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Défense - Accord pour l’achat de 72 avions Eurofighter Après l’arrêt d’une enquête britannique, Londres et Ryad signent un contrat d’armement

Le contrat signé hier entre l’Arabie saoudite et le Royaume-Uni pour l’achat de 72 Eurofighter Typhoon a été obtenu neuf mois après l’arrêt d’une enquête judiciaire gênante visant des officiels saoudiens lors du précédent contrat al-Yamamah signé en 1985. «Les deux gouvernements ont signé (...) le contrat pour l’acquisition des (72) avions, d’une valeur de 4,430 milliards de livres sterling (8,85 mds USD) », a déclaré un porte-parole du ministère saoudien de la Défense dans un communiqué publié par l’agence officielle SPA. La signature intervient près de deux ans après avoir fait l’objet d’un « Mémorandum d’entente » entre Ryad et Londres en décembre 2005, un délai qui aura donné au gouvernement britannique le temps d’apaiser un problème de justice désagréable pour les autorités saoudiennes. Durant toute l’année 2006, en effet, la presse britannique, surtout le Guardian, a égrené les découvertes faites par le Serious Fraud Office (SFO), le service de répression de la grande délinquance financière, sur les commissions dont auraient bénéficié des Saoudiens lors de la conclusion du contrat de 1985, portant sur des avions de chasse Tornado. Le prince Bandar ben Sultan, actuel secrétaire général du Conseil de sécurité nationale saoudien et ancien ambassadeur à Washington, en aurait été le principal bénéficiaire, selon les journaux. Fin novembre 2006, BAE Systems, le groupe de défense britannique qui fournira les avions, avait indiqué que les négociations « piétinaient » avec les Saoudiens, sans dire pourquoi. Au même moment, des membres du ministère de la Défense britannique exprimaient sous couvert d’anonymat la crainte que les Saoudiens n’envisagent de se tourner vers le Rafale français pour le contrat. Le 14 décembre dernier se produisait un coup de tonnerre, avec l’annonce de la fin de l’enquête du SFO, à la demande de l’ancien Premier ministre Tony Blair en personne. Plusieurs fois par la suite, et malgré les « graves inquiétudes » exprimées par l’OCDE sur cette affaire, M. Blair a justifié sa décision, arguant notamment de la bonne coopération antiterroriste avec Ryad. Les différents acteurs ont beaucoup joué sur les mots dans cette affaire. BAE Systems a toujours démenti toute malversation, mais en se retranchant derrière la « confidentialité d’un contrat conclu entre gouvernements » pour éviter d’en dire plus. Dans un courrier au SFO publié par la presse, elle évoque cependant les « services d’assistance fournis à des officiels saoudiens » dans le cadre du contrat al-Yamamah. Le prince Bandar, qui aurait ainsi perçu de BAE Systems deux milliards de dollars et un Airbus A340 tout équipé, a démenti toute illégalité, mais reconnu que des « sommes » avaient été payées par BAE sur des comptes du ministère saoudien de la Défense et de l’Aviation (MODA), sur lesquels il avait la signature, « pour des objectifs approuvés par le MODA ». Ce qui ne veut pas dire qu’il n’en a pas bénéficié directement. Le prince Bandar a toujours affiché une attitude fataliste dans ces affaires. En 2001, interrogé par une télévision américaine, il avait clairement reconnu que des sommes étaient soustraites sur l’ensemble des contrats avec l’Arabie saoudite, ajoutant : « Et alors ? Nous n’avons pas inventé la corruption. » Depuis, pour répondre aux critiques, BAE Systems a installé un comité d’éthique sur ses pratiques. Mais celui-ci n’aura pas pour mission d’enquêter sur les contrats saoudiens « confidentiels ». BAE est cependant, depuis fin juin, sous le coup d’une enquête aux États-Unis sur sa manière de respecter les lois anticorruption, qui comprend une étude de ses activités en Arabie saoudite. Cela ne l’a pour l’instant pas empêché de continuer à faire des affaires florissantes outre-Atlantique.
Le contrat signé hier entre l’Arabie saoudite et le Royaume-Uni pour l’achat de 72 Eurofighter Typhoon a été obtenu neuf mois après l’arrêt d’une enquête judiciaire gênante visant des officiels saoudiens lors du précédent contrat al-Yamamah signé en 1985.
«Les deux gouvernements ont signé (...) le contrat pour l’acquisition des (72) avions, d’une valeur de 4,430 milliards...