Rechercher
Rechercher

Actualités

Un jeu vidéo simule la prise d’assaut du Sérail « Vous venez d’assassiner le Premier ministre – la partie est gagnée ! »

Suite à la publication par notre confrère as-Safir d’un article révélant la diffusion sur Internet d’un jeu vidéo simulant la prise d’assaut du Grand Sérail, siège officiel de la présidence du Conseil, le procureur général près la Cour de cassation, Saïd Mirza, a demandé à la police criminelle de se saisir du dossier et de prendre les mesures nécessaires à l’encontre des personnes impliquées dans l’affaire. Le jeu vidéo en trois parties simule des batailles contre les FSI afin de prendre d’assaut le siège du gouvernement. Une fois les policiers massacrés, le joueur se bat contre « les milices gouvernementales » qui s’entraînent dans un couloir menant directement à l’ambassade des États-Unis. L’utilisateur pourchasse finalement le « gang des 14 », alias les membres du gouvernement Siniora, afin de les assassiner un à un, pour le plaisir de voir s’afficher sur l’écran un glorieux « congratulations, game over ». Jouez hautbois, résonnez musettes. Le bon citoyen a accompli son devoir et peut maintenant dormir en paix… Au-delà de l’éventuelle responsabilité pénale du créateur du jeu et du sempiternel clivage entre le 8 et le 14 Mars, le jeu reflète un certain état d’esprit populaire largement répandu dans la société libanaise. Le programmeur, en effet, a déclaré au Safir que « nombre d’opposants ont publiquement fait part de leur volonté de prendre d’assaut le siège du gouvernement ». Ainsi, les invectives et les accusations de félonie qui fusent de tous les côtés trouvent un écho dans une rue toujours traumatisée par le souvenir des années de plomb. La plaisanterie est indubitablement de mauvais goût, alors que moult personnalités – qui appartiennent au front du 14 Mars, d’ailleurs – ont été assassinées au cours des derniers mois. Certes, l’interdiction du jeu et l’engagement d’une procédure judiciaire sont des mesures louables. Néanmoins, les responsables doivent s’interroger sur les raisons qui ont incité un jeune Libanais à dire que « le pays est comme ça ! » et à créer un jeu simulant l’assassinat de ceux qu’il considère comme étant ses adversaires politiques. Il faudrait, à notre humble avis, désarçonner les facteurs qui nourrissent cette violence latente au sein de la société libanaise et qui menace de dégénérer d’un moment à l’autre en conflit civil. Les répétitions si bien orchestrées de janvier dernier ont déjà écrit un chapitre supplémentaire de la chronique d’une guerre annoncée. Il ne reste plus qu’à remplacer les pneus en feu par les canons avides de chair et les pierres par les balles des légendaires snippers. Et l’assaut encore cantonné au domaine virtuel deviendra une guérilla urbaine digne de ce nom. Près de 140 000 morts plus tard, il est probablement grand temps que l’on comprenne une fois pour toutes que l’on ne peut plus continuer à gagner des parties au détriment du pays et de sa population civile. Le jeu en vaut quand même la chandelle. Mahmoud HARB
Suite à la publication par notre confrère as-Safir d’un article révélant la diffusion sur Internet d’un jeu vidéo simulant la prise d’assaut du Grand Sérail, siège officiel de la présidence du Conseil, le procureur général près la Cour de cassation, Saïd Mirza, a demandé à la police criminelle de se saisir du dossier et de prendre les mesures nécessaires à l’encontre des...