L’armée, gardienne du régime laïque, a déjà marqué à plusieurs reprises, depuis l’élection de M. Gül mardi par le Parlement, son...
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Turquie - Un nouveau geste de défiance envers le chef d’État issu de la mouvance islamiste L’armée refuse d’inviter la femme voilée de Gül aux cérémonies du Jour de la victoire
le 31 août 2007 à 00h00
L’armée turque a refusé hier d’inviter l’épouse, qui porte le voile islamique, du nouveau président Abdullah Gül aux cérémonies du Jour de la victoire, dans un nouveau geste de défiance envers le chef d’État issu de la mouvance islamiste.
L’armée, gardienne du régime laïque, a déjà marqué à plusieurs reprises, depuis l’élection de M. Gül mardi par le Parlement, son hostilité à cette présidence qu’elle soupçonne de vouloir islamiser la Turquie, s’attirant la désapprobation de la plupart des médias.
La Première dame, Hayrünnisa Gül, dont le voile est perçu par les défenseurs les plus sourcilleux de la laïcité comme un symbole de rejet du système laïque, n’a pas assisté hier au défilé militaire célébrant la victoire, le 30 août 1922, des troupes turques sur les forces grecques. L’épouse du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, également voilée, n’a pas non plus été invitée, comme lors des années passées depuis l’arrivée au pouvoir en 2002 du Parti de la Justice et du Développement (AKP) de M. Erdogan.
M. Gül était assis entre M. Erdogan et le chef de l’état-major, le général Yasar Büyükanit, avec lequel il a échangé peu de paroles, les deux hommes assistant à la cérémonie avec des visages graves.
Mme Gül ne devait pas non plus assister à la réception traditionnellement offerte par les militaires à l’occasion du Jour de la victoire, les hôtes n’ayant, selon la presse, pas mentionné son nom dans l’invitation transmise au nouveau président.
L’interdiction du voile islamique dans les administrations et les universités turques est strictement appliquée par l’armée - les officiers dont les femmes sont voilées sont exclus de toute promotion et souvent renvoyés.
M. Gül, qui a dirigé la diplomatie turque depuis 2003 jusqu’à son élection, assure avoir de longue date abandonné tout lien avec l’islam politique et s’est engagé après son élection à défendre la séparation entre l’État et la religion et à être un président impartial.
Les généraux n’en ont pas moins exprimé leur défiance. Mercredi, le général Büyükanit et plusieurs officiers se sont ostensiblement abstenus de saluer le président, comme il est de coutume, au moment de monter sur une estrade pour une cérémonie de remise de diplômes à l’académie militaire GATA d’Ankara.
Les généraux, qui ont déjà renversé quatre gouvernements en un demi-siècle, avaient également boudé mardi la cérémonie de prestation de serment du nouveau président, qui est aussi commandant en chef des forces armées.
La veille de l’élection, le général Büyükanit avait dénoncé dans un communiqué célébrant le Jour de la victoire des « foyers du mal qui essayent systématiquement d’éroder la structure laïque du pays » et assuré que « les forces armées (...) ne feront pas de concessions ».
Ces gestes de défiance ont été modérément appréciés par la presse.
« La personne qui est le commandant en chef de l’armée n’a pas bénéficié du respect auquel elle a droit », écrivait hier le quotidien populaire Vatan. « Nous comprenons que M. Gül soit traité avec suspicion (mais) nous espérons que les forces armées corrigeront leur attitude de façon à aider le président Gül à prouver son attachement à la République laïque », poursuivait-il.
Le journal Aksam a adressé un appel similaire : « On n’attend pas des généraux qu’ils s’adaptent à la nouvelle situation sur-le-champ, mais ils devraient reconsidérer certaines de leurs attitudes. » M. Gül a fait assez « pour ouvrir la voie à une réconciliation à la tête de l’État », estimait le quotidien.
L’armée turque a refusé hier d’inviter l’épouse, qui porte le voile islamique, du nouveau président Abdullah Gül aux cérémonies du Jour de la victoire, dans un nouveau geste de défiance envers le chef d’État issu de la mouvance islamiste.
L’armée, gardienne du régime laïque, a déjà marqué à plusieurs reprises, depuis l’élection de M. Gül mardi par le Parlement, son...
L’armée, gardienne du régime laïque, a déjà marqué à plusieurs reprises, depuis l’élection de M. Gül mardi par le Parlement, son...
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