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Actualités - OPINION

LA SITUATION Berry se charge de détendre l’atmosphère tout en lançant la balle dans le camp du 14 Mars

Mercredi dernier, alors que la querelle syro-saoudienne semblait promise à aller de plus en plus crescendo, la presse syrienne proche du pouvoir s’en donnait à cœur joie en fustigeant les permanentes aspirations des maronites à la première présidence, allant même jusqu’à qualifier ces candidatures de pléthoriques, tout en critiquant l’importance du rôle accordé au patriarcat maronite. Dans le même temps, le quotidien en question pesait de tout son poids pour rendre un hommage appuyé aux commandants en chef successifs de l’armée libanaise, en les présentant comme étant les seuls à même de sauver le pays. Or le discours prononcé par Nabih Berry hier à l’occasion du 29e anniversaire de la disparition de Moussa Sadr est venu – sinon les redistribuer – du moins rebattre les cartes du jeu, en lançant la balle dans le camp du 14 Mars. L’opposition prête à renoncer à la formation d’un gouvernement d’union nationale et à relancer le dialogue national à condition qu’un président de la République consensuel soit élu au quorum des 2/3, voilà en substance la teneur de l’initiative Berry. Ce renoncement sert d’abord à adoucir un tant soit peu les positions plus que rigides affichées récemment par l’opposition, notamment lorsque Mohammad Raad a déclaré que « même trente minutes avant l’expiration de l’échéance présidentielle », l’opposition continuerait de revendiquer la formation d’un cabinet d’union. Il sert ensuite à lancer une offensive de charme à l’adresse du patriarcat maronite, qui a été une fois encore la cible de critiques au vitriol jeudi dernier, par le biais de Sleimane Frangié. Cette opération séduction s’impose à l’approche de la visite que le patriarche maronite Nasrallah Sfeir va effectuer au Vatican, où le rejoindra d’ailleurs Saad Hariri. M. Berry s’est donc empressé de mettre en valeur le rôle joué par Bkerké, soulignant que le patriarcat était autant une référence pour les musulmans que pour les chrétiens. Enfin, l’initiative Berry a pour objectif apparent de libaniser le dossier de la présidentielle. Cela étant dit, quid des réactions de la majorité à l’appel Berry ? Tous les pôles du 14 Mars semblent convenir de l’importance de « ne pas rendre les armes constitutionnelles » dont ils disposent, en ne concédant pas à la condition posée par Nabih Berry : la nécessité du quorum des deux tiers. Ainsi, « convenir d’avance sur la question des 2/3 c’est livrer la présidence aux Syriens et aux Iraniens », affirme à cet égard une source ministérielle proche du pouvoir, l’idéal étant de se mettre d’accord simultanément sur la personne du prochain président ainsi que sur le programme politique qui va suivre. Les limites de ce dialogue étant, toujours pour la majorité, « l’indépendance du Liban et le refus du retour à l’ancien système ». Mais une problématique de taille se pose : existe-t-il réellement un dénominateur commun entre majorité et opposition sur la notion de président consensuel ? À cette question, les deux camps politiques rivaux répondent tous deux par la négative. Dans les prochains jours, c’est donc sur ce point crucial que devront se concentrer les politiques des deux bords s’ils désirent vraiment réaliser une avancée quelconque. En attendant, la majorité a annoncé – simplement – qu’elle allait se concerter afin de présenter une réaction unifiée à la proposition Berry, en espérant que le mois de septembre sera placé sous le signe de l’échange constructif qui pourra mener, à terme, à une nouvelle amorce du dialogue interlibanais. Lélia MEZHER
Mercredi dernier, alors que la querelle syro-saoudienne semblait promise à aller de plus en plus crescendo, la presse syrienne proche du pouvoir s’en donnait à cœur joie en fustigeant les permanentes aspirations des maronites à la première présidence, allant même jusqu’à qualifier ces candidatures de pléthoriques, tout en critiquant l’importance du rôle accordé au patriarcat...