«Sous-bois mal entretenus, pompiers mal formés, terrible absence de coordination des opérations, matériel insuffisant »,...
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Les forêts ne pouvaient que s’embraser, faute d’un dispositif efficace de prévention Les incendies en Grèce : une catastrophe annoncée, selon experts et habitants
le 31 août 2007 à 00h00
Touchées par une sécheresse et une canicule exceptionnelles, les forêts grecques ne pouvaient que s’embraser, faute d’un dispositif efficace de prévention et de lutte contre les incendies, s’accordent à dire experts et habitants des régions sinistrées.
«Sous-bois mal entretenus, pompiers mal formés, terrible absence de coordination des opérations, matériel insuffisant », énumère Nikos Georgiadis, le responsable des forêts au sein de la section grecque du WWF (Fonds mondial pour la nature), dénonçant les carences de l’appareil d’État. Dans un pays couvert de forêts à plus de 45 %, les services forestiers n’ont reçu qu’en juin ou juillet les fonds pour débroussailler, « de toute manière insuffisants », s’indigne M. Georgiadis.
Quant à la lutte contre le feu, les pompiers « opéraient sans même avoir une carte de la zone. On les envoie au front avec une bouteille d’eau et une hache », ajoute-t-il, confirmant les déclarations faites par de nombreux témoins des incendies, habitants et touristes étrangers.
Lors de la dernière grande vague d’incendies en 2000, WWF avait déjà interpellé le gouvernement, à l’époque socialiste, avec la même liste de doléances. En vain.
Cette année, les conditions climatiques ont de surcroît été particulièrement mauvaises : vents violents, trois vagues de chaleur estivales – la dernière juste avant le départ des feux – et une sécheresse, une conjonction de facteurs jamais vue depuis plus d’un siècle, selon les autorités grecques.
Pour expliquer la catastrophe, le gouvernement a aussi mis en cause des actions criminelles, et même évoqué un plan terroriste, une thèse bien accueillie par une opinion publique friande de la théorie du complot.
Mais même s’il croit à une action concertée, Costas Kolovas, éleveur de Chrissafa, juge qu’un tel « plan organisé » n’exempte en aucun cas l’État de ses responsabilités. Il rapporte que les habitants de son village du Péloponnèse ont dû se débrouiller « sans l’aide d’un seul véhicule de pompiers », quand ils ont été cernés par les flammes, « dans la panique ».
Dans cette région escarpée, parsemée de villages dispersés et aux routes tortueuses, beaucoup de victimes sont mortes en tentant de fuir, alors qu’elles n’avaient été alertées par personne.
Interrogé par l’AFP, le colonel Luc Jorda, chef des sapeurs-pompiers des Bouches-du-Rhône (France), reconnaît que les populations « n’étaient pas forcément bien informées ». Avec moins de victimes civiles, la France « a aussi connu une expérience traumatisante en 1979, quand tout le sud du pays a brûlé. Cela a conduit à la prise de mesures volontaristes et énergiques », ajoute-t-il. Pour lui, les autorités vont notamment devoir « se poser des questions sur les plans de regroupements et d’alerte des populations, d’aménagement et de maillage du territoire ». En termes d’effectifs, à titre de comparaison, la France dispose de 30 000 pompiers pour sa région sud, Corse comprise, contre 17 500, dont 5 500 saisonniers mal formés, pour l’ensemble de la Grèce.
Autre souci : les autorités grecques ont donné la priorité à la couverture aérienne de lutte contre les incendies, au détriment de la couverture terrestre. Or souvent les avions ne peuvent pas voler : dans le cas présent, avec des vents violents et des nuages de fumée coupant toute visibilité, la plupart sont longtemps restés cloués au sol.
Selon une première estimation des préfectures des départements les plus touchés, les incendies, qui ont tué 63 personnes, ont ravagé dans la seule région du Péloponnèse plus de 150 000 hectares de terrains.
Touchées par une sécheresse et une canicule exceptionnelles, les forêts grecques ne pouvaient que s’embraser, faute d’un dispositif efficace de prévention et de lutte contre les incendies, s’accordent à dire experts et habitants des régions sinistrées.
«Sous-bois mal entretenus, pompiers mal formés, terrible absence de coordination des opérations, matériel insuffisant »,...
«Sous-bois mal entretenus, pompiers mal formés, terrible absence de coordination des opérations, matériel insuffisant »,...
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