Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a affirmé hier que l’Iran « ne pliera jamais face à l’intimidation » dans le dossier nucléaire, alors que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a affirmé avoir des « preuves » qu’aucun pays n’osera attaquer l’Iran. «La nation iranienne a résisté, résistera et ne pliera jamais face à l’intimidation sur le dossier nucléaire et les autres questions », a dit la plus haute autorité de l’État iranien, dans un discours devant des étudiants à Téhéran. L’Iran court le risque de nouvelles sanctions au Conseil de sécurité des Nations unies s’il persiste dans son refus de suspendre son enrichissement d’uranium. L’ayatollah Khamenei a dénoncé « ces pays qui disent ne pas nous faire confiance, ne pas vouloir que nous ayons » la technologie nucléaire. « Ceux qui disent cela ont lancé deux guerres mondiales en 20 ans », a-t-il ajouté en référence aux protagonistes des deux grands conflits du XXe siècle. L’ayatollah Khamenei s’en est pris aussi aux propos « haineux, arrogants et violents » du président américain George W. Bush. Ce dernier a averti l’Iran mardi dernier qu’il agirait pour protéger les soldats américains en Irak, qui sont en partie la cible de groupes soutenus selon lui par les gardiens de la révolution iraniens. S’en prenant plus généralement aux nations occidentales, le guide suprême a assuré que « l’Iran vaincra ces puissances ivres et arrogantes en utilisant ses moyens habiles et sages ». De son côté, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a affirmé avoir des « preuves » qu’aucun pays n’osera attaquer l’Iran, en citant ses capacités de « calcul » et sa foi dans la victoire grâce à Dieu, selon des propos rapportés hier par la presse réformatrice. « Certaines personnes dans le pays font pression sur nous pour que nous cédions sur tel ou tel point, en disant que sinon il y aura une guerre », a dit le président, dans un discours tenu devant les présidents des universités iraniennes. Les États-Unis n’ont jamais exclu une option militaire contre l’Iran s’il persistait dans son refus de suspendre son programme nucléaire. Mais le président, cité par les quotidiens Kargozaran et Etemad-Melli, a dit avoir assuré ses interlocuteurs qu’« ils n’oseront pas lancer une guerre », et en a apporté « deux preuves ». « Je suis un ingénieur, je suis spécialiste en chiffres et en calcul », a d’abord dit le président, qui a obtenu en 1997 son doctorat en ingénierie des transports. « Je dresse des tableaux, j’écris des hypothèses pendant des heures, je rejette, je raisonne et je tire une conclusion. Ils ne peuvent pas créer de problèmes pour l’Iran », a expliqué M. Ahmadinejad. « Ma deuxième preuve », a-t-il poursuivi, « est que je crois en ce que Dieu dit. Dieu dit que ceux qui suivent le chemin de la droiture seront victorieux ». « Quelle raison pouvez-vous avoir de ne pas croire que Dieu tiendra sa promesse ?» a-t-il demandé. Enfin, le directeur général de l’AIEA Mohammad el-Baradei a estimé hier dans une interview à la presse allemande que l’Iran a encore une chance, « peut-être la dernière », de mettre fin à son contentieux nucléaire avec la communauté internationale, mais doit pour cela être « encouragé ». Certes, « il y a des éléments concrets de soupçon contre l’Iran », a-t-il dit. Il répondait à une question du Spiegel, dans lequel ce journal évoquait le droit de l’Iran à procéder à l’enrichissement de l’uranium. « C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, je suis d’avis que l’Iran s’est privé provisoirement de son droit et qu’il ne sera en mesure de le regagner que grâce à des mesures de confiance à l’intention de la communauté international. »