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Le gouvernement et le Hezbollah accusent l’ONG de sympathie envers l’État hébreu Levée de boucliers au Liban contre le rapport de Human Rights Watch sur la guerre de juillet

La justice interdit la conférence de presse de l’organisation initialement prévue pour aujourd’hui L’organisation non gouvernementale Human Rights Watch (HRW), qui a préparé un rapport sur le non-respect par le Hezbollah du droit international humanitaire durant la guerre de l’été dernier qui l’a opposé à Israël, avait prévu de tenir une conférence de presse aujourd’hui à l’hôtel Crowne Plaza, à Hamra. Une conférence qui n’aura pas lieu puisque les autorités judiciaires ont choisi de répondre favorablement à la demande d’interdiction présentée par l’avocate May Khansa devant le juge des référés de Beyrouth, Fadi Nachar. Le juge Nachar a ainsi décidé de notifier le HRW et la direction de l’hôtel Crowne Plaza de cette interdiction, et le texte de la décision judiciaire a mis l’accent sur « le fanatisme aveugle de Human Rights Watch, et sa sympathie absolue et sans limites envers l’État appelé Israël et avec le sionisme sous toutes ses formes ». Le texte ajoute qu’il suffit de revenir à la multitude de décisions publiées depuis sa fondation pour qu’apparaisse « un manque de respect envers les peuples arabes ». Toutes ces allégations ne sont pas « que des paroles, il suffit de jeter un coup d’œil sur une page parmi celles produites par cette organisation pour se rendre compte qu’elle considère que le Hezbollah et sa résistance constituent une violation grave des droits de l’homme ». Il convient de souligner qu’un document consacré aux attaques israéliennes ayant entraîné la mort de civils au Liban sera publié par l’organisation le 6 septembre prochain, à Jérusalem. Toujours est-il que selon la responsable de HRW pour le Moyen-Orient et le Maghreb, Sarah Lea Watson, cette conférence a dû être annulée pour des raisons de sécurité qui se faisaient de plus en plus évidentes, notamment après l’attaque ciblée du Hezbollah contre l’ONG et le rapport qu’elle publie aujourd’hui. Sarah Lea Watson a d’ailleurs fait état d’une campagne systématique de dénigrement et d’accusations lancée par la chaîne télévisée du Hezbollah, al-Manar, qui, à plusieurs reprises, avait accusé des partis libanais d’apporter de l’aide à HRW afin de préparer le rapport controversé. Mme Watson explique que l’ONG a maintes fois demandé à s’expliquer avec le Hezbollah, mais qu’elle n’a jamais reçu de réponses conséquentes à ses doléances. Al-Manar avait d’ailleurs donné le ton, il y a plusieurs jours de cela, en annonçant que « des organisations libanaises » étaient en train d’œuvrer afin d’empêcher la tenue de la conférence de presse de HRW. La responsable de l’ONG ajoute que la conférence a été annulée à cause de problèmes sécuritaires qui sont apparus après que l’hôtel eut décidé d’accueillir ladite conférence. Human Rights Watch a ensuite choisi de ne plus tenir de conférence et de publier le rapport sur-le-champ. « Nous nous concentrons sur les civils, où qu’ils soient, et nous ne prenons partie pour personne », a précisé à cet égard Sarah Lea Watson. Crimes de guerre Tant le Hezbollah que le gouvernement ont cependant dénoncé le rapport de Human Rights Watch qui s’est concentré sur les attaques menées par le Hezbollah contre Israël en 2006. Les instances libanaises, gouvernement et Hezbollah confondus, ont affirmé que ce rapport déformait la réalité. Le rapport de 128 pages, qui doit être publié aujourd’hui, est consacré aux attaques à la roquette menées par le Hezbollah « de façon ciblée ou sans discrimination contre des civils et des objectifs civils » pendant le conflit, selon un communiqué de l’organisation de défense des droits de l’homme basée à New York. Le rapport, intitulé « L’assaut contre les civils : les attaques de roquettes du Hezbollah sur Israël durant la guerre de 2006 », analyse plus de 20 cas étudiés dans le nord d’Israël et met en évidence la nature délibérée des attaques du Hezb qui, selon le HRW, ressort des centaines de communiqués publiés par le Hezb durant la guerre. « Human Rights Watch estime qu’un certain nombre de roquettes qui ont été tirées ont été lancées en direction de régions qui ne servaient pas de zone militaire (...) ce qui indique que les civils étaient délibérément visés », souligne le texte du rapport. Il exhorte le Hezbollah à cesser toute attaque délibérée contre les civils, ainsi que « toutes les attaques qui ne distinguent pas entre les cibles civiles et les combattants, et de cesser de déclarer publiquement que les attaques contre les civils sont permises en signe de représailles contre les attaques de civils libanais ». Le texte s’adresse aussi à la Syrie et à l’Iran qu’il exhorte de ne plus transférer d’armes au Hezbollah, notamment celles par le biais desquelles il a violé le droit humanitaire international. Ce même rapport recommande d’autre part au gouvernement libanais de procéder à une enquête avec les membres du Hezbollah et de les poursuivre en justice pour crimes de guerre. Le bureau du Premier ministre a de ce fait immédiatement réagi hier en qualifiant cette recommandation d’« inacceptable », ajoutant qu’une telle décision ne devait pas être prise par cette ONG. « Il aurait fallu qu’Israël soit poursuivi et jugé pour les massacres » qu’il a commis, ainsi que pour « sa violation des coutumes et conventions internationales ». « Israël, lors de l’attaque de juillet 2006, a violé toutes les conventions et lois internationales », a déclaré dans un communiqué le bureau de M. Siniora, estimant que HRW « aurait dû commencer par Israël afin de mettre en contexte l’immensité des crimes commis contre les civils ». Israël « a tué près de 1 200 Libanais et en a blessé des milliers, et 72 heures après l’adoption de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, il a déversé 3,5 millions de sous-munitions sur le sud du pays », a ajouté M. Siniora. Le porte-parole du Hezbollah, Hussein Rahal, a de son côté affirmé que HRW aurait dû diriger ses premières critiques contre Israël. « Nous avons été les victimes, et les gens ont le droit de se défendre, a-t-il déclaré. Nous n’avons pas visé de civils, mais Israël de son côté a visé la population civile du Liban. » Réactions Waël Khair et Nabil Halabi, de l’Association libanaise pour la démocratie et les droits de l’homme, ont estimé qu’il était « bizarre que le pouvoir judiciaire sacrifie les droits de l’homme. C’est ce qu’ont espéré ceux qui ont recours au troisième pouvoir afin d’interdire une conférence de presse organisée par Human Rights Watch dont l’objet était d’annoncer le constat auquel l’ONG est parvenue après une étude approfondie du droit humanitaire et du déroulement des 33 jours de guerre durant l’été dernier ». Le ministre démissionnaire des Affaires étrangères (AE), Faouzi Salloukh, a de son côté condamné « l’action de cette organisation qui prétend être au service des droits de l’homme », soulignant qu’il était du devoir de cette ONG d’être au service de tous et de ne pas être partiale. M. Salloukh s’est à cet égard interrogé : « Comment ces gens-là sont-il arrivés à Beyrouth, de quelle manière, et leur but était-il connu à l’avance avant leur arrivée ici ? » L’ancien Premier ministre Sélim Hoss a pour sa part indiqué que la conférence de presse de HRW constituait « l’arrogance dans son aspect le plus indigne », ajoutant qu’« ils oublient qu’Israël est une entité offensive et terroriste qui a entrepris de tuer et de chasser de leur terre des centaines de milliers de Palestiniens ».
La justice interdit la conférence de presse de l’organisation initialement prévue pour aujourd’hui

L’organisation non gouvernementale Human Rights Watch (HRW), qui a préparé un rapport sur le non-respect par le Hezbollah du droit international humanitaire durant la guerre de l’été dernier qui l’a opposé à Israël, avait prévu de tenir une conférence de presse aujourd’hui...