Hoss met en garde Lahoud contre la mise en place d’un gouvernement de transition

L’ancien chef de gouvernement Sélim Hoss a lancé un vibrant appel hier au président Émile Lahoud, le mettant en garde contre la mise en place d’un gouvernement de transition. S’adressant directement au président Lahoud, dans un communiqué, M. Hoss a déclaré, après avoir repris les propos du chef de l’État sur sa volonté de former un gouvernement de transition dirigé par le commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleimane : « Nous pensons que vous vous trompez énormément. En ce faisant, vous commettez un crime mortel à l’égard du pays. » M. Hoss, qui est bien placé pour le savoir, puisqu’il avait présidé le second gouvernement de transition, lorsque le président Amine Gemayel avait nommé le général Michel Aoun à la tête d’un gouvernement de transition contesté par les forces dites « nationales », à l’expiration de son mandat en 1988, a indiqué que « le général Sleimane fait partie des personnalités pressenties pour diriger le pays, et non pas un gouvernement de transition qui sera le point de départ d’une descente aux enfers pour le pays ». Et de s’expliquer : « Aucun des deux gouvernements ne reconnaîtra l’autre, et entre eux, ce sera la confrontation et la course à qui dirigera les secteurs vitaux dans le pays. » « Ne savez-vous pas, Monsieur le Président, a poursuivi M. Hoss, que la présence de deux gouvernements rivaux brûlera les chances du commandant en chef de l’armée (d’accéder à la présidence de la République) ainsi que l’espoir des Libanais d’un avenir meilleur ? Ne tenez-vous pas compte des risques d’attiser les dissensions confessionnelles (...) ?Ne savez-vous pas que la nomination du général Sleimane à la tête du gouvernement consolidera la position du (Premier ministre, Fouad) Siniora au niveau communautaire et que le cabinet tronqué survit grâce aux sensibilités communautaires et confessionnelles ? » « La marginalisation ne peut pas être combattue par la marginalisation, mais par une action méthodique destinée à dépasser le confessionalisme », a-t-il estimé, avant de souligner que la solution réside dans la mise en place d’un gouvernement d’entente. « Nous ne sommes pas de votre avis, et nous estimons que votre idée est précipitée et stérile, voire destructrice pour le pays. Aussi, nous vous appelons à faire preuve de sagesse et à rester attaché au projet de gouvernement d’union nationale », a-t-il fait valoir.