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Actualités - OPINION

Un président de consensus ? C’est encore loin d’être acquis Émile KHOURY

Des professionnels modérés soulignent que la raison commande de réfléchir aux moyens à mettre en œuvre pour amortir les effets d’un fiasco des efforts visant à doter le pays d’un président de consensus. Dans ce cadre, l’initiative du président Berry prend en quelque sorte valeur de dernière cartouche, de dernière chance pour un début de sortie de crise. Les positions avancées étant ce qu’elles sont, et restant difficilement conciliables, les perspectives envisageables, relèvent ces cadres, se résument comme suit : – On remettrait sur le tapis le projet de mise en place d’un cabinet d’union qui prendrait les rênes, au départ de M. Lahoud. En attendant un accord sur son successeur. La majorité qui s’oppose à une telle formule avant l’élection n’aurait plus de raisons de le faire une fois que le rendez-vous serait manqué, estiment ces sources. Car, à leur avis, elle devra admettre que pour boucher temporairement le vide au niveau des prérogatives de la première magistrature, il faut bien une autorité à dimension nationale. Cependant, ce ne serait pas une mince affaire. En effet, les deux camps pourraient se disputer aussi bien sur la répartition des portefeuilles que sur le programme politique du gouvernement. Sur sa mission : se limiterait-elle à paver la voie à la présidentielle ou devrait-elle englober également l’élaboration d’une nouvelle loi électorale ? Et dans ce cas, en vue de législatives anticipées, pour que la nouvelle Chambre élise un nouveau président ? Ou pour l’échéance ordinaire dans deux ans ? Dès lors, le gouvernement en question ne verrait pas le jour. Et même si on parvenait à le constituer, une équipe bourrée de tant de contradictions n’imploserait-elle pas à la première querelle ? En l’état – On maintiendrait le statu quo, sans président. Mais le pays pourrait-il supporter longtemps les retombées du vide institutionnel ? La crise, déjà aiguë, risque en effet d’en être lourdement aggravée. Car il y aurait contestation encore plus forte sur la gestion publique, sur le pouvoir. Comment alors les administrations ordinaires, judiciaires, sécuritaires, militaires, économiques, financières, fonctionneraient-elles ? Sous quelle férule, et jusqu’à quel point, par combien d’effectifs serait-elle reconnue ? Majorité simple – Les loyalistes éliraient un président à la majorité absolue, c’est-à-dire la moitié plus un des membres composant la Chambre. Cela, une fois qu’il serait acquis qu’une élection aux deux tiers est impossible. Bien entendu, il serait pour ainsi dire miraculeux que le pays politique n’éclate pas. Et ne se retrouve avec deux présidents, deux gouvernements, deux Parlements. Si cela devait arriver, l’implantation des Palestiniens deviendrait, naturellement, un fait accompli irréversible. Le droit de retour serait définitivement oublié, pour la plus grande satisfaction d’Israël. Donc partition de facto et implantation idem : beaucoup pensent qu’un statu quo de vide institutionnel, pour dommageable qu’il soit, serait encore préférable à cette double éventualité. Car la porte des espérances et d’un rabibochage resterait ouverte. Lahoud – Le président Émile Lahoud prendrait sur lui de former un gouvernement auquel il remettrait les clés à la fin de son mandat. Un cabinet chargé de forger une loi électorale, pour des législatives anticipées, la nouvelle Chambre devant élire son successeur. Une telle démarche, on le sait, serait contraire aux dispositions de la Constitution. Depuis Taëf, en effet, le président de la République n’a plus le pouvoir de nommer les gouvernements. L’argument selon lequel d’autres, entendre M. Siniora, ont pu enfreindre la Loi fondamentale ne tient pas. Car dans son cas précis, M. Lahoud a prêté serment, conformément à l’article 50, d’observer la Constitution. De plus, symbole de l’unité du pays, M. Lahoud en serait le désintégrateur. Car il est certain que sa décision serait catégoriquement rejetée par la majorité. Il convient de citer, dans ce cadre, l’ancien ministre et député Edmond Rizk : « Le président de la République est censé être un bon père de la patrie, un guide courageux, un arbitre impartial. Quand il trahit ce rôle, il n’est plus possible de le considérer comme président de la République. Mais comme un dissident hors la loi et hors la Constitution. » En outre, le président Lahoud ne peut, constitutionnellement, refuser de remettre les rênes à un gouvernement qu’il juge illégitime, ni à un successeur qui ne serait pas, à son avis, admis de tous. Le texte ne lui permet que de quitter Baabda, au 25 novembre, en laissant à d’autres le soin de pallier le vide, si vide il y a toujours.
Des professionnels modérés soulignent que la raison commande de réfléchir aux moyens à mettre en œuvre pour amortir les effets d’un fiasco des efforts visant à doter le pays d’un président de consensus. Dans ce cadre, l’initiative du président Berry prend en quelque sorte valeur de dernière cartouche, de dernière chance pour un début de sortie de crise. Les positions avancées étant ce qu’elles sont, et restant difficilement conciliables, les perspectives envisageables, relèvent ces cadres, se résument comme suit :
– On remettrait sur le tapis le projet de mise en place d’un cabinet d’union qui prendrait les rênes, au départ de M. Lahoud. En attendant un accord sur son successeur. La majorité qui s’oppose à une telle formule avant l’élection n’aurait plus de raisons de le faire une fois que le...