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Actualités - CHRONOLOGIE

L’attentat de Sin el-Fil pourrait inciter les députés à accélérer la réalisation d’un consensus sur la présidentielle Quatre objectifs présumés derrière l’assassinat d’Antoine Ghanem Philippe ABI-AKL

La sonnette d’alarme avait été tirée déjà à plusieurs reprises au cours des dernières semaines. Plusieurs responsables politiques et observateurs locaux avaient en effet mis en garde à diverses occasions contre une reprise des assassinats politiques et des attentats terroristes à l’approche de l’échéance présidentielle. L’explosion qui s’est produite mercredi après-midi à Sin el-Fil et qui a coûté la vie au député Kataëb Antoine Ghanem ainsi qu’à cinq autres personnes a malheureusement apporté la preuve que ces pronostics alarmistes n’étaient pas totalement infondés. Les supputations vont évidemment bon train au sujet des objectifs et de l’identité des commanditaires de cet attentat terroriste. D’ores et déjà, certains analystes émettent l’hypothèse que l’assassinat d’Antoine Ghanem pourrait peut-être inciter les députés et les principaux pôles, aussi bien de la majorité que de l’opposition, à accélérer les démarches entreprises à plus d’un niveau afin d’aboutir sans délai à un consensus sur le choix du nouveau président de la République. Les jours qui viennent permettront, en toute vraisemblance, de déterminer si cette perception de la situation présente est oui ou non fondée. Mais il reste que certains milieux locaux estiment que l’attentat terroriste de Sin el-Fil pourrait avoir pour but de réaliser quatre objectifs présumés. Le premier de ces objectifs pourrait être de torpiller purement et simplement l’élection d’un président de la République sur une base consensuelle en ravivant les passions, en créant un climat de tension, en entraînant le pays sur la voie des surenchères et des polémiques fiévreuses, de manière à couper la route à toute velléité ou possibilité d’entente interne sur le dossier de la présidentielle, de manière à maintenir une atmosphère de discorde sur la scène politique locale. Preuve en est que ce nouvel assassinat a rapidement provoqué une polémique entre certains responsables du 14 Mars et de l’opposition, notamment aouniste. Le deuxième objectif que se seraient fixé les commanditaires de cet attentat serait de court-circuiter les efforts qui étaient déployés ces derniers jours afin de rétablir les ponts entre les principaux pôles de l’échiquier local. Une réunion était ainsi prévue cette semaine à Bkerké entre le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, et le chef du Législatif, Nabih Berry, ainsi qu’entre celui-ci et le chef du Courant du futur, Saad Hariri. Ces entretiens devaient avoir comme toile de fond l’initiative du président de la Chambre visant à relancer le dialogue, en vue d’un consensus sur le dossier de la présidentielle, entre le 14 Mars, soutenu par la communauté internationale et la Ligue arabe, et le camp du 8 Mars, allié à l’axe syro-iranien. Troisième objectif qui aurait été recherché par les assassins : faire échec, précisément, à l’initiative du chef du Législatif qui avait reçu l’aval (du moins public), non seulement de la quasi-totalité des fractions politiques locales, mais également des principaux acteurs régionaux et internationaux qui planchent avec persévérance depuis plusieurs mois sur le dossier de la crise libanaise. Pas plus tard qu’il y a quelques jours, le roi d’Arabie saoudite, Abdallah ben Abdel Aziz, avait d’ailleurs souligné son appui à l’initiative Berry, mettant l’accent sur la nécessité de favoriser une entente entre les Libanais dans la perspective de l’élection d’un nouveau chef de l’État. Il reste qu’en dépit de l’attentat de Sin el-Fil, le président de la Chambre a tenu à souligner qu’il est déterminé à aller de l’avant dans son initiative de conciliation. Enfin, le quatrième objectif présumé de l’attentat terroriste du 19 septembre serait de créer un climat de tension au sein de la rue chrétienne. L’assassinat d’un second député Kataëb, après le meurtre du ministre et député Pierre Gemayel en novembre 2006, ne pouvait qu’aggraver les tensions interchrétiennes qui avaient été déjà ravivées lors du scrutin partiel du Metn, en août dernier. Le but, cynique, étant de provoquer sur le terrain une discorde, voire des incidents, entre factions chrétiennes plutôt que de prendre le risque d’un dangereux dérapage entre sunnites et chiites. Les commanditaires de la série d’assassinats politiques et d’attentats terroristes dont le pays est le théâtre depuis octobre 2004 – date de l’attentat qui avait visé le ministre Marwan Hamadé – n’épargnent ainsi aucun effort pour déstabiliser le Liban. Mais les milieux politiques locaux soulignent qu’il existe malgré tout une volonté certaine, au plan libanais, de paver la voie à l’élection présidentielle, de manière à faire échec au complot qui plonge le pays du Cèdre dans la tourmente depuis que la communauté internationale a décidé d’aider le Liban à recouvrer son indépendance et sa souveraineté.
La sonnette d’alarme avait été tirée déjà à plusieurs reprises au cours des dernières semaines. Plusieurs responsables politiques et observateurs locaux avaient en effet mis en garde à diverses occasions contre une reprise des assassinats politiques et des attentats terroristes à l’approche de l’échéance présidentielle. L’explosion qui s’est produite mercredi après-midi à...