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Actualités - CHRONOLOGIE

JOURNÉE MONDIALE DES DISPARUS - Les familles se souviennent… L’opposition syrienne affirme son soutien à la cause des détenus libanais dans les geôles syriennes Nada MERHI

Le dossier des détenus libanais dans les geôles syriennes défraye la chronique depuis plus de deux ans et demi. Le drame des familles dure depuis plus de trois décennies et leur cause continue à se heurter au mur du silence. Il ne se passe pas une occasion sans que les familles ne fassent appel à « la conscience » du gouvernement pour que la lumière soit enfin faite sur le sort de milliers de prisonniers détenus arbitrairement en Syrie. Cette cause juste et légitime a été marquée hier par un développement nouveau dont l’importance n’échappe à personne. Pour la première fois, l’opposition syrienne, représentée par l’ancien député Mohammad Maamoun al-Homsi, lui-même ancien détenu en Syrie de 2001 à 2006, s’est en effet jointe aux voix libanaises, plus particulièrement au Comité des parents des détenus libanais en Syrie et à Solide (Soutien aux Libanais détenus en exil) qui mènent inlassablement campagne pour accorder à ce drame l’attention qu’il mérite. Ainsi, et à l’occasion de la Journée mondiale des détenus, une conférence de presse conjointe a été organisée hier dans le jardin Gebran Khalil Gebran, place Riad el-Solh, où les parents des détenus observent un sit-in permanent depuis le 11 avril 2005. « Les surenchères sur le dossier des détenus sont déplacées. » D’emblée, Ghazi Aad, porte-parole de Solide, coupe court à la polémique que suscite cette cause depuis quelque temps. « Depuis 1990, nous avons œuvré pour que le dossier soit national, explique-t-il. Malheureusement, depuis quelque temps, il est au cœur des tiraillements et des défis politiques. Cela n’est pas juste et ne mènera à rien. » « Avant 2005, rappelle Ghazi Aad, seul le Courant patriotique libre, suivi des années plus tard par les Forces libanaises, a adopté notre cause. Après 2005 (révolution du Cèdre) toutes les parties libanaises ont reconnu le dossier qui a été inclus à la déclaration ministérielle du gouvernement Fouad Siniora. Nous refusons aujourd’hui que le dossier soit utilisé à des fins politiques. Celui qui veut le soulever doit avoir une solution au problème. Celle-ci consiste, comme nous l’avons annoncé à maintes reprises, à former une commission d’enquête internationale qui serait chargée de l’affaire. » Entouré des parents des détenus portant les photos de centaines de disparus, Ghazi Aad souligne que le symbolisme de la Journée mondiale des disparus est une occasion pour « crier » au monde entier « qu’ils sont toujours vivants en nous malgré les jours, les mois et les années marquées par l’inquiétude, la peur et la souffrance ». « Aujourd’hui (hier), nous nous rappelons de tous les détenus, notamment ceux qui ont été victimes des services de renseignements syriens, insiste-t-il. C’est une commémoration du jour où ils ont été privés de leur liberté contre leur gré et contre toutes les lois internationales. C’est la journée de ceux dont les autorités syriennes refusent de dévoiler le sort et les lieux de détention, comme elles refusent qu’ils soient visités par les organisations internationales pour s’enquérir de leur état de santé. » « Il serait bon de rappeler à ce stade que les prisons syriennes, notamment celles des services de renseignements et les cellules secrètes, ne respectent pas le niveau minimum des soins de santé, ajoute Ghazi Aad. De ce fait, de nombreux détenus ont été atteints de maladies graves qui nécessitent un traitement urgent. D’ailleurs, tous les rapports publiés par les organisations internationales des droits de l’homme et le comité des Nations unies pour les droits de l’homme affirment que les prisonniers sont victimes des pires moyens de torture physique et psychique. Ils sont détenus dans les cellules des services de renseignements dans des conditions inhumaines, d’autant que la politique punitive dans les prisons syriennes, qui avait pour but la réhabilitation, s’est transformée en un outil de punition et de vengeance. » Le drame Malgré la situation politique « difficile et dangereuse » tant au niveau local que régional, Ghazi Aad affirme que le dossier des détenus et des disparus demeure, « aux niveaux légal et humanitaire, le drame le plus tragique que vivent des centaines de familles », d’autant que les victimes ont été arrêtées « en dehors des normes et des mécanismes légaux internationalement reconnus », comme elles vivent dans des conditions inhumaines. « C’est une journée pour rappeler à la communauté internationale et aux organisations locales et internationales leur devoir qui consiste à trouver une issue juste à ces crimes contre l’humanité, réitère Ghazi Aad. Il n’est plus permis, conformément à l’engagement international pour protéger toutes les personnes des disparitions arbitraires, que de pareils crimes continuent à être perpétrés par les services de renseignements syriens, sous prétexte de la conjoncture politique et sécuritaire. » En effet, les rapports publiés le 6 avril 2001 et le 28 juillet 2005 par le comité des Nations unies pour les droits de l’homme affirment que « les autorités syriennes continuent à avoir recours aux arrestations arbitraires, à la torture et aux exécutions sommaires illégales et qu’elles ne fournissent pas des informations précises et claires sur le sort des personnes arrêtées par les forces syriennes ». « Des rapports qui contredisent les déclarations officielles des autorités syriennes », constate Ghazi Aad, qui explique que dans le cadre de la Journée mondiale des détenus, une délégation du Comité syrien pour sauver la vie des détenus politiques en Syrie se porte solidaire de cette « cause juste » et observe à cette occasion une grève de la faim pour une journée. Et cela afin que la communauté internationale fasse pression sur les autorités syriennes pour permettre au Comité international de la Croix-Rouge de pénétrer dans les prisons et lieux de détention syriens pour les examiner et apporter les soins immédiats à ceux qui en ont besoin, un comité d’enquête international devant être chargé du dossier. Participation à caractère humain et non politique Les revendications des familles des détenus libanais dans les geôles syriennes ont été réitérées par l’ancien député Mohammad Maamoun al-Homsi, membre du Comité syrien pour sauver la vie des détenus politiques en Syrie, qui a souligné que la participation de la délégation à cette conférence de presse revêt un caractère « humain » et non « politique », d’autant que « nous avons expérimenté et continuons à expérimenter le despotisme et l’oppression » du régime syrien. « Nous sommes partenaires dans cette affaire d’injustice, dans la tristesse et la souffrance, lance-t-il. Les grands hommes de la Syrie, confinés dans la grande et petite prison, défient la liquidation physique, la peur, la terreur et le danger qu’encourent leurs familles. Ils sont privés de leurs droits humanitaires les plus importants : le droit à la vie, le droit à la liberté, le droit à la santé, au voyage et à une justice équitable. » « Notre devoir national et humanitaire nous pousse à entreprendre des actions concrètes pour mettre l’accent sur le danger qui guette nos hommes libres dans la grande et petite prison, comme il nous pousse à assumer nos responsabilités et à inciter le monde entier à assumer ses responsabilités en faisant face à ce danger », déclare Mohammad Maamoun al-Homsi. Et d’ajouter : « Nous faisons appel à la conscience de la communauté internationale pour que le sort de 18 000 détenus politiques syriens, libanais et arabes soit dévoilé. Il est temps que le monde prenne position en faveur des droits de l’homme et contre l’injustice. Nous espérons que nos revendications ne tomberont pas dans une oreille sourde et que les députés du monde soutiendront ces familles en détresse. » Wadih el-Asmar, président du Centre libanais pour les droits de l’homme, et Hikmat Dib, membre du CPL, ont de leur côté dénoncé le laxisme du gouvernement concernant cette affaire. Malgré les conditions difficiles dans lesquelles vivent les parents des détenus libanais dans les geôles syriennes, sous un soleil de plomb ou une pluie torrentielle, ils maintiennent leur sit-in permanent jusqu’à ce que « justice soit faite ».
Le dossier des détenus libanais dans les geôles syriennes défraye la chronique depuis plus de deux ans et demi. Le drame des familles dure depuis plus de trois décennies et leur cause continue à se heurter au mur du silence. Il ne se passe pas une occasion sans que les familles ne fassent appel à « la conscience » du gouvernement pour que la lumière soit enfin faite sur le sort de...