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Actualités - ANALYSE

LA situation L’instinct de conservation l’emportera-t-il sur la course suicidaire à l’abîme ?

C’est une fois de plus du siège patriarcal maronite que la voix de la modération, indispensable pour surmonter la crise interne, s’est élevée hier. En affirmant que même si la Constitution prévoit que le président peut être élu, au second tour, à la majorité absolue des voix, le quorum des deux tiers des députés vivants, non prévu par le texte, mais imposé par la coutume, ne saurait être contourné ou ignoré, du moins pas durant la première partie du délai constitutionnel, qui court du 25 septembre au 15 novembre, le patriarche Nasrallah Sfeir s’inscrit dans la logique de l’arbitre qui souhaite rester à égale distance de tous et éviter au Liban une grave cassure politique, aux conséquences incalculables. Cette orientation du patriarche est complétée par une autre prise de position, aussi claire et catégorique, datant d’une dizaine de jours : pas question de céder au chantage du Hezbollah, qui réclame la formation d’un gouvernement d’union comme condition préalable à l’élection d’un président. La ruse, en effet, est trop grossière, et le risque très élevé de voir ce gouvernement se transformer en conseil présidentiel et l’élection d’un président reléguée au second plan, assure-t-on de source proche de Bkerké. Cela dit, force est de constater que la Constitution n’a pas prévu la situation exceptionnelle à laquelle le Liban se trouve confronté et que l’ambiguïté demeure au sujet du quorum nécessaire durant les dix derniers jours de l’échéance présidentielle. Puisque le président peut être élu à la majorité absolue des voix des députés, la séance d’élection ne pourrait-elle pas se tenir en présence de ce seul nombre de parlementaires ? De toute évidence, la réponse à cette question est d’ordre politique, et non constitutionnel, et, pour le moment, le temps est encore à la surenchère. Pas tout à fait, cependant, puisque l’un des ténors du 14 Mars, Samir Geagea, a affirmé hier à L’Orient-Le Jour qu’il compte « garder les chances d’un compromis avec l’opposition ouvertes jusqu’à la dernière minute ». Le chef des Forces libanaises a pressé le général Michel Aoun, par souci de l’intérêt supérieur du Liban, à renoncer à ses ambitions présidentielles et à accepter d’être l’un des deux grands décideurs de sa communauté, et non plus le seul. « Si nous nous entendons entre nous sur un candidat, aucun de nos partenaires au plan national ne pourra nous dire non », a souligné M. Geagea. Mais entre le vide constitutionnel et l’élection d’un président à la majorité absolue, même si le quorum des deux tiers fait défaut, le 14 Mars n’hésitera pas une seconde, a-t-il averti. Le réalisme prévaudra-t-il sur la course suicidaire à l’abîme ? C’est ce à quoi travaillent en ce moment la France et, jusqu’à un certain point, l’Arabie saoudite, qui constatent que tous les protagonistes de la crise redoutent le chaos politique et tablent sur cet « instinct de conservation » pour enclencher une dynamique vertueuse susceptible de sortir le Liban de sa crise. C’est en tout cas l’un des outils de travail de la France, qui aurait gagné les États-Unis à sa dynamique diplomatique. L’on en saura plus, estiment les cercles politiques, après la rencontre prévue entre le président de la Chambre, Nabih Berry, et l’ambassadeur des États-Unis, Jeffrey Feltman, retour de Washington. La rencontre des deux hommes se tiendrait avant le discours que doit tenir vendredi M. Berry au meeting commémorant la disparition de l’imam Sadr, et les propos que tiendrait ce jour-là M. Berry refléteraient l’état de la question... et la réponse que la Syrie aurait décidé d’apporter aux ouvertures récentes du président Sarkozy. S’ils sont, comme certains le pensent, « condamnés à s’entendre », les ténors de la majorité et de l’opposition ne pourraient-ils pas épargner aux Libanais plusieurs semaines de malaise et de suspense et le faire tout de suite, renonçant par là même à cette épuisante politique du bord du gouffre dont la population et l’économie font gratuitement les frais ? s’interrogent les milieux politiques proches de Bkerké. Fady NOUN

C’est une fois de plus du siège patriarcal maronite que la voix de la modération, indispensable pour surmonter la crise interne, s’est élevée hier. En affirmant que même si la Constitution prévoit que le président peut être élu, au second tour, à la majorité absolue des voix, le quorum des deux tiers des députés vivants, non prévu par le texte, mais imposé par la coutume, ne...