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La ville dépend entièrement de la vente du pétrole Entre optimisme et inquiétude, Bassora attend le départ des Britanniques

Sanglé dans son uniforme de l’armée irakienne, installé dans son bureau de commandement de Bassora, le grand port du sud de l’Irak, le général Ali Ibrahim est impatient. « Nous souhaitons que les Britanniques s’en aillent pour que la situation s’améliore », dit-il. Une partie, au moins, du vœu du général irakien devrait se réaliser. La Grande-Bretagne a retiré la nuit dernière son contingent d’un quartier général mixte qu’il partageait avec la police irakienne à Bassora, dans le cadre des préparatifs de retrait de ses troupes de la deuxième ville du pays, ont annoncé les forces britanniques. La Grande-Bretagne, qui supervisait les questions de sécurité à Bassora depuis son intervention en Irak aux côtés des États-Unis en 2003, a entamé son retrait cette année et devrait évacuer ses unités de leur dernière base à Bassora d’ici à deux semaines. Les derniers 500 militaires britanniques présents dans la deuxième ville d’Irak et principale voie d’exportation de son pétrole se préparent à quitter un élégant palais de Saddam Hussein construit sur les rives de Chatt el-Arab. Aucune date n’est fixée pour ce repli, mais il est imminent, et les unités arrivées en mars 2003 rejoindront sur un aéroport fortifié, à 25 km de la ville, 5 000 soldats britanniques qui assurent l’entraînement des forces irakiennes. « Je suis persuadé que les forces de sécurité sont capables de contrôler la situation après le départ complet des Britanniques », affirme encore le général Ibrahim à un correspondant de l’AFP. Son homologue dans la police irakienne, le lieutenant-colonel Karim al-Zaydi, lui fait écho : « L’armée irakienne et la police coopèrent, et elles étaient prêtes à succéder aux Britanniques il y a déjà longtemps », assure-t-il. L’optimisme des deux officiers est encourageant, mais la réalité sur le terrain semble annoncer un avenir moins tranquille. En fait, des experts considèrent déjà que les Britanniques ont perdu « la bataille de Bassora » en étant incapables d’y installer, avant de partir, une administration légitime et respectée, relevant du gouvernement central. « Aujourd’hui, la ville est contrôlée par les milices qui semblent plus puissantes et plus autonomes que jamais », écrivait en juin 2007 un rapport sur Bassora du International Crisis Group (ICG), un organisme indépendant d’analyse des conflits. Bassora, dont les deux millions d’habitants sont chiites, est le théâtre d’une violente rivalité entre les hommes du chef radical Moqtada Sadr, ceux du Conseil suprême islamique d’Irak (CSII) de Abdel Aziz Hakim, et ceux du parti Fadhila (Vertu) qui se disputent le contrôle de la cité et de ses ressources. La ville, écrasée en été par un soleil implacable, est un trophée de choix qui aiguise les appétits. Ses centaines de rivières et canaux irriguent une des terres les plus fertiles de la région; Son port est le seul débouché maritime de l’Irak, avec celui voisin d’Oum Qassar, et constitue une plate-forme commerciale essentielle. Mais surtout, ses terminaux pétroliers en font la veine jugulaire de l’économie irakienne, qui dépend entièrement de la vente du pétrole. Outre les milices, la ville est le terrain d’une féroce compétition entre groupes mafieux pour qui la proximité de l’Iran et des voies de communication avec le reste du Golfe offre des possibilités illimitées de trafic en tout genre. « Bassora est l’exemple à ne pas suivre », concluait dans son rapport l’ICG, à un moment où la tentation est forte ailleurs en Irak, et notamment à Bagdad, de laisser les Irakiens prendre les rênes de leur destinée. Dans les rues de Bassora, la vie a des allures de normalité, mais l’inquiétude est perceptible chez certains habitants : « Je ne veux pas que les Britanniques se retirent soudainement, les forces de sécurité irakiennes ne sont pas encore prêtes », assure Abdul Amir, un commerçant de 44 ans. Pour Mushtaq Ali, un employé des postes de 32 ans, les soldats britanniques sont le problème et non pas la solution : « Ce sont les occupants britanniques qui créent l’instabilité. C’est leur présence qui justifie l’action des groupes armés. » Le retrait britannique « sera un test », admet Hakim al- Mayyah, un responsable du comité de sécurité de Bassora, et il prévoit que « des bandes armées pourraient profiter de la période de transition ». Mais il se veut rassurant : « Je ne m’attend pas au chaos », assure-t-il.
Sanglé dans son uniforme de l’armée irakienne, installé dans son bureau de commandement de Bassora, le grand port du sud de l’Irak, le général Ali Ibrahim est impatient. « Nous souhaitons que les Britanniques s’en aillent pour que la situation s’améliore », dit-il. Une partie, au moins, du vœu du général irakien devrait se réaliser.
La Grande-Bretagne a retiré la nuit...