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Prochain lancement de la chaîne al-Fukran qui diffusera la récitation des versets du Coran Religion et politique devront faire bon ménage sur les écrans irakiens

Entre religion et politique, dans un pays où les deux sont de plus en plus mêlées, Habib al-Sadr a refusé de choisir. Directeur de la télévision nationale irakienne, il va lancer cette année une chaîne religieuse, et l’année prochaine une autre d’informations en continu. Al-Furkan devrait être opérationnelle dès la mi-septembre, au début de la période de ramadan, le mois le plus sacré pour les musulmans, a-t-il expliqué à l’AFP. La chaîne diffusera d’abord six heures par jour puis, 24 heures sur 24, la récitation des versets du Coran. Cette chaîne, qui illustre le chemin parcouru par l’Irak qui se voulait à l’avant-garde de la laïcité lorsque le parti Baas a pris le pouvoir en 1968, viendra compléter l’offre d’al-Iraqiya qui contrôle une chaîne généraliste, une chaîne consacrée au sport et un canal multilingue. Mais l’ambition du directeur général de la télévision d’État, qui a succédé à celle qui, pendant des années, a chanté les louanges de Saddam Hussein, est de lancer une chaîne d’informations sur le modèle des grands classiques du genre : CNN, BBC ou al-Jazira. « Ce sera une grande première pour l’Irak, explique M. Sadr, un chiite aux tempes dégarnies, qui a pris en 2005 les rênes de la télévision d’État. Nous prenons notre temps pour être certains de réussir. Nous voulons réaliser quelque chose d’unique en Irak. » Depuis la chute de Saddam Hussein en mars 2003, le paysage audiovisuel irakien a été bouleversé, avec l’apparition d’une dizaine de chaînes publiques et privées irakiennes. À l’époque du régime baassiste, les Irakiens avaient le choix entre la chaîne nationale, mélange ennuyeux de propagande d’État et d’hagiographie du président, et un canal censé divertir la jeunesse, confié à Oudaï, le fils du dictateur. Dorénavant, ils ont accès à une offre toujours plus riche de bouquets satellitaires, à travers les paraboles qui ont fleuri sur leurs toits et sur leurs balcons. Pour M. Sadr qui a reçu l’AFP, chemise à col ouvert et complet marron dans son confortable bureau dominant les eaux boueuses du Tigre, il était temps que l’Irak se lance aussi dans la bataille des ondes. « Nous avons déjà 150 journalistes, dont 60 reporters de terrain, et presque tout l’équipement dont nous avons besoin pour la chaîne d’informations, a-t-il expliqué. Nous devons simplement investir un peu plus dans le matériel, et tout sera en place. » Al-Iraqiya dépend totalement des fonds publics pour survivre et se développer. Le gouvernement lui alloue quelque 50 millions de dollars par an, et les détracteurs de M. Sadr l’accusent de manquer d’indépendance. « Nous sommes une entreprise indépendante, mais nous sommes aussi sous la pression constante des hommes politiques et des religieux. Toutefois, nous faisons de notre mieux pour rester indépendants », se défend M. Sadr. « Nous n’y parvenons pas toujours », concède-t-il. « Mon ambition est de créer une presse libre et indépendante en Irak », assure-t-il encore. Outre la télévision d’État, M. Sadr, à la tête d’une holding d’État, contrôle également onze stations de radio et six quotidiens. Mais cette ambition n’est pas du goût de tout le monde, dans un pays que Reporters sans frontières considère comme le plus dangereux pour les journalistes. Au moins 75 employés du groupe de presse de M. Sadr ont été tués et 68 ont été blessés depuis 2005. Lui-même reçoit des menaces de mort quotidiennes. « Au téléphone, par mail, par SMS, explique-t-il avec un certain fatalisme. Je suis une cible pour les extrémistes d’el-Qaëda et pour les nostalgiques de Saddam Hussein. » Il y a quelques mois, son convoi, qui se rendait à l’aéroport, a été criblé de balles, mais cet avertissement n’a pas suffi à le faire renoncer à ses projets, qu’ils soient religieux ou politiques.
Entre religion et politique, dans un pays où les deux sont de plus en plus mêlées, Habib al-Sadr a refusé de choisir. Directeur de la télévision nationale irakienne, il va lancer cette année une chaîne religieuse, et l’année prochaine une autre d’informations en continu.
Al-Furkan devrait être opérationnelle dès la mi-septembre, au début de la période de ramadan, le mois le...