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Dans son premier discours de politique étrangère, le président français défend la nécessité d’une « Europe forte » Sarkozy veut un retrait programmé d’Irak et une coopération antiterroriste

Le président français Nicolas Sarkozy a réclamé hier un calendrier clair de retrait des troupes américaines d’Irak, et défendu la nécessité d’une « Europe forte » au sein d’un monde menacé par le terrorisme et le « défi » d’une confrontation entre islam et Occident. Sur le dossier du nucléaire iranien, il a également indiqué que la France était prête à l’« ouverture si l’Iran fait le choix de respecter ses obligations ». Dans son premier discours de politique étrangère, M. Sarkozy a souhaité que la France soit au premier plan sur la scène internationale. À ce sujet, M. Sarkozy a longuement évoqué le dossier irakien sur lequel la France était jusqu’à présent en retrait. Le président a ainsi déclaré que la France avait été et restait « hostile » à la guerre américaine en Irak. Seule une « solution politique » peut mettre fin au bain de sang entre sunnites, chiites et Kurdes, a-t-il souligné dans ce discours-programme devant les ambassadeurs de France réunis à Paris. Cette solution « passe par la marginalisation des groupes extrémistes et un processus sincère de réconciliation nationale (...) », a-t-il dit. « Elle implique aussi que soit défini un horizon clair concernant le retrait des troupes étrangères », a affirmé M. Sarkozy, qui pourra alors permettre à la communauté internationale (et à la France) de commencer à « agir le plus utilement ». Paris tente de se positionner dans un rôle de « médiateur » en Irak, un changement d’attitude manifesté par la récente visite à Bagdad du chef de la diplomatie Bernard Kouchner, lequel a dû s’excuser hier pour avoir demandé dans une interview le remplacement du Premier ministre Nouri al-Maliki (voir par ailleurs). Souvent qualifié de « proaméricain », M. Sarkozy, investi le 16 mai, a également plaidé pour « l’amitié » entre Paris et Washington. Mais « alliés ne veut pas dire alignés, et je me sens parfaitement libre d’exprimer nos accords comme nos désaccords, sans complaisance ni tabou », a-t-il dit. Reprenant la thèse contestée d’un « choc des civilisations », il a longuement décrit un monde menacé par le terrorisme, qui vise l’Occident comme le « monde musulman », ainsi que par le risque d’une confrontation avec l’islam. Il a souligné le « devoir » d’une « coopération totale » entre services de sécurité des pays visés face à cette confrontation « voulue par les groupes extrémistes, tels qu’el-Qaëda, qui rêvent d’instaurer, de l’Indonésie au Nigeria, un califat rejetant toute ouverture, toute modernité ». « Si ces forces devaient atteindre leur sinistre objectif, nul doute que ce siècle serait pire encore que le précédent (...) », a-t-il mis en garde. « Pensons à ce qui se passerait demain si les terroristes utilisaient des moyens nucléaires, biologiques ou chimiques », a-t-il ajouté. Le danger du « Hamastan » Il a, par ailleurs, dénoncé la création d’un « Hamastan » dans la bande de Gaza, référence au mouvement islamiste Hamas, et le risque d’une « prise de contrôle de tous les territoires palestiniens par les islamistes radicaux ». Autre point chaud, et « sans doute la plus grave » crise, celle de l’Iran : M. Sarkozy a réaffirmé « inacceptable » que Téhéran puisse se doter de la bombe atomique. Il a rappelé que la France était prête à l’« ouverture si l’Iran faisait le choix de respecter ses obligations ». « Cette démarche est la seule qui puisse nous permettre d’échapper à une alternative que je qualifie de catastrophique : la bombe iranienne ou le bombardement de l’Iran », a-t-il ajouté. Adoucissement sur la Turquie Dans ce monde où règnent « division » et « perte de contrôle », M. Sarkozy a assuré que sa « priorité absolue » serait le renforcement de l’Europe, annonçant de prochaines « initiatives très fortes » pour l’Europe de la défense. « Je souhaite que d’ici à la fin de cette année, soit créé par les 27 un comité de dix à douze sages (...) pour réfléchir à une question (...) : quelle Europe en 2020-2030 et pour quelles missions ? » Au passage, il a adouci sa position sur l’adhésion de la Turquie à l’UE. Tout en rappelant qu’il n’était pas favorable à une telle adhésion, il a évoqué la possibilité de relancer les négociations d’adhésion de ce pays, évolution qu’il conditionne à une réflexion de fond de l’Union sur son avenir. La « brutalité » russe Le président a, par ailleurs, égratigné la Russie en soulignant que celle-ci « impose son retour sur la scène mondiale en jouant avec une certaine brutalité de ses atouts, notamment pétroliers et gaziers ». « Quand on est une grande puissance, on doit ignorer la brutalité », a-t-il affirmé. Dans ce discours volontariste, la lutte contre le réchauffement climatique, pourtant présenté comme une « priorité » de Paris, n’a eu droit qu’à une brève référence de M. Sarkozy. Un responsable socialiste, Jean-Luc Mélenchon, a affirmé qu’avec ce discours, M. Sarkozy s’alignait sur « la vision du monde défendue par le président Bush et les néoconservateurs américains ».
Le président français Nicolas Sarkozy a réclamé hier un calendrier clair de retrait des troupes américaines d’Irak, et défendu la nécessité d’une « Europe forte » au sein d’un monde menacé par le terrorisme et le « défi » d’une confrontation entre islam et Occident. Sur le dossier du nucléaire iranien, il a également indiqué que la France était prête à...