La réponse à cette question occupe le cœur des appréhensions et autres angoisses du régime syrien ; tant qu’il ne l’a pas, il...
Actualités - OPINION
Damas œuvre pour que l’acte d’accusation dans l’affaire Hariri soit publié avant la présidentielle Émile KHOURY
Par KHOURY Emile, le 10 septembre 2007 à 00h00
La question vaut de l’or : qu’est-ce qui se fera en premier, la publication de l’acte d’accusation dans l’assassinat de Rafic Hariri et de ses camarades, ou l’aboutissement d’un accord sur l’élection d’un président de la République ?
La réponse à cette question occupe le cœur des appréhensions et autres angoisses du régime syrien ; tant qu’il ne l’a pas, il continue de tergiverser et d’éviter de se prononcer définitivement, dans un sens comme dans l’autre, à propos de ce scrutin présidentiel. Ce que l’on sait dans tous les cas, c’est que Damas fait en sorte que l’acte d’accusation soit rendu public avant l’élection présidentielle libanaise.
Scénario I : l’acte d’accusation alimente et renforce les craintes de la Syrie. Dans ce cas, Damas se crisperait, et n’accepterait qu’un président qu’il connaît bien et en qui il a confiance. S’il s’avère qu’un consensus autour d’un tel candidat est impossible, il faudra alors que les obstructionnistes, aux yeux du régime syrien, assument la responsabilité d’un vide au plus haut niveau de l’État ou bien les dangers d’une élection sur base du quorum de la moitié plus un.
Scénario II : l’acte d’accusation est plutôt clément avec la Syrie. Dans ce cas, Damas faciliterait les choses et contribuerait à l’aboutissement d’un président consensuel, et que toutes les parties, ou presque, salueraient.
En réalité, la mise en place et en œuvre du tribunal spécial requiert pas mal de temps, et cette instance ne pourrait commencer à travailler que vers le début de 2008, lorsque seront nommés les juges libanais et internationaux, ainsi que l’ensemble du personnel du tribunal, que sera défini son budget et, surtout, que sera désigné le procureur général, à qui le magistrat Serge Brammertz remettra son rapport général afin qu’il puisse bâtir ce fameux acte d’accusation. Il ne faut pas oublier que tout cela dépend du Conseil de sécurité et du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Lequel doit faire en sorte de passer outre à toutes les ingérences ou volonté d’ingérence de différentes parties, libanaises, syriennes ou internationales, notamment dans le choix crucial des juges. Des ingérences qui, dans le passé, avaient malheureusement influé sur la rédaction du statut du tribunal : ainsi, l’expression « crime contre l’humanité » avait-elle été biffée, de même que celle qui disait qu’un chef d’État n’était pas responsable de ses subordonnés…
Quoi qu’il en soit, des sources bien informées soulignent que quelle que soit la situation au Liban au lendemain de l’élection présidentielle, le tribunal spécial entamera sa mission, puisqu’il ne dépend que de New York, et que la résolution 1757 n’a pas été adoptée pour qu’elle reste lettre morte ; bien au contraire, cette résolution est celle qui va tracer le chemin vers la justice, parallèlement à la 1701 qui va continuer à mener le Liban vers davantage de souveraineté, d’indépendance et de stabilité.
Reste qu’à l’aune de tout cela, force est de se demander dans quelle mesure l’acte d’accusation, s’il était publié avant l’élection présidentielle, aurait un impact sur le rôle de la Syrie au Liban ; dans quelle mesure donc le 14 Mars pourra alors imposer le candidat qui réponde le plus à ses ambitions. Dans le cas contraire, si l’élection se faisait avant la publication de l’acte d’accusation, comment se comporteraient alors le régime syrien et ses alliés libanais avec le nouveau chef de l’État, surtout si Damas n’était pas très à l’aise avec le successeur d’Émile Lahoud ? Pour Johnny Abdo, « rien ne peut raisonner la Syrie et mettre un terme aux assassinats à part l’édification du tribunal international ; certains œuvrent pour retarder tout cela, mais, inexorablement, ce tribunal va voir le jour et va remplir sa mission ». L’ambassadeur n’exclut pas, en revanche, la relance de ces assassinats à mesure que l’échéance présidentielle se rapproche. Il estime que seront visés ministres, députés et journalistes : « La Syrie œuvrera pour le vide constitutionnel, parallèlement à l’avènement du désordre qui naîtra des nouveaux sit-in que l’opposition entendrait redynamiser », a-t-il encore estimé.
Quand on se souvient que, dans son dernier rapport d’étape, Serge Brammertz avait identifié, pour la première fois mais sans les nommer, des personnes soupçonnées d’avoir participé à l’assassinat de Rafic Hariri, et que, pour la première fois aussi, il avait évoqué ses craintes concernant une escalade sécuritaire au Liban et dont la commission d’enquête subirait les répercussions, on ne peut que se poser une autre question, tout aussi brûlante : le tribunal international réussira-t-il à raisonner la Syrie et à la mettre dans le droit chemin ou, au contraire, provoquera-t-il un embrasement sécuritaire au Liban ?
La question vaut de l’or : qu’est-ce qui se fera en premier, la publication de l’acte d’accusation dans l’assassinat de Rafic Hariri et de ses camarades, ou l’aboutissement d’un accord sur l’élection d’un président de la République ?
La réponse à cette question occupe le cœur des appréhensions et autres angoisses du régime syrien ; tant qu’il ne l’a pas, il...
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