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Les mères des victimes critiquent l’intervention des forces de l’ordre et l’usage d’armes lourdes Commémorations à Beslan sur fond d’indifférence en Russie

À 13h06 hier, 334 ballons blancs ont été lâchés au-dessus du cimetière de Beslan, un pour chaque mort dans la prise d’otages à l’école n° 1 de cette ville du Caucase, mais l’indifférence prévaut dans le reste de la Russie, trois ans après la tragédie. À 13h05, l’heure du début de l’assaut donné par les forces de l’ordre le 3 septembre 2004 contre le gymnase de l’école où un commando protchétchène retenait plus de 1 000 personnes depuis trois jours, une cloche a retenti. Une minute de silence a suivi. Après la minute de silence, les 334 ballons blancs se sont élevés dans le ciel bleu de Beslan. Au même moment, une foule calme et recueillie était rassemblée dans les ruines de l’école, couverte de fleurs, où 186 enfants ont péri. Des femmes ne retenaient pas leurs pleurs, certaines poussant des plaintes déchirantes. À l’intérieur du gymnase calciné, autour d’une croix, les photos de toutes les victimes sont accrochées, des bougies sont allumées partout. « Aucun d’entre nous ne pardonnera au pouvoir ce qui est arrivé à nos enfants », dit Zalina Gougourova, qui a perdu son fils et sa mère à l’école. « L’État doit considérer nos enfants comme ses héros car il les a sacrifiés pour punir les terroristes », estime cette femme de 45 ans. Samedi, le président Vladimir Poutine a assuré que les victimes de Beslan ne seraient pas oubliées, mais il ne s’est pas rendu à Beslan pour les commémorations et la télévision a bien plus abondamment couvert sa visite dans une école, à 500 km de là, à l’occasion de la rentrée scolaire. Plusieurs journaux ont dénoncé l’indifférence des Russes face à la tragédie. « Le président Poutine avait qualifié la tragédie de Beslan d’“agression contre le pays”, mais le pays ne considère pas aujourd’hui ce malheur comme le sien », estime le quotidien des affaires Vedomosti dans un éditorial titré « Le malheur des autres ». Le jour de la rentrée scolaire – le 1er septembre en Russie –, les Moscovites « n’ont rien voulu céder de leur sérénité, surtout quand on nous assure que le pays devient sans cesse plus riche et plus stable », ironise le quotidien. La presse a critiqué également la mairie de Moscou pour avoir organisé de grandes festivités samedi et dimanche pour les 860 ans de la fondation de la ville, le jour même du troisième anniversaire du début de la tragédie. « Les autorités captent probablement l’humeur des gens pour qui dès 2004, Beslan fut le malheur des autres, une image de télévision détachée », estime le quotidien Vremia Novosteï. « La Russie de Poutine va bien, économiquement elle se sent à l’aise et évite de penser à des choses désagréables », explique l’analyste de l’institut de sondage indépendant Levada, Alexeï Levinson. En plus, « les Russes ont une attitude compliquée envers les républiques caucasiennes, dont l’Ossétie du Nord, et pour nombre d’entre eux Beslan n’est qu’une nouvelle page sanglante de la guerre avec la Tchétchénie séparatiste », ajoute-t-il. « Prendre le deuil avec les mères de Beslan, qui critiquent violemment les autorités, signifierait pour eux passer dans l’opposition à Poutine, ce qu’ils veulent éviter à tout prix », conclut l’analyste. Les mères de Beslan, fortes d’un rapport du député russe Iouri Saveliev, critiquent l’intervention des forces de l’ordre notamment pour l’usage d’armes lourdes et de grenades incendiaires, contre l’école encore pleine d’otages. À Moscou, environ 250 personnes, dont l’opposant Garry Kasparov, ont réclamé samedi la « vérité » sur la responsabilité des forces de l’ordre dans l’assaut. Seuls 5 % des Russes disaient fin août croire à la version officielle du dénouement de la crise. 52 % des personnes interrogées par Levada se disaient « insatisfaites » de la façon dont les otages ont été libérés, contre 33 % de satisfaites.
À 13h06 hier, 334 ballons blancs ont été lâchés au-dessus du cimetière de Beslan, un pour chaque mort dans la prise d’otages à l’école n° 1 de cette ville du Caucase, mais l’indifférence prévaut dans le reste de la Russie, trois ans après la tragédie.
À 13h05, l’heure du début de l’assaut donné par les forces de l’ordre le 3 septembre 2004 contre le gymnase de...