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Actualités - ANALYSE

LA situation - Joumblatt : « S’il y avait une initiative, celle-ci a été assassinée avec Antoine Ghanem » L’élimination violente de l’un de ses membres braque la majorité

«Quels que soient la capacité de nuisance et le caractère criminel du régime syrien et de ses alliés, nous ne nous mettrons pas à genoux. Nous nous rendrons, démocratiquement, au rendez-vous constitutionnel, et nous dirons oui à un Liban souverain, libre et indépendant, tout comme le peuple du Liban s’est mis debout le 14 mars 2005. Mais nous ne nous mettrons pas à genoux. Que ceux qui sont à Damas et leurs alliés ne croient pas une seconde que nous nous agenouillerons. Même s’ils réussissent à assassiner de nouveaux députés, ils ne parviendront pas à mettre à genoux la volonté de vie d’un peuple digne et libre. Un peuple qui souhaite vivre dans la liberté et la dignité ne pliera pas. » Ces paroles de colère et de détermination, c’est Walid Joumblatt qui les a prononcées, hier, dans une réponse rapide à une question que lui avait adressée une journaliste de télévision. Et le chef de la Rencontre démocratique d’ajouter : « S’il y avait une initiative, celle-ci a été assassinée avec Antoine Ghanem. Je dis bien s’il y avait réellement une initiative. » Quelques heures plus tôt, M. Joumblatt avait reçu un appel téléphonique du président de la Chambre, Nabih Berry, qui lui présentait ses condoléances pour la disparition tragique d’un député de son bloc parlementaire. M. Berry avait fait le même geste, la veille, à l’égard du chef du Courant du futur, Saad Hariri. Le fera-t-il avec M. Samir Geagea, dont on attend une importante déclaration aujourd’hui ? Selon des sources proches du président de la Chambre, ce dernier tente d’en amortir l’onde de choc et les répliques du séisme provoqué par l’assassinat d’Antoine Ghanem, et de relancer le processus qu’il avait enclenché le 2 septembre et qui se résume comme suit : l’opposition renonce à la formation d’un gouvernement d’union nationale avant l’échéance présidentielle, la majorité s’engage à accepter que le président soit élu à la majorité des deux tiers des voix du Parlement et renonce ainsi à son droit de le faire élire à la majorité absolue, au second tour. Un marché de dupes en vertu duquel l’opposition renonce à ce qu’elle n’a jamais pu obtenir et la majorité à un droit que lui reconnaît la Constitution. En relançant son initiative, en reprenant les choses là où l’assassinat d’Antoine Ghanem les avait laissées (rencontre avec Saad Hariri, visite à Bkerké), M. Berry sait pouvoir compter, jusqu’à nouvel ordre, sur le soutien des Arabes et de la communauté internationale. Mais M. Joumblatt semble douter de la sincérité de l’initiative d’entente de M. Berry. Il n’est pas loin de penser que l’assassinat d’Antoine Ghanem est une forme de chantage à la violence destinée à « mettre à genoux » la majorité, à la pousser (et à pousser avec elle la communauté internationale) à la résignation. Une résignation qui lui ferait accepter un président « consensuel », c’est-à-dire agréé par l’opposition, comme un moindre mal. De fait, l’assassinat d’Antoine Ghanem prouve que la machine à tuer continue de fonctionner, implacablement, avec ou sans initiative d’entente, et que cette initiative pourrait n’être, en définitive, qu’une espèce de diversion destinée à anesthésier la majorité, dont on réduit entre-temps le nombre à la voiture piégée. Ce que laisse entendre M. Joumblatt, et avec lui les ténors du 14 Mars, c’est que si, pour prouver sa bonne foi, la majorité devait faire semblant de jouer le jeu et de croire à la sincérité de l’initiative de M. Berry, cette affectation n’est plus de mise après l’assassinat d’Antoine Ghanem. C’est aussi l’opinion, semble-t-il, du bloc parlementaire de Tripoli formé des députés Mohammad Safadi, Maurice Fadel, Mohammad Kabbara et Kassem Abdel-Aziz. Après s’être engagés, à La Celle-Saint-Cloud, à n’assister qu’à une réunion parlementaire où le quorum des deux tiers serait assuré, le bloc a fait savoir, hier, qu’il ne se considère plus tenu par cet engagement, après l’assassinat de Ghanem, la position de M. Safadi restant plus nuancée que celle de ses collègues. Conséquence pratique, la majorité – qui n’en était plus une, puisque la défection des quatre députés l’avait réduite à 64 membres – s’est reformée et existe à nouveau. Ce durcissement de la majorité sera-t-il bien accueilli par la communauté internationale, et en particulier par une France qu’on dit plus prête à composer que les autres ? La réponse à cette question est venue hier d’une source diplomatique à Beyrouth, qui a démenti les rumeurs relatives à une possible rencontre entre le chef du Quai d’Orsay et son homologue syrien, Walid Moallem, en marge des travaux de l’Assemblée générale de l’ONU. La position de la France est inchangée, a affirmé cette source. La fin de l’isolement international de la Syrie est lié à un changement de sa conduite au Liban. On attend la suite... Fady NOUN
«Quels que soient la capacité de nuisance et le caractère criminel du régime syrien et de ses alliés, nous ne nous mettrons pas à genoux. Nous nous rendrons, démocratiquement, au rendez-vous constitutionnel, et nous dirons oui à un Liban souverain, libre et indépendant, tout comme le peuple du Liban s’est mis debout le 14 mars 2005. Mais nous ne nous mettrons pas à genoux. Que ceux...