Un gouvernement, deux gouvernements, un président, deux présidents, une chape militaire pour renvoyer tout ce joli monde dos à dos, les scénarios...
Actualités - OPINION
Un interdit : le boycottage
Par Nagib AOUN, le 10 septembre 2007 à 00h00
La danse du scalp autour d’un volcan, la danse de Saint-Guy au bord d’un précipice et en survol, comme un nuage qui passe, des appels à la raison qui se perdent dans le désert, dans le vide des consciences, du sens des responsabilités.
Un gouvernement, deux gouvernements, un président, deux présidents, une chape militaire pour renvoyer tout ce joli monde dos à dos, les scénarios prolifèrent comme des tumeurs malignes, se fraient un chemin insidieux comme une traînée de poudre, vers les catastrophes annoncées.
Une jubilation dans l’agencement du désastre, une curée générale vers les miettes d’un pouvoir qu’on aura fini de disloquer, d’achever à coups d’arguments contraires, d’interprétations antagonistes.
Et la Constitution, me diriez-vous, celle qui garantit la pérennité des institutions, le respect des lois, la préservation des échéances capitales ? Galvaudée, dépecée, sans cesse reformulée pour servir les desseins des uns, les ambitions des autres.
Une forfaiture où le citoyen, pris à témoin, donne un blanc-seing forcé : le revolver sur la tempe ou piégé par un populisme qui annihile raison et bon sens. Un bon sens qui, en d’autres temps mais sous les mêmes cieux, avait réussi l’impossible : la révolution du 14 Mars. C’était bien avant que les loups ne reviennent dans la bergerie, bien avant que les politicards ne reprennent du poil de la bête, n’implosent une unanimité devenue, de leur fait, une vue de l’esprit.
La présidentielle, ne l’oublions pas, concerne les chrétiens en premier lieu, les maronites au plus haut chef. Que le patriarche Sfeir soit au centre de toutes les sollicitations, que son opinion soit instamment requise, il n’y a là rien d’étonnant. Il est la conscience de l’Église maronite, la conscience de la nation lorsque celle-ci est en péril. Et ses avertissements répétés sonnent comme autant de remontrances adressées à ceux-là mêmes qui se bouchent les oreilles, qui se calfeutrent dans un autisme qui tombe bien à point.
Au-delà de la polémique sur le quorum requis et des interprétations circonstancielles qu’on en fait, le patriarche a clairement défini les priorités : élection dans les délais constitutionnels en présence de TOUS les députés, la situation dramatique du pays ne tolérant aucun boycottage, synonyme de chaos.
En clair, la question du quorum, deux tiers ou moitié plus un, devient oiseuse, un faux problème, les parlementaires, représentants du peuple qui les a élus, se devant impérativement d’assister à la séance électorale, faute de quoi les absents, les députés chrétiens surtout, seront tenus pour responsables du désastre qui pourrait s’ensuivre.
Pour le maître de Bkerké, l’autre interdit porte sur le mandat présidentiel : il est de six ans et devra le rester. Amender la Constitution pour un mandat transitoire de deux ans est inacceptable parce que cela ouvrirait la voie à des velléités de prorogation dont le pays ferait une nouvelle fois les frais et achèverait de discréditer la fonction présidentielle.
Il y a plusieurs années de cela, sous le mandat Hraoui, le regretté Rafic Hariri avait tenu à rencontrer l’équipe de L’Orient-Le Jour, dont l’auteur de ces lignes, pour essayer de comprendre pourquoi sa gestion des affaires publiques était si souvent critiquée par le journal. Il avait tenu à s’expliquer, à défendre sa politique, un même leitmotiv revenait dans son discours : rétablir la confiance dans le pays, dans ses institutions, enrayer l’exode des Libanais, des chrétiens surtout, « sans lesquels le Liban perdrait sa vocation, son essence de pays pluriel, ouvert sur le monde ».
Hariri avait alors mis en garde contre une dérive qui amènerait les militaires au pouvoir. Remarque prémonitoire : Émile Lahoud pointait déjà le bout de son nez.
Les années ont passé, Élias Hraoui a disparu, Rafic Hariri aussi et Lahoud a allègrement prorogé son mandat, nous menaçant de nouvelles « mesures salvatrices ». L’exode chrétien, entre-temps, se poursuit, une saignée cyniquement entretenue par ceux-là mêmes qui affirment se battre pour sortir les chrétiens de leur découragement, ce fameux « ihbat » qui leur colle si étroitement à la peau.
***
Plus que quinze jours pour un sursaut de conscience : l’appel du patriarche sera-t-il entendu ? Les députés, TOUS les députés seront-ils présents le mardi 25 septembre place de l’Étoile ou entretiendront-ils le suspense jusqu’au 24 novembre ?
Nasrallah Sfeir a esquissé le profil du candidat idéal : très versé en politique, homme droit, fort, intègre, à égale distance de toutes les parties.
Cet homme-là existe évidemment et les maronites peuvent s’enorgueillir d’avoir compté dans leurs rangs, tout au long de leur tumultueuse histoire, des personnalités d’une trempe exceptionnelle. Mais les candidats de défi et leurs acolytes, les laissés-pour-compte et leurs tuteurs permettront-ils au Liban d’avoir enfin le président qu’il mérite ?
La réponse à cette question pourrait bien tomber comme un couperet.
Nagib AOUN
La danse du scalp autour d’un volcan, la danse de Saint-Guy au bord d’un précipice et en survol, comme un nuage qui passe, des appels à la raison qui se perdent dans le désert, dans le vide des consciences, du sens des responsabilités.
Un gouvernement, deux gouvernements, un président, deux présidents, une chape militaire pour renvoyer tout ce joli monde dos à dos, les scénarios...
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