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Nucléaire - La Russie et la Chine inquiètes des menaces d’intervention militaire À Moscou, Kouchner appelle à « négocier sans relâche » pour « éviter la guerre » avec l’Iran

Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a dénoncé hier à Moscou une « manipulation » de la presse qui aurait mal compris ses déclarations sur les risques de guerre avec l’Iran et a appelé à la « négociation sans relâche » et à des « sanctions » pour éviter « la guerre ». De son côté, la Russie s’est dit inquiète après l’évocation d’un scénario militaire à l’encontre de l’Iran. «Comme d’habitude avec les journalistes, ils prennent une phrase et on ne sait pas ce qu’on a dit après », a critiqué le ministre français des Affaires étrangères sur l’antenne de la station de radio Écho de Moscou, au terme d’une visite de deux jours à Moscou. « On m’a posé la question : “Cela veut dire quoi s’attendre au pire ?” J’ai dit le pire ce serait la guerre, je n’ai pas dit le mieux ce serait la guerre », s’est défendu le ministre français. « On dit : Bernard Kouchner veut la guerre, mais ce n’est pas vrai. C’est une manipulation. Je ne veux pas la guerre, je veux la paix », a martelé M. Kouchner. Le chef de la diplomatie française a déclenché une vague d’inquiétudes et de critiques en déclarant dimanche que le monde devait se « préparer au pire », c’est-à-dire à la guerre avec l’Iran. Arrivé lundi soir dans la capitale russe, il a rencontré hier matin son homologue Sergueï Lavrov. Si les deux hommes ont montré une bonne entente sur le plan personnel, ils n’ont pas pu cacher leurs divergences sur le dossier nucléaire iranien. « La Russie s’inquiète devant les multiples informations selon lesquelles des actions militaires sont sérieusement envisagées contre l’Iran », a réagi M. Lavrov. Le ministre russe a mis en garde contre les « conséquences possibles » d’une telle opération dans la région, en renvoyant au précédent de l’intervention américaine en Irak. Il a également rappelé que l’accord trouvé dans le dossier nucléaire nord-coréen montrait qu’une solution était possible si toutes les parties faisaient des efforts. Tout comme la Russie, la Chine, autre membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, s’est élevée contre les « menaces incessantes » d’intervention militaire en Iran. « Tout doit être fait pour éviter la guerre (...). Il faut négocier, négocier, négocier, sans relâche, sans crainte de rebuffade », a déclaré M. Kouchner en répétant qu’il privilégiait le processus diplomatique. « J’ai dit que le pire serait la guerre (...). On ne peut pas faire plus pacifique (que moi) mais il ne faut pas se voiler la face », a-t-il toutefois ajouté, réitérant ainsi que la guerre serait l’ultime issue, selon lui, si des sanctions se révélaient insuffisantes pour convaincre Téhéran de suspendre son programme nucléaire. M. Lavrov s’est prononcé contre des sanctions unilatérales, en dehors du cadre de l’ONU, suggérées notamment par M. Kouchner au niveau de l’Union européenne (UE). « Si nous nous sommes mis d’accord pour travailler collectivement, dans le cadre du Conseil de sécurité de l’ONU, à quoi bon des sanctions unilatérales ? » s’est-il demandé. Le ministre russe a appelé dans l’intervalle à poursuivre les « négociations avec l’Iran » et souhaité une reprise « au plus vite » des contacts entre le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranien, Ali Larijani, et le représentant de l’UE pour la politique étrangère, Javier Solana. Notant des divergences avec son homologue russe, M. Kouchner a insisté sur la nécessité de nouvelles sanctions afin de montrer à l’Iran la détermination de la communauté internationale et de pousser ce pays à revenir sur son programme d’enrichissement d’uranium. Les sanctions montrent « le sérieux, l’intérêt que nous attachons à la résolution pacifique du problème », a-t-il dit. Le diplomate en chef de l’UE, Javier Solana, a refusé pour sa part hier de se prononcer sur l’adoption d’éventuelles sanctions contre l’Iran hors du cadre de l’ONU, soulignant qu’aucune proposition n’avait été présentée de manière formelle. Enfin, dans un nouveau geste de défi, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré qu’il ne prenait « pas au sérieux » les déclarations de M. Kouchner, dans la droite ligne de celles tenues fin août par le président français Nicolas Sarkozy.
Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a dénoncé hier à Moscou une « manipulation » de la presse qui aurait mal compris ses déclarations sur les risques de guerre avec l’Iran et a appelé à la « négociation sans relâche » et à des « sanctions » pour éviter « la guerre ». De son côté, la Russie s’est dit inquiète après l’évocation d’un scénario...