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Actualités - CHRONOLOGIE

Irak - L’armée US accueille avec prudence la trêve de l’Armée du mahdi Sadr calme le jeu en attendant de reprendre l’initiative politique

L’annonce par le jeune chef chiite, Moqtada Sadr, d’une trêve de six mois face aux Américains et d’une restructuration de son mouvement illustre sa volonté de préserver sa crédibilité comme acteur politique central sur la scène irakienne. Mais le commandement américain en Irak a accueilli hier avec prudence l’annonce d’une suspension des opérations militaires de l’Armée du mahdi, une décision suivie d’effet dès hier dans les bastions sadristes de Bagdad. Le chef de l’Armée du mahdi « est un redoutable politique, très avisé et calculateur », estime Adel Darwish, un expert du Moyen-Orient basé à Londres. « Il va rester calme pendant six mois ou un an », pronostique M. Darwish, « mais on peut s’attendre à ce que, très discrètement, il redevienne actif ». Notamment lors du départ des troupes britanniques de la région de Bassora, et « à plus long terme après l’inévitable retrait américain », où il pourra alors faire « ce qu’il veut », assure l’analyste. Moqtada Sadr a ordonné mercredi à ses quelque 60 000 miliciens de l’Armée du mahdi de suspendre pour six mois leurs activités – et notamment leurs attaques contre les Américains –, après avoir été mis en cause dans des heurts qui ont fait plus de 50 morts dans la ville sainte de Kerbala la veille. Démentant toute implication dans ces violences, il s’est cependant engagé à purger le bras armé de son mouvement des groupes indisciplinés qui échappent à son autorité et entament la crédibilité de sa formation, la plus populaire au sein de la communauté chiite majoritaire en Irak. Les nouvelles violences de Kerbala « sont une gêne pour Moqtada Sadr », juge Joost Hiltermann, spécialiste de l’Irak pour l’organisation International Crisis Group (ICG). « Il ne veut pas être vu en train de combattre des chiites à quelques mètres des mausolées de l’imam Hussein et de l’imam Abbas », lieux saints du chiisme. « L’Armée du mahdi compte trop d’éléments incontrôlés dans ses rangs, et Sadr veut s’en débarrasser, tout en reprenant le contrôle total de sa milice », explique M. Hiltermann, assurant qu’il s’agit pour le leader chiite d’un « problème purement interne ». Pour autant, Sadr n’a pas l’intention de dissoudre ou démanteler l’Armée du mahdi. « Sadr a besoin de l’Armée du mahdi. Tant qu’il peut jouer de la violence, les autres partis reconnaîtront sa légitimité », souligne M. Hiltermann, pointant du doigt son « double jeu » militaire et politique. Toujours selon ce responsable d’ICG, Moqtada Sadr conserve pour principal objectif politique la mission de « révolution sociale » que s’était fixée son père, le grand ayatollah Mohammad Sadek Sadr : défendre et parler au nom des classes laborieuses chiites. Son but sur le long terme « est toujours d’affronter l’establishment chiite pour assurer à la majorité populaire une part du gâteau ». Après le bain de sang de Kerbala, « Sadr va réduire les activités (de l’Armée du mahdi) pour quelque temps », analyse également Nabil Mohammad Younis, professeur d’études stratégiques à l’université de Bagdad. « Il a perdu beaucoup d’autorité, de nombreux responsables de son mouvement agissent uniquement selon leurs propres intérêts » et sont « indisciplinés », constate-t-il. Mais Sadr se prépare déjà à reprendre l’initiative politique dans les prochains mois, « au gouvernement ou au Parlement », selon M. Younis. Tout en « continuant à suivre attentivement la situation militaire, en particulier le retrait des troupes américaines ». De son côté, le commandement américain en Irak a accueilli avec prudence l’annonce de la trêve. « À chaque fois que quelqu’un en Irak, et particulièrement un chef, veut recourir à des méthodes non violentes pour résoudre les problèmes (...), nous encourageons cela », a commenté un porte-parole de l’armée américaine, le lieutenant-colonel Chris Garver. « Comme toujours, la preuve (de cet engagement) sera ce que nous constaterons sur le terrain », a-t-il toutefois souligné. Le gouvernement irakien s’est pour sa part félicité de cette « très bonne nouvelle » qui « contribuera à la paix et à la stabilité », selon le conseiller national à la Sécurité, Muwaffaq al-Rubaie. Suivant le mot d’ordre de leur leader, les miliciens en noir de l’Armée du mahdi ont déserté hier les rues de Sadr City, immense banlieue chiite de Bagdad et bastion de Moqtada Sadr. Enfin, les forces de sécurité irakiennes ont arrêté 72 hommes armés après les affrontements meurtriers survenus mardi à Kerbala, a annoncé hier le ministère de la Défense. Des armes ont également été saisies lors de perquisitions dans des habitations de cette ville.
L’annonce par le jeune chef chiite, Moqtada Sadr, d’une trêve de six mois face aux Américains et d’une restructuration de son mouvement illustre sa volonté de préserver sa crédibilité comme acteur politique central sur la scène irakienne. Mais le commandement américain en Irak a accueilli hier avec prudence l’annonce d’une suspension des opérations militaires de l’Armée du...