelque 10 000 repas sont servis quotidiennement, selon le chef de l’antenne locale du Croissant-Rouge, Mohammad al-Haj Zaroni, soulignant qu’ils sont proposés « aux musulmans, pratiquants ou pas, mais aussi aux non-musulmans ». « Nos tentes sont ouvertes à tous ceux qui s’y présentent sans aucune distinction et quelle que soit leur appartenance confessionnelle. » Les tables sont généralement installées à proximité d’une mosquée, voire à l’intérieur, et ceux qui en bénéficient sont souvent des fidèles qui, après avoir rompu le jeûne, se rendent dans la salle de prière. Le Croissant-Rouge émirati consacre une enveloppe de 17 millions de dirhams (plus de 4,6 millions USD) à ces actions caritatives dans 52 pays durant le ramadan, notamment « en Palestine et en Irak, où on en dépense le tiers », selon M. Tenaiji. Taïeb MAHJOUB (AFP)
Mal nourris et sous-payés, les travailleurs asiatiques à Dubaï, comme ailleurs aux Émirats arabes unis, peuvent manger à leur faim et gratuitement pendant tout le mois du ramadan.
Dès l’appel à la prière marquant la rupture du jeûne musulman, des centaines d’hommes, en grande majorité originaires de pays du Sud-Est asiatique, rassemblés sous un chapiteau dressé près d’une...