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Actualités - REPORTAGE

REPORTAGE À Soueida, les retrouvailles entre druzes israéliens, libanais et syriens

« Je suis heureux de rencontrer mes proches en Syrie après des décennies de rupture », affirme cheikh Hani Zweihid, un religieux druze israélien, venu à Soueida (Sud) avec plus de 500 de ses coreligionnaires d’Israël et du Golan syrien occupé par l’État hébreu. Depuis jeudi dernier, la délégation de 528 personnes se trouve en Syrie dans le cadre d’un pèlerinage religieux. Elle en a profité pour prolonger sa visite alors qu’Israël n’avait accordé qu’une autorisation de trois jours. Devant l’imposant mausolée érigé à la mémoire des martyrs druzes de la révolution syrienne (1925-1927) contre le mandat français, les visiteurs vont et viennent, vêtus d’habits traditionnels druzes. Les plus âgés se recueillent avec émotion sur le tombeau du chef druze de la révolution, Sultan Pacha al-Atrache, un symbole qui fait la fierté des Syriens, affirmant l’avoir connu avant la création d’Israël en 1948. Depuis cette date, ils vivent « enfermés dans les frontières de l’État juif », affirme cheikh Zweihid, originaire du village de Beit Jin (Haute Galilée). Les plus jeunes font connaissance avec leurs cousins syriens et libanais venus pour l’occasion. Munis de caméras, de carnets, de téléphones cellulaires, ils échangent coordonnées et adresses électroniques, se promettant de garder le contact après leur retour en Israël. « Damas et Tel-Aviv sont en état de guerre, mais pour nous, druzes palestiniens (d’Israël), la Syrie représente notre appartenance arabe. La moitié de ma famille y réside et personne n’a le droit de nous interdire de nous rencontrer », affirme cheikh Mehsen Abou Hamid, un dignitaire religieux venu de Haute Galilée. Les druzes, une population de montagnards de près d’un million de personnes, sont répartis entre la Syrie, le Liban et Israël et maintiennent des contacts étroits malgré les frontières qui les séparent. Conquis par l’État hébreu en 1967 et annexé en 1981, le plateau du Golan abrite plus de 18 000 Syriens, en majorité druzes. Ils ont refusé dans leur grande majorité de prendre la nationalité israélienne. Pour les druzes syriens du Golan, cette visite, organisée tous les ans, est donc l’occasion de retrouvailles pour les familles séparées par la ligne de démarcation syro-israélienne depuis 1967. « Je suis venu voir ma fille qui vit en Syrie avec son mari », affirme cheikh Abou Zaher, du village de Majdal Chams au Golan, impatient de faire connaissance avec son petit-fils, âgé de trois ans. Pour cheikh Hammoud Hinnawi, chef spirituel de la communauté druze de Syrie, « cette rencontre est la preuve d’une solidarité qui transcende les frontières, et un reflet de notre identité arabe dont nous sommes fiers ». Farouches nationalistes arabes, réputés pour leurs qualités guerrières, ils ont joué un rôle politique de premier plan dans leurs pays respectifs. En Israël, une partie des druzes a intégré l’armée et fait partie des redoutables gardes-frontières. Un mouvement, présidé par le député druze israélien Saïd Naffaa, mène depuis plusieurs années une campagne pour le refus du service militaire. « Nombreux sont les druzes de Palestine (Israël) qui refusent de servir dans l’armée israélienne et nous œuvrons pour que ce refus se généralise », déclare M. Naffaa, également vice-président du Rassemblement national démocratique (RND) de l’ancien député arabe israélien Azmi Béchara. « Le colonialisme nous a divisés et a imposé des frontières artificielles entre nous. Si nous n’arrivons pas aujourd’hui à éliminer ces frontières artificielles, nous sommes certains que les générations futures le feront et réaliseront l’unité arabe à laquelle nous aspirons », estime le député.
« Je suis heureux de rencontrer mes proches en Syrie après des décennies de rupture », affirme cheikh Hani Zweihid, un religieux druze israélien, venu à Soueida (Sud) avec plus de 500 de ses coreligionnaires d’Israël et du Golan syrien occupé par l’État hébreu.
Depuis jeudi dernier, la délégation de 528 personnes se trouve en Syrie dans le cadre d’un pèlerinage religieux....