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Actualités - CHRONOLOGIE

Kouchner a donné à la diplomatie française et européenne une remarquable impulsion, affirme le ministre de la Justice Rizk : « La victoire de l’armée à démontré la capacité de l’État à contrôler son territoire »

«Le Liban après la victoire de Nahr el-Bared ne peut plus être le même. » C’est ce qu’a déclaré hier le ministre de la Justice, Charles Rizk, qui estime que le triomphe de l’armée libanaise a démontré clairement « la capacité de l’État à contrôler l’ensemble de son territoire ». Dans une entrevue à L’Orient-Le Jour, M. Rizk, qui a rendu un grand hommage à l’armée libanaise pour ses réalisations à Nahr el-Bared, s’est prononcé pour une nouvelle vision du rôle de l’institution militaire qu’il « faudra désormais doter de tous les moyens techniques et logistiques dont elle a besoin pour poursuivre sa tâche ». Le ministre de la Justice, qui a salué au passage la nouvelle dynamique enclenchée par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a assuré que ce dernier a positivement influé sur la position de ses partenaires européens concernant les dossiers de la région, notamment le Liban. Se prononçant sur la question de la première magistrature, le ministre de la Justice, qui souhaite que le prochain président soit élu « par le plus grand nombre de députés », a énuméré quatre priorités sur lesquelles le futur président devrait tabler : l’ordre public, la mise en place du tribunal international, l’unité du pays et enfin la redynamisation du secteur économique par le biais de la création d’une symbiose entre l’économie de la diaspora et l’économie nationale. Pour M. Rizk, la fin victorieuse de la bataille de Nahr el-Bared a marqué un tournant majeur au niveau de la dynamique interne et au plan des relations internationales. Selon lui, l’armée a démontré aujourd’hui qu’elle était capable et désireuse de ramener Nahr el-Bared dans le giron de la légalité. « Cela a créé un précédent dans la mesure où les camps palestiniens étaient des zones d’extraterritorialité et échappaient à l’autorité centrale. Je crois que cela est à inscrire à l’actif de ce gouvernement qui, à l’unanimité de ses composantes actuelles, a montré une très grande détermination dans ce sens », a relevé le ministre. « Cette victoire a été extrêmement coûteuse pour l’institution militaire parce que, de l’aveu de tous, l’armée était sous-équipée. Il n’est pas normal qu’au vingt et unième siècle, l’armée continue à se battre à main nue. Pendant des années, la troupe a été intentionnellement maintenue dans un État de sous-équipement épouvantable. Cela s’est traduit par les pertes très lourdes durant la bataille », a relevé M. Rizk. Une lacune dont la responsabilité incombe à « tous ceux qui tiennent le pouvoir dans le pays depuis trente-cinq ans », accuse-t-il. Prônant une nouvelle vision de l’armée et de son rôle, M. Rizk insiste sur la nécessité de « repenser la place de l’institution militaire dans la nation en la dotant de tous les moyens techniques dont elle a besoin pour poursuivre sa tâche. En particulier, il faudra repenser la dépense publique, notamment les dépenses en matière militaire, une priorité qui doit être considérée comme un investissement à long terme », précise-t-il. Redéfinition S’il est indiscutable qu’Israël ne verra jamais d’un bon œil le renforcement de l’armée libanaise, cela n’empêchera pas pour autant l’État libanais d’en redéfinir le rôle « à la lumière des relations nouvelles qui se sont installées entre le Liban et la Syrie depuis deux ans », assure le ministre. Selon lui, cette nouvelle définition du rôle de l’institution militaire ne peut qu’avoir des retombées très positives sur les plans de la politique intérieure et international. « L’expérience de Nahr el-Bared a montré que lorsque l’État libanais a une vision claire de ce qu’il veut faire, celle-ci peut être accueillie favorablement par les Palestiniens, du moins ceux d’entre eux qui sont sincères. Si Nahr el-Bared a été possible dans une large mesure, c’est que l’Autorité palestinienne responsable a eu l’intelligence de voir dans l’action de l’État un acte contre le terrorisme qui n’était pas seulement une menace contre les Libanais », rappelle le ministre. Et de trancher au sujet des îlots sécuritaires : « Le territoire libanais doit être soumis dans sa totalité à l’autorité politique de l’État libanais, et les Palestiniens devant tôt ou tard obéir à cet impératif. » « Ceux parmi les groupes palestiniens qui ne veulent pas se soumettre à la volonté de l’État, et par conséquent à la volonté de l’Autorité palestinienne légitime, alliée à l’État, devront se préparer à des lendemains difficiles », a-t-il dit. Il a en outre souligné que le précédent établi à Nahr el-Bared permettra inéluctablement à l’État de développer une politique claire à l’égard de l’Autorité palestinienne. « La diplomatie française et européenne a ouvert une page nouvelle. Il faut reconnaître à Bernard Kouchner un rôle très important sur ce plan-là », a indiqué le ministre. « Il a donné à la diplomatie française et, partant, à la diplomatie européenne une remarquable impulsion. Il a créé un nouveau climat qui a eu un effet d’entraînement au niveau des partenaires européens de la France. Cet acquis ne peut que se renforcer après l’affaire de Nahr el-Bared. » Saluant le « dynamisme et la vigueur » du ministre français, il a indiqué que « dans le cas où il reviendrait au Liban, il témoignera d’un contexte politique qui le réconfortera ». Quid de la proche échéance présidentielle ? Pour M. Rizk, il et indéniable que plus le chef de l’État s’assurera d’un large appui parlementaire, plus il aura les coudées franches pour agir. « Mais au cas où le candidat ne pourra pas obtenir une majorité confortée, je préfère encore un chef d’État élu à une majorité faible que pas de président du tout. Je préfère également qu’il soit élu à une majorité faible qu’à une majorité forte qui se rétrécirait comme peau de chagrin. » Pour M. Rizk, le prochain chef d’État sera indiscutablement celui qui aura compris et identifié mieux que les autres les priorités suivantes : l’ordre public, le rôle de l’armée dans la nation et la mise en place du tribunal pour l’affaire Hariri. « Toute personne qui aurait des ambitions sérieuses pour la présidence de la République devrait également rétablir l’unité nationale et sortir le pays de cette partition de fait. » Il devra en somme « rétablir la dualité politique en termes de majorité et de minorité, appelée à se substituer aux clivages confessionnels », dit-il. Une transition qualitative qui pourra se faire à partir d’une réforme électorale qui rendrait possible une « conciliation entre un bipartisme politique et une pluralité confessionnelle ». Dernière priorité enfin, la redynamisation de l’économie qui devrait se faire par le biais d’une « symbiose entre l’économie de la diaspora et l’économie nationale ». Propos recueillis par Jeanine JALKH
«Le Liban après la victoire de Nahr el-Bared ne peut plus être le même. »
C’est ce qu’a déclaré hier le ministre de la Justice, Charles Rizk, qui estime que le triomphe de l’armée libanaise a démontré clairement « la capacité de l’État à contrôler l’ensemble de son territoire ».
Dans une entrevue à L’Orient-Le Jour, M. Rizk, qui a rendu un grand hommage à...