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Actualités - OPINION

Avec l’ouverture occidentale dans sa direction, la Syrie marque des points importants

Réalistes, sachant qu’équité et politique ne sont pas synonymes, des pôles avouent redouter que la Syrie ne parvienne, en fin de compte, à ses objectifs. En monnayant, au prix fort, le changement de comportement que les Occidentaux et les Arabes lui demandent d’opérer. Au Liban et ailleurs. Ces craintes se fondent sur un premier constat plutôt amer : en pressant la Syrie de faciliter la présidentielle libanaise, moyennant les avantages d’une ouverture française spectaculaire en sa direction, le président Sarkozy et le ministre Kouchner lui reconnaissent un rôle prépondérant dans cette échéance. Et, par voie de conséquence, ils admettent en quelque sorte son droit de jouer la carte libanaise. Dans le fond, c’est à peu près le même langage que les divers émissaires européens qui ont défilé ces derniers mois à Damas ont tenu. Sur un ton où les promesses le disputaient aux admonestations. Donc, soulignent ces pôles locaux, au lieu de sanctionner les atteintes syriennes à la stabilité politico-sécuritaire libanaise, ainsi qu’à l’économie de ce pays, au lieu d’isoler la Syrie pour la forcer à modifier sa ligne ici, comme par rapport à l’Irak ou à la Palestine, on lui fait risette. En s’engageant à récompenser sa contribution active, via ses alliés du cru, à une présidentielle libanaise normale. Débouchant sur l’avènement d’un président qui, cerise sur le gâteau, serait persona grata à ses yeux. En la gratifiant, autrement dit, d’un droit de veto sur tout candidat. Ce qui signifie qu’une éventuelle concrétisation de la 1701 et de la 1559 ne se ferait qu’à travers le filtre des intérêts communs. En d’autres termes, en épargnant soigneusement le régime syrien et ses succédanés. En prenant largement en compte leurs vues et leurs visées propres. Ainsi, le Hezbollah ne désarmerait qu’après le retrait israélien du Golan autant que de Chebaa. Voire après la conclusion d’une paix globale dans la région. Dans un tel tableau, la situation au Liban resterait fondamentalement problématique. Car à l’ombre d’un nouveau régime ayant l’aval de Damas, il ne pourrait être question d’édifier un État fort, véritablement souverain, étendant son autorité sur l’ensemble du territoire. Du moment que le Hezbollah garderait sa milice armée et les camps palestiniens leur arsenal, sans compter le maintien des bases extérieures dont disposent les organisations d’obédience syrienne. Un précédent dangereux L’équation se résume dès lors de la sorte : pour prix de la stabilité libanaise, qu’elle cesserait d’attaquer, et de l’échéance présidentielle, la Syrie obtiendrait un régime libanais qui lui serait favorable. Plus loin, pour prix de sa coopération en Irak, elle décrocherait un panier d’accords économiques et commerciaux. Quant à son soutien au Hamas, qu’elle le retire ou non n’y changerait pas grand-chose, car ce mouvement est en mesure de continuer à tracasser le Fateh. Il faut réaliser, soulignent ces pôles, qu’au cas où une telle éventualité devait prendre corps, elle constituerait une prime d’encouragement à toute surenchère radicale de violence. Chaque État ou chaque formation serait tenté d’adopter une ligne de chantage aussi fructueuse. Et il y aurait fatalement, un jour ou l’autre, sur tel front ou sur tel autre, un point de rupture qui serait atteint. Avec explosion généralisée, nouvelle guerre aux conséquences incalculables et risque certain de dislocation régionale. Autre péril sous-jacent : le torpillage de la justice internationale. Donc d’un moyen probant de lutte contre le fléau du terrorisme mondial. Il est en effet évident, et notoire, que l’un des buts principaux de la Syrie est de neutraliser le tribunal mis en place pour juger de l’assassinat du président Hariri et des autres attentats commis au Liban. Cela, à travers l’instrument efficace que représenterait un régime libanais qui lui serait acquis. Et qui pourrait faire valser les juges libanais à sa guise, ou triturer à son gré la procédure. À ce propos, il importe à la Syrie de faire retarder la publication de l’acte d’accusation, pour qu’elle n’intervienne pas avant qu’elle ait obtenu, au Liban, le président de ses rêves. Les sources citées débouchent sur les conclusions suivantes : sautant sur l’aubaine que lui offre la proposition française, la Syrie va faire mine de faciliter la présidentielle libanaise. À la stricte condition qu’elle débouche sur un choix qui lui agrée au plus haut point. Et lui permette de rétablir, pratiquement, sa tutelle sur ce pays. En évinçant la majorité indépendantiste. Via un gouvernement qui organiserait des législatives anticipées en base d’un code assurant la victoire des prosyriens. Émile KHOURY

Réalistes, sachant qu’équité et politique ne sont pas synonymes, des pôles avouent redouter que la Syrie ne parvienne, en fin de compte, à ses objectifs. En monnayant, au prix fort, le changement de comportement que les Occidentaux et les Arabes lui demandent d’opérer. Au Liban et ailleurs.
Ces craintes se fondent sur un premier constat plutôt amer : en pressant la Syrie de...