Actualités
Maroc Le PJD a raté le coche par son incapacité à élargir son assise sociale
le 11 septembre 2007 à 00h00
L’incapacité des islamistes modérés du Parti justice et développement (PJD) à élargir leur assise géographique et sociale les a empêchés d’assouvir leur ambition de devenir la première force politique du Maroc, estiment les experts. Selon les résultats définitifs des élections législatives de vendredi, ils ont obtenu 13,56 % des voix. Ils se maintiennent dans les grandes villes, mais sont toujours inexistants dans les campagnes et totalement absents au Sahara occidental et dans la région de Marrakech. Le vote du 7 septembre s’est déroulé au scrutin direct de liste à la proportionnelle. Les électeurs ont élu 295 députés dans 95 circonscriptions et 30 femmes députées dans une « liste nationale » séparée.
Les dirigeants du PJD ont mis sur le dos de leurs adversaires leur contre-performance qui va, selon toute vraisemblance, les obliger à rester dans l’opposition. « Ils ont utilisé l’argent et les notables pour gagner », a affirmé le numéro deux du parti Lahcen Daoudi. Mais pour les experts, les raisons sont plus profondes. « Le PJD n’a pas mordu dans les classes populaires et est toujours incapable de prendre pied dans le monde rural attaché à un islam très populaire, quadrillé par les notables et habitué au clientélisme », a expliqué Mohammad Tozi, professeur de sciences politiques à Casablanca. « Il est donc resté un parti de la classe moyenne, mais cette dernière n’est pas extensible. Il doit y partager son influence avec les socialistes de l’USFP et l’Istiqlal », a-t-il ajouté. En outre, « son ascension a été freinée car il a mis en avant ses cadres technocrates au détriment des idéologues réformateurs de l’islam qui séduisent la jeunesse et des clercs qui plaisent aux conservateurs ».
Pour sa part, le sociologue Abderraziq Elassir constate que « le PJD n’a pas su développer de stratégie pour attirer l’électorat ». « Les autres partis ont su utiliser le clientélisme et les votes personnels car au Maroc on vote en fonction des tribus, des régions et surtout des personnes », a déclaré cet universitaire. « Ils pensaient gagner avec la morale et la religion, mais ils font connaissance avec la dure réalité de l’argent et du pouvoir diffus. À la Bourse de la politique, les valeurs changent et se vendent », note Mohsine el-Ahmadi, professeur de sociologie des religions à Marrakech.
Pour l’association al-Adl wal Ihssane (Justice et bienfaisance), considérée comme l’organisation islamiste la plus influente et qui a préconisé le boycottage, « le PJD va passer un cap difficile, certains se radicaliseront et d’autres iront voir ailleurs ». « Ils ne manquent ni de bonne volonté ni de désir de changer le pays, mais nous leur avons répété que cela ne passe pas par le nombre de sièges au Parlement », a expliqué Nadia Yassine, une dirigeante de cette association qui associe mysticisme musulman et action politique.
Sammy KETZ (AFP)
L’incapacité des islamistes modérés du Parti justice et développement (PJD) à élargir leur assise géographique et sociale les a empêchés d’assouvir leur ambition de devenir la première force politique du Maroc, estiment les experts. Selon les résultats définitifs des élections législatives de vendredi, ils ont obtenu 13,56 % des voix. Ils se maintiennent dans les grandes villes,...
Les plus commentés
BDL : le jeu dangereux de Joseph Aoun
Naïm Kassem : La résistance continue par sa présence et sa sagesse
Législatives et Sénat au Liban : ce qu'il faut savoir sur les propositions de loi de Hassan Khalil