L’Iran a de nouveau été montré du doigt ce week-end en Afghanistan avec la saisie, pour la deuxième fois en un mois, près de la frontière, d’armes produites dans ce pays détenues par les talibans. Samedi dernier, une quarantaine de mines et de grenades de fabrication iranienne ou chinoise conservées dans un véhicule abandonné par les rebelles ont été découvertes par la police dans la province frontalière d’Herat, selon les autorités. Des roquettes montrées aux journalistes portaient un sigle de l’Iran. Des soldats de l’OTAN déployés en Afghanistan ont saisi le 6 septembre dans la province de Farah, frontalière de l’Iran et d’Herat, d’importantes quantités d’armes iraniennes, russes et chinoises, apparemment destinées aux talibans. Washington a montré du doigt Téhéran qu’il accuse de soutenir les talibans, engagés dans une insurrection sanglante contre le pouvoir du président Hamid Karzaï et les 50 000 soldats étrangers qui le soutiennent, ce que l’Iran dément. Le chef adjoint de la police des frontières pour l’ouest de l’Afghanistan, Samowal Hamidullah, déclarait ces derniers jours à une journaliste de l’AFP avoir de nombreux problèmes à la frontière iranienne. « Il y a 20 postes-frontières avec l’Iran et un avec le Turkménistan » dans la zone sous son contrôle. « Nous n’avons pas de problèmes avec le Turkménistan, tous les ennuis nous viennent des passages avec l’Iran », a-t-il déclaré dans un entretien à Herat. « Il y a beaucoup d’entrées illégales des deux côtés », a concédé le haut responsable, et des saisies « en tout genre », dont armes et drogue, surtout que la production d’opium afghan a bondi de 34 % cette année. Les deux voisins partagent une frontière poreuse, difficile à surveiller sur la totalité de ses 928 km. Les experts jugent relativement facile pour les trafiquants d’échapper à la surveillance des autorités frontalières à travers les zones quasi désertiques, plaines ou collines. « Selon nos services de renseignements, des armes nous viennent d’Iran », a indiqué M. Hamidullah, se gardant d’accuser le gouvernement de Téhéran. « Nos agents nous donnent des informations depuis les zones iraniennes », mais ils « ignorent si c’est Téhéran » qui les aide. Évoquant la saisie d’armes de début septembre, le général américain Dan McNeill, chef de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF, dirigée par l’OTAN), était également prudent. « L’origine géographique de ce convoi était indiscutablement l’Iran, mais notez bien que je n’ai pas dit qu’il s’agissait du gouvernement iranien », a-t-il récemment déclaré à l’AFP. Sous le régime des talibans, de 1996 à leur renversement par une coalition dirigée par Washington fin 2001, l’Iran a soutenu leurs principaux opposants, l’Alliance du Nord du commandant Massoud, ne serait-ce qu’à cause de l’opposition frontale du sunnisme wahhabite des talibans au chiisme iranien. Mais certains aux États-Unis jugent que Téhéran veut déstabiliser son voisin, et à travers lui son allié américain, en armant les talibans. Ce serait une des réponses de l’Iran aux menaces répétées de la Maison-Blanche à propos de son programme nucléaire.