Un rassemblement de Dar el-Fatwa « en solidarité avec le royaume » L’ambassadeur d’Arabie saoudite quitte le Liban après avoir reçu des menaces

L’ambassadeur d’Arabie saoudite au Liban, Abdel-Aziz Khoja, a quitté Beyrouth le 17 août après des menaces d’attentats contre sa résidence ou les locaux de l’ambassade au Liban. L’ambassade d’Arabie saoudite a d’ailleurs envoyé une lettre aux Affaires étrangères les informant de l’existence de « menaces d’attentats contre la résidence de l’ambassadeur, la chancellerie ou d’autres intérêts saoudiens au Liban », a déclaré à l’AFP un responsable libanais qui a requis l’anonymat. L’ambassade, pour sa part, s’est refusée à tout commentaire, mais M. Khoja a confirmé dans une déclaration, publiée samedi par le quotidien Asharq al-Awsat, l’existence de menaces « contre les intérêts saoudiens et contre (sa) propre personne ». Par ailleurs, une source diplomatique arabe a souligné que des informations, obtenues par les services secrets saoudiens apparemment, ont fait état de la présence d’une BMW qui aurait été préparée en vue d’un attentat terroriste contre des intérêts saoudiens au Liban, la résidence de l’ambassadeur ou encore le siège de l’ambassade elle-même. Dans tous les cas, le Conseil des ministres, qui se tiendra aujourd’hui, devra débattre de cette affaire et des informations disponibles, en dehors de son ordre du jour. Un membre du Majlis al-Choura saoudien a pointé du doigt les alliés de la Syrie dans cette affaire, affirmant que les alliés du régime de Damas au Liban pouvaient être à l’origine de ces menaces. « La Syrie n’est pas innocente de ces menaces. Les agents de la Syrie au Liban (...) peuvent être derrière ces menaces », a déclaré à l’AFP Mohammad al-Zoulfa. « Il est dans l’intérêt de la Syrie d’accroître la tension » au Liban, a-t-il dit, sans toutefois vouloir « directement accuser la Syrie et ses appareils sécuritaires ». Des sources politiques libanaises ont placé ces menaces dans le cadre d’une campagne menée contre l’ambassadeur et son rôle au Liban depuis plusieurs jours par des parties proches de Damas, corroborées, selon elles, par les propos tenus récemment par le vice-président syrien, Farouk el-Chareh, contre le royaume. Le Premier ministre, Fouad Siniora, a de son côté contacté samedi M. Khoja pour s’enquérir de ses nouvelles ainsi que de celles de sa famille. Le président du Parlement, Nabih Berry, a lui aussi appelé l’ambassadeur hier pour s’informer sur l’affaire et dénoncer les menaces dont le diplomate a fait l’objet. Dans un même effort pour dénoncer les menaces contre l’ambassadeur d’Arabie saoudite, un rassemblement de soutien a été organisé hier par Dar el-Fatwa devant les locaux de l’ambassade à Koraytem. Une centaine de manifestants ont brandi des drapeaux libanais et saoudien, ainsi que des pancartes où l’on pouvait lire des messages de remerciements et de gratitude envers le royaume saoudien. « Nous sommes venus pour affirmer notre soutien à la politique de l’Arabie saoudite et condamner ceux qui ont osé s’en prendre au royaume », a ainsi déclaré cheikh Hicham Khalifé, le président de l’Association pour la diffusion des sciences coraniques, qui a organisé ce rassemblement. « Ces menaces nuisent non seulement aux intérêts saoudiens mais également aux intérêts politiques et économiques libanais », a affirmé cheikh Khalifé, qui a remis une lettre « de solidarité » au consul saoudien, Abdel-Hadi el-Chaféi. Par ailleurs, d’autres parties ont également dénoncé les menaces contre l’ambassadeur Khoja. Fathi Yakan, président du Front d’action islamique, a estimé que de telles menaces « transgressent toutes les lignes rouges ». Il s’est demandé « qui a intérêt à proférer de telles menaces à un moment où il existe des tensions entre l’Arabie saoudite et la Syrie, et qui a intérêt à exacerber les tensions confessionnelles en s’en prenant à l’ambassadeur d’une nation considérée comme une référence pour les sunnites ». Enfin, le président du Comité de défense des libertés publiques et démocratiques au Liban, Sinane Barrage, a fortement dénoncé « les menaces proférées par certains contre le royaume et son ambassadeur au Liban », demandant à l’Arabie saoudite « de poursuivre sa politique favorable au Liban, sans se soucier de ces menaces ».