« Nous étions en train de déjeuner chez des amis dans le village d’Artemida. Il était environ 14h00. Nous avons vu l’incendie qui semblait très loin sur la colline avant de réaliser qu’il avançait droit sur nous », raconte à l’AFP ce jeune homme au visage, aux mains et aux...
Actualités - REPORTAGE
Reportage - Vivre dans la douleur du drame et avec la mort de ses proches À Pyrgos, le cauchemar des survivants des incendies en Grèce
le 30 août 2007 à 00h00
«J’ai creusé avec mes mains dans un champ labouré, sans herbes, je m’y suis jeté pour me sauver mais le feu est passé sur moi. » Spyros Qosha, grièvement brûlé lors des incendies en Grèce, vit dans la douleur du drame auquel il a réchappé et de la mort de ses proches. Allongé dans un lit au General Hospital de Pyrgos, à la pointe ouest du Péloponnèse – région la plus meurtrie par les incendies ravageant la Grèce depuis le 24 août –, cet agriculteur albanais de 25 ans a vu sa vie basculer en quelques minutes dans l’horreur.
« Nous étions en train de déjeuner chez des amis dans le village d’Artemida. Il était environ 14h00. Nous avons vu l’incendie qui semblait très loin sur la colline avant de réaliser qu’il avançait droit sur nous », raconte à l’AFP ce jeune homme au visage, aux mains et aux jambes brûlés au 3e degré. « Mon ami m’a dit d’emmener sa femme et ses 4 enfants à Zacharo », poursuit-il, fixant sa perfusion plantée dans son bras où sa peau ne forme plus que de fragiles lambeaux. Il ne savait pas alors que 40 personnes allaient mourir à Zacharo, la plupart carbonisées.
« Sa femme a pris la voiture avec ses 4 enfants, 2 autres enfants et leur mère. Je les suivais en moto, mais à peine un kilomètre plus loin, la route était bloquée par un car de pompiers renversé. Ils sont alors partis à pied. J’ai voulu retourner au village mais c’était impossible. J’ai trouvé un champ qui venait d’être labouré, sans herbes, j’ai creusé avec mes mains car je n’avais plus de force, je m’y suis jeté, le feu est passé sur moi. » « Le vent apportait des braises (...) Elles collaient à notre peau, on était en train de mourir. On ne voyait que de la fumée et des flammes atteignant entre 30 et 70 mètres de hauteur. » Après avoir passé plus de deux heures avec un ami dans cet endroit, il s’est relevé et a marché, en tongs, vers la route : « C’est alors que j’ai vu les corps de mon amie et de ses quatre enfants carbonisés. »
La mort de cette femme de 40 ans, Athanasia Paraskevoula, retrouvée morte, dans une posture où elle enlaçait trois de ses plus jeunes enfants comme le dernier rempart de son amour, a bouleversé la Grèce entière.
Spyros arrête son récit, le regard fixé sur la télévision grecque – présente dans les chambres de l’hôpital et dans tous les lieux publics – qui couvre en direct les incendies et passe en boucle des images montrant des gens fuyant les incendies, la panique et un ciel gris chargé de fumée.
Pourtant, rien ne laissait présager ce drame survenu sur cette route côtière longeant la mer Ionienne, bordée d’un village de pêcheurs, de champs d’oliviers, de cyprès majestueux, de lauriers roses, mais aussi de larges étendues de champs de maïs brûlés par la canicule. Aujourd’hui, cette région est bordée de vastes étendues noircies – des cimetières d’arbres et de champs – recouvertes de cendres blanches. Par endroits, de la fumée s’échappe encore de troncs décapités par la violence des flammes.
Le directeur de l’hôpital, Antonios Leftakis, dit qu’il « n’oubliera jamais ce 24 août », « le pire jour de ma vie », et « les 130 personnes blessées admises dans mon établissement, mais également les dépouilles carbonisées de 41 victimes ». « Ces incendies ont été trop coordonnés pour ne pas être de nature criminelle », martèle ce responsable, précisant que son établissement avait accueilli des « gens qui avaient tout perdu », « leurs maisons , leurs troupeaux » avant d’être relogés chez des membres de leurs familles.
Grièvement brûlée, Magdalini Alexandropoulou, 60 ans, originaire d’Artemida, raconte avoir eu la vie sauve « car j’ai tenu un tuyau d’arrosage sur moi lorsque le feu est passé ». « Le maire nous a ensuite regroupés dans une église. Il a mis de l’huile d’olive qui était dans les chandeliers pour apaiser nos brûlures », dit-elle, regrettant tristement tous les morts des incendies et « ses chèvres qu’elle n’a pas pu sauver ».
Sonia BACARIK (AFP)
«J’ai creusé avec mes mains dans un champ labouré, sans herbes, je m’y suis jeté pour me sauver mais le feu est passé sur moi. » Spyros Qosha, grièvement brûlé lors des incendies en Grèce, vit dans la douleur du drame auquel il a réchappé et de la mort de ses proches. Allongé dans un lit au General Hospital de Pyrgos, à la pointe ouest du Péloponnèse – région la plus meurtrie par les incendies ravageant la Grèce depuis le 24 août –, cet agriculteur albanais de 25 ans a vu sa vie basculer en quelques minutes dans l’horreur.
« Nous étions en train de déjeuner chez des amis dans le village d’Artemida. Il était environ 14h00. Nous avons vu l’incendie qui semblait très loin sur la colline avant de réaliser qu’il avançait droit sur nous », raconte à l’AFP ce jeune homme au visage, aux mains et aux...
« Nous étions en train de déjeuner chez des amis dans le village d’Artemida. Il était environ 14h00. Nous avons vu l’incendie qui semblait très loin sur la colline avant de réaliser qu’il avançait droit sur nous », raconte à l’AFP ce jeune homme au visage, aux mains et aux...