Le Hezbollah a de nouveau plaidé en faveur d’un partenariat politique national, en renouvelant ses critiques contre la majorité. Mais si son bloc parlementaire a estimé qu’une entente interlibanaise est inévitable, en dépit de l’escalade au niveau du discours politique, un de ses députés, Hussein Hajj Hassan, est tombé à bras raccourcis sur la majorité, l’accusant de refuser toute solution de compromis parce qu’elle veut accaparer le pouvoir et mettant en doute sa volonté d’accepter un gouvernement d’entente nationale après l’élection présidentielle.
Le Bloc parlementaire de fidélité à la Résistance a tenu sa réunion hebdomadaire sous la présidence de M. Mohammad Raad et en présence des députés Mohammad Fneich, Hassan Fadlallah, Amine Cherry, Pierre Serhal, Ali Ammar, Kamel Rifaï, Ismaïl Succariyeh, Ali Mokdad, Nawar Sahili, Jamal Takch et Mohammad Haïdar.
Une partie de la réunion a été consacrée au souvenir de l’imam Moussa Sadr, dont le Liban commémore le vingt-neuvième anniversaire de sa disparition. Le bloc a souligné l’engagement de l’imam Sadr en faveur de l’édification d’un Liban unifié, de l’État de droit, de la coexistence, du dialogue civilisé entre les communautés et les différents courants politiques, du développement équilibré des régions et de la consolidation de la Résistance.
Silence suspect
Condamnant le silence « suspect » autour de la disparition de l’imam Sadr, le bloc a invité les Libanais à revoir leurs positions en s’inspirant du parcours du dignitaire chiite. Il a estimé que ces derniers « n’ont d’autre choix que de s’entendre entre eux, en dépit de l’escalade au niveau du discours politique adopté par certains pôles de l’équipe au pouvoir ». Pour le bloc parlementaire du Hezbollah, « la meilleure issue à la crise serait que tout le monde reconnaisse la nécessité d’un partenariat national, en application du document d’entente nationale et de la Constitution ». « Insister pour aller à l’encontre de la coexistence, monopoliser le pouvoir et tirer sa force des Américains finiront par ruiner le pays et équivalent à se jeter dans le giron de la tutelle étrangère », a ajouté le bloc du Hezbollah.
Il a aussi considéré que « le langage de l’intimidation et les menaces de violer la Constitution en ne respectant pas le quorum fixé pour l’élection du président sont le propre de ceux qui sabotent les intérêts du pays au profit d’illusions miliciennes autocratiques menaçant la stabilité du peuple ».
Les députés du Hezbollah ont en outre estimé que « le conflit autour du projet politique du pouvoir ne peut pas être réglé par des tentatives d’imposer un fait accompli aux différents partenaires ou par une logique majoritaire passagère dans un pays qui ne peut être géré que par l’entente ». « Cela minera l’unité nationale et aggravera les dangers qui menacent le pays. Le seul moyen de parvenir à une solution réelle passe par la concorde au sein d’un gouvernement de partenariat national et par une entente au sujet du président de la République », ont-ils poursuivi, estimant que celui-ci « doit pouvoir rapprocher les points de vue entre les Libanais et définir une orientation nationale commune qui jetterait les bases d’une conception commune de l’intérêt national supérieur ».
Un suicide politique
À Zawtar Charqiyé, au Liban-Sud, où il a participé à un meeting oratoire, M. Hajj Hassan s’est par ailleurs étonné de ce que « l’appel de l’opposition à la formation d’un gouvernement d’entente nationale soit considéré comme un suicide ». « Est-ce le partenariat ou le monopole du pays qui doit être considéré comme du suicide ? » s’est-il insurgé, reprochant à la majorité de « prétexter le manque de temps » pour ne pas former un cabinet d’union. « Ceux qui avancent ces propos sont les mêmes qui, il y a près d’un an, ont rejeté ce gouvernement. Il ne s’agit donc pas d’une question de temps, mais d’une question de principe », a-t-il dit, en s’interrogeant, sceptique, sur le point de savoir si ces derniers vont accepter, après la présidentielle, la mise en place d’un cabinet d’union.
Pour lui, « le discours de la majorité est clair : il repose sur le monopole du pouvoir et la tentative de dominer tous les postes publics ». « Si le président de la Chambre, Nabih Berry, a essayé un jour de leur attribuer un peu d’honneur et de dignité du fait de la victoire (contre Israël) en donnant au gouvernement le nom de gouvernement de la résistance politique, c’est pour leur tendre une perche pour qu’ils abandonnent leur position de neutralité entre la Résistance et le peuple, d’une part, et l’ennemi israélien et l’agression américaine contre le Liban, d’autre part », a ajouté M. Hajj Hassan, affirmant que la majorité a attaqué le chef du Parlement « parce qu’il constitue une garantie nationale et qu’il essaie de trouver une solution à la crise politique, et s’est retournée contre le commandant en chef de l’armée quand ce dernier a adopté une position qui ne lui avait pas plu ». « Ce groupe veut monopoliser le pouvoir. Il a des engagements politiques envers les États-Unis en contrepartie d’autres promesses américaines », a accusé le député.
Affirmant que l’opposition tient à un partenariat national, qu’il considère comme le seul moyen pour sortir de la crise, M. Hajj Hassan a estimé qu’une solution politique est encore possible, mais a exprimé son scepticisme quant à la volonté de la majorité de parvenir à un règlement. « Peut-être que leurs intérêts sont plus importants ou qu’ils veulent aller jusqu’au bout de leur défi en empêchant le partenariat » politique, a-t-il dit.
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