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Zone euro La BCE obligée d’attendre des jours meilleurs avant de remonter ses taux

La Banque centrale européenne (BCE) songe toujours à remonter ses taux directeurs pour combattre des risques inflationnistes, a laissé entendre hier son président, mais n’a d’autre choix que d’attendre un retour au calme des marchés financiers. « Quand le temps sera venu, si le temps vient, j’utiliserai de nouveau les mots de “grande vigilance” », a déclaré Jean-Claude Trichet lors d’une conférence de presse, à l’issue d’une réunion du conseil des gouverneurs qui a décidé de maintenir les taux directeurs inchangés. Dans le jargon de la BCE, cette expression annonce une remontée de taux le mois suivant. Le Français l’avait employée début août, mais le plongeon des marchés financiers dans le sillage de la crise des crédits hypothécaires à risque aux États-Unis a contraint l’institut de faire marche arrière. Il n’a pas redit ces mots-clés hier, même si les banquiers centraux européens continuent de s’inquiéter des risques d’inflation dans la zone euro, alors que l’horizon reste globalement dégagé pour l’économie. M. Trichet estime que la politique monétaire de la zone euro est toujours « plutôt accommodante », en clair que les conditions financières sont favorables et portent en germe des risques de dérapage des prix. Une remontée des conditions du crédit serait donc, en temps normal, justifiée à ses yeux. Sur 2007 et 2008, la BCE mise toujours sur une inflation de 2 % en moyenne, dépassant légèrement son objectif. L’économie va progresser de 2,5 % cette année, selon les nouvelles prévisions de l’institution dévoilées hier, soit légèrement moins que prévu il y a trois mois (2,6 %). Pour l’an prochain, pas de changement avec +2,3 %. Mais l’institution ne bougera pas avant d’en savoir plus sur l’impact de la crise du « subprime ». « Étant donné le niveau élevé des incertitudes, des informations supplémentaires sont nécessaires avant que des conclusions puissent être tirées pour la politique monétaire », a déclaré M. Trichet. La période « d’intense volatilité » actuelle pourrait s’avérer dans l’avenir avoir été une correction bienvenue, conduisant à « une meilleure appréciation des risques » et plus de « transparence ». Mais elle pourrait aussi avoir un impact sur l’économie réelle : « On ne peut rien exclure », a-t-il dit. La santé des marchés décidera donc, mais certainement pas les responsables politiques. « Nous sommes férocement indépendants, (...) il n’y a aucun doute » à ce sujet, a lancé M. Trichet, après qu’à Mulhouse (est de la France) le président français Nicolas Sarkozy eut suggéré qu’il n’était pas étranger au statu quo d’hier. « Ça prouve quand même qu’à force de parler et de porter des débats, ça progresse un petit peu », a déclaré M. Sarkozy, qui presse depuis de longs mois la BCE à mettre un terme à ses remontées de taux. La BCE a relevé les conditions du crédit à huit reprises depuis décembre 2005. De 2 %, le principal taux a grimpé à 4 %. La BCE n’aura de toute façon sans doute pas le loisir de resserrer les vannes du crédit cette année, jugeaient plusieurs économistes. « Les conditions de marché ne vont pas s’améliorer de manière significative à court terme (...), et la Réserve fédérale américaine va probablement engager un cycle de baisse (de ses taux, ndlr) dès le 18 septembre », estime Sylvain Broyer, analyste chez Ixis-Cib. Le statu quo, conjugué à l’annonce du lancement la semaine prochaine d’une nouvelle opération de refinancement exceptionnelle sur le marché de l’argent à trois mois, a à peine détendu le marché, note l’analyste. Pour tenter d’apaiser les tensions, la BCE a par ailleurs apporté hier une nouvelle bouffée d’oxygène aux banques en mal de crédits, en injectant plus de 42 milliards d’euros dans le circuit monétaire.
La Banque centrale européenne (BCE) songe toujours à remonter ses taux directeurs pour combattre des risques inflationnistes, a laissé entendre hier son président, mais n’a d’autre choix que d’attendre un retour au calme des marchés financiers.
« Quand le temps sera venu, si le temps vient, j’utiliserai de nouveau les mots de “grande vigilance” », a déclaré Jean-Claude...