Ce sont ces fermes positions qu’affiche le président Berry devant ses visiteurs, en se démarquant nettement de son « allié organique », le Hezbollah, comme des autres composantes de l’opposition, qui continue à exiger la mise en place préalable d’un cabinet dit d’union, avec tiers de blocage, et menace, sinon, de torpiller l’échéance présidentielle. Il faut tout de suite relever, cependant, qu’en même temps M. Berry se dit plus proche que jamais de sayyed Hassan Nasrallah. Ce qui fait que beaucoup se demandent si...
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Tactique ou paravent, Berry affiche des positions nettement étatiques et nationales
Par ABI AKL Philippe, le 30 août 2007 à 00h00
Pas de vide institutionnel. Pas de partition. Pas de deuxième gouvernement. Et pas de fractionnement en trois du partage à deux chrétiens-musulmans. Ferme attachement à Taëf. Élection présidentielle dans les délais légaux. Sur base d’un quorum des deux tiers. Pour un président de consensus.
Ce sont ces fermes positions qu’affiche le président Berry devant ses visiteurs, en se démarquant nettement de son « allié organique », le Hezbollah, comme des autres composantes de l’opposition, qui continue à exiger la mise en place préalable d’un cabinet dit d’union, avec tiers de blocage, et menace, sinon, de torpiller l’échéance présidentielle. Il faut tout de suite relever, cependant, qu’en même temps M. Berry se dit plus proche que jamais de sayyed Hassan Nasrallah. Ce qui fait que beaucoup se demandent si son attitude conciliatrice n’est pas finalement un simple paravent. Tactique.
En tout cas, le président de la Chambre, à qui il faut quand même laisser le bénéfice du doute, reste pour le moment résolument optimiste. Il rejette, à l’entendre, toute logique de défi et de contrainte. Il insiste : « Pour sortir le Liban de la crise dans laquelle il se débat, il n’y a qu’une seule et unique voie qui a pour nom présidence de la République. »
Équivoque mineure
Cerise sur le gâteau : M. Berry se place désormais en retrait par rapport à la thèse opposante, qu’il défendait lui-même auparavant, concernant la légitimité du gouvernement en place. Il affirme en effet dorénavant que le ministre démissionnaire des Affaires étrangères reste pleinement légal et constitutionnel, qu’il a le droit et le devoir d’expédier les affaires courantes et qu’il garde ses prérogatives entières, même s’il a présenté sa démission. Un point de vue que le Hezbollah, farouche contempteur d’un cabinet qu’il juge légalement « inexistant », condamne sans ambages.
Il faut cependant souligner, et les loyalistes s’en étonnent, que M. Berry ne va pas jusqu’à proclamer franchement que le gouvernement Siniora est bien légitime et légal. Ils relèvent d’ailleurs qu’en tant que président de la Chambre, il n’aurait jamais dû voir les choses autrement, du moment que le cabinet jouit toujours de la confiance du Parlement. Ils ne comprennent pas comment considérer un ministre comme légal et pas le reste du gouvernement.
De plus, s’en prenant à l’hérésie constitutionnelle que constitue à leurs yeux le comportement de M. Salloukh, ils lui reprochent de continuer à soutenir lui-même que le gouvernement est en défaut question légitimité. Alors même qu’il paraphe tous les jours le courrier officiel qui lui parvient de la présidence du Conseil.
L’important, c’est la rose
Mais c’est là, en quelque sorte, bataille secondaire d’arrière-garde. Les loyalistes reconnaissent que, pour l’essentiel, la ligne du président Berry leur donne satisfaction, car il les rejoint sur la nécessité absolue d’assurer la présidentielle, en laissant tomber la pseudopriorité d’un changement préliminaire de gouvernement, que le Hezbollah persiste à réclamer, ne serait-ce qu’une demi-heure avant l’élection. De même, M. Berry se place sur la même longueur d’onde que les majoritaires, assez nombreux, qui pensent qu’il vaudrait mieux en passer par un président de consensus. Une option qui ne fait cependant pas l’unanimité au sein du camp du 14 Mars dont certains pôles soutiennent qu’avec ou sans entente il faudra élire un président indépendantiste, sorti de leurs rangs.
Doutes sur les vraies intentions
Il reste cependant, élément assez troublant au fond, que les cadres du mouvement Amal dénoncent les tentatives loyalistes d’exploiter les contradictions opposant le mouvement au Hezb, et vont jusqu’à parler de divorce entre les deux formations chiites. Pour les proches de M. Berry, les majoritaires « feraient mieux de tricoter avec une autre aiguille ». Ils soutiennent que l’alliance tient bon, qu’elle est même fusionnelle. Que les relations entre leur chef de file et sayyed Hassan Nasrallah dépassent même le cadre stratégique pour s’affirmer comme basées sur une union parfaite.
Il s’agirait donc d’une « répartition des rôles ». D’ailleurs, M. Berry l’avoue ouvertement quand il déclare : « Moi, je m’occupe du volet politique. Je m’entretiens, je négocie avec des parties locales comme avec des diplomates ou des émissaires arabes et occidentaux, ainsi qu’à travers mes contacts avec des responsables étrangers. Cela, en mon nom et en celui du sayyed. Nous sommes en concertation permanente. Lui, il traite le plan sécuritaire et militaire au niveau de la direction de la Résistance, pour faire échec aux visées de l’ennemi. »
Cette harmonie, cette « constante concertation » avec le sayyed, dont M. Berry, amènent les loyalistes à se poser des questions. Faudrait-il croire que le leader du Hezbollah partage secrètement les orientations lénifiantes de son allié ? Ne doit-on pas plutôt penser, étant donné le rapport de forces politiques largement favorable au sayyed, qu’il laisse tactiquement faire, parce qu’il est toujours bon de ne pas avoir tous ses œufs dans un même panier. Et ne doit-on pas se souvenir qu’il est beaucoup arrivé à M. Berry de faire machine arrière, après avoir tenté des initiatives conciliatrices, après s’être fait pour ainsi dire taper sur les doigts. Sinon par le Hezb, du moins par Damas, comme lorsqu’il s’était rendu jadis à Bkerké…
Riposte
Les proches de M. Berry assurent de leur côté que, dans son discours de Baalbeck pour la commémoration de la disparition de l’imam Moussa Sadr, il va proclamer des positions qui engageront également le Hezb, ainsi d’ailleurs que tout le front de l’opposition.
Se tournant et se retournant contre MM. Walid Joumblatt et Samir Geagea, ils les accusent d’attiser à dessein le feu de l’escalade, afin de torpiller les tentatives d’arrangement et de sortie de crise. Les prosyriens reprennent à leur propre compte le vieux refrain du « remote control », pour pointer Washington du doigt.
Les militants du 8 Mars vont même jusqu’à soutenir que MM. Geagea et Joumblatt cherchent à entraîner le Hezbollah dans des affrontements armés, pour plonger le pays dans l’anarchie et l’instabilité. Cela afin que le Hezb s’attire le courroux, et les pressions, de la communauté internationale comme de nombre de puissances arabes ou occidentales, qui l’accuseraient alors d’en avoir menti en prétendant que ses armes sont dirigées uniquement vers l’ennemi et non contre l’intérieur.
Bien entendu, les loyalistes se gaussent de l’excès d’imagination dont fait montre, selon eux, le camp adverse quand il parle de piège tendu au Hezb. Ils se demandent d’où les opposants tiennent leurs informations. Et soulignent qu’on ne voit pas à quelles provocations le Hezb, seul armé sur la scène locale, pourrait se trouver confronté. Pour eux, il est clair que cette sous-campagne opposante n’est que simple diversion et poudre aux yeux. Un écran de fumée pour mieux abriter des regards l’immixtion syrienne, cette intervention massive qui paralyse l’État et cause la crise, en mettant en péril la présidentielle. S’il y a complot étranger, concluent les loyalistes, c’est du côté de Damas qu’il faut regarder.
Philippe ABI-AKL
Pas de vide institutionnel. Pas de partition. Pas de deuxième gouvernement. Et pas de fractionnement en trois du partage à deux chrétiens-musulmans. Ferme attachement à Taëf. Élection présidentielle dans les délais légaux. Sur base d’un quorum des deux tiers. Pour un président de consensus.
Ce sont ces fermes positions qu’affiche le président Berry devant ses visiteurs, en se démarquant nettement de son « allié organique », le Hezbollah, comme des autres composantes de l’opposition, qui continue à exiger la mise en place préalable d’un cabinet dit d’union, avec tiers de blocage, et menace, sinon, de torpiller l’échéance présidentielle. Il faut tout de suite relever, cependant, qu’en même temps M. Berry se dit plus proche que jamais de sayyed Hassan Nasrallah. Ce qui fait que beaucoup se demandent si...
Ce sont ces fermes positions qu’affiche le président Berry devant ses visiteurs, en se démarquant nettement de son « allié organique », le Hezbollah, comme des autres composantes de l’opposition, qui continue à exiger la mise en place préalable d’un cabinet dit d’union, avec tiers de blocage, et menace, sinon, de torpiller l’échéance présidentielle. Il faut tout de suite relever, cependant, qu’en même temps M. Berry se dit plus proche que jamais de sayyed Hassan Nasrallah. Ce qui fait que beaucoup se demandent si...