Ces réunions des directeurs généraux de l'eau ont lieu deux fois par an, dans le cadre de la MED EUWI, et cette réunion se déroule cette fois-ci à Beyrouth. Le ministre de l'Énergie et de l'Eau Alain Tabourian, le ministre français Jean-Louis Borloo, invité d'honneur, Serge Telle, ambassadeur, représentant l'Union pour la Méditerranée (UPM), ainsi que les directeurs généraux des pays membres et de nombreux représentants d'organisations régionales et internationales seront présents. Les présidents du congrès seront Fadi Comair, directeur général du ministère de l'Énergie et de l'Eau, et Michael Scoullos, président du GWP-Med.
Seront notamment discutés des thèmes ayant trait, sur un plan plus vaste, à l'élaboration de la nouvelle stratégie de l'eau en Méditerranée, et les efforts à déployer collectivement pour y arriver, surtout avec la perspective du changement climatique dont l'impact sur le bassin méditerranéen sera une nette pénurie en eau. Ainsi, la première session sera consacrée à la gouvernance de l'eau en Méditerranée, et sera axée sur les initiatives et les processus régionaux en cours, ainsi que sur le rôle de l'UPM dans le domaine de l'eau et du développement durable. Au cours de cette session, le concept de gestion intégrée (globale) des ressources en eau et la nécessité de son application par les pays du sud-est de la Méditerranée seront au centre des interventions et des discussions.
Autre sujet brûlant, celui de la gestion de la demande en eau, une eau qui se fera de plus en plus rare en raison du changement climatique et de la croissance démographique. Au cours de cette deuxième session, des sujets comme l'économie d'eau en vue d'une utilisation maximale, la protection des ressources et autres mesures à prendre, seront soulevés. La délicate question de la tarification de l'eau sera débattue comme outil inévitable de la gestion de la demande de l'eau.
Le financement de l'eau, notamment les projets hydrauliques destinés à satisfaire les besoins des populations, sera abordé par les participants à la réunion. L'accent sera mis sur le partenariat public-privé, et les succès dans ce domaine.
Les cours d'eau transfrontaliers et le partage des ressources sont souvent source de problèmes, entre autres au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. La coopération régionale pour la gestion de ces cours d'eau internationaux sera au menu des discussions des directeurs généraux et des experts, plus précisément l'hydrodiplomatie qui serait fondée sur la coopération en vue de la création d'une dynamique de développement économique au niveau d'un bassin transfrontalier, loin du concept purement sécuritaire.
Le rôle de l'éducation sera discuté au cours d'une session présentée par l'Unesco, des représentants de différentes universités libanaises, françaises et méditerranéennes, ainsi que des représentants de la société civile. L'enseignement universitaire visant à former les futurs « leaders de l'eau » du bassin méditerranéen et sa contribution au développement seront au centre des débats.
Le changement climatique et ses effets sur les ressources hydrauliques des pays du Sud-Est méditerranéen sera bien sûr discuté au cours de cette réunion, sous l'angle de l'adaptation des différents pays à ce phénomène, et les mesures à prendre pour faire face à cette situation qui affectera, à l'évidence, quelque 300 millions de personnes souffrant de pénurie d'eau en 2070.
Un rôle central pour le Liban dans la stratégie régionale
M. Comair précise à L'Orient-Le Jour que cette réunion de directeurs généraux se tient généralement deux fois par an, à l'initiative de la MED EUWI, pilotée par la Grèce. Elle vise à discuter des problèmes d'eau dans les pays de la région, particulièrement des effets néfastes du changement climatique, et de la pénurie d'eau dont risque de souffrir le bassin méditerranéen, avec une mutation graduelle vers des climats plus arides.
Pour faire face à de tels problèmes, toujours selon M. Comair, l'objet de l'Initiative de l'eau de l'UE, avec l'UPM, sera de présenter un plan global pour la gestion de la demande en eau, qui pourra s'adapter aux cas des différents pays. L'accent sera mis, notamment, sur l'irrigation qui utilise actuellement une moyenne de 80 % des ressources des pays du sud-est de la Méditerranée, sachant que les pays de la rive nord, qui disposent de plus d'eau, utilisent des techniques d'irrigation avancées. La question de la réutilisation de l'eau après épuration est aussi au centre des préoccupations.
Selon le directeur général de l'Eau, il faut axer les efforts sur deux paramètres : la mobilisation de ressources dans des barrages et des lacs, et la réutilisation de l'eau épurée tout en introduisant des techniques d'irrigation plus efficaces.
Le troisième thème principal est celui de la gouvernance. M. Comair rappelle que le Liban a adopté une stratégie de l'eau, ce qui pousse la MED EUWI à vouloir mettre en avant son rôle dans l'élaboration d'une stratégie régionale. Il indique également que le concept de la gestion intégrée de l'eau est adopté depuis 2000.
Mais le délai de la mise en application de la stratégie décennale, souligne-t-il, a été repoussé jusqu'à 2018.