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Éclairage - L’opposition « se prépare à toutes les éventualités » à la veille de l’échéance présidentielle Selon les pronostics, la séance du 25 septembre n’aurait pas lieu
Par HADDAD Scarlett, le 25 août 2007 à 00h00
À un mois de la date fixée par le président de la Chambre pour l’élection présidentielle, la situation baigne dans le flou total et aucune partie ne semble avoir un scénario complet à offrir à ses partisans. Sans doute, comme le dit un député de l’opposition, parce qu’aucun camp n’a suffisamment de poids à lui seul pour faire pencher la balance de son côté, mais aussi à cause du fait que les facteurs régionaux et internationaux pèsent de plus en plus dans cette échéance.
Des sources concordantes, de la majorité et de l’opposition, semblent en tout cas écarter l’éventualité de la tenue de l’élection le 25 septembre. D’ailleurs, en fixant cette date, le président de la Chambre avait lui-même affirmé qu’il s’agissait d’un début et que si, pour une raison ou pour une autre, la séance ne devait pas se tenir, cela lui laisserait le temps de choisir d’autres rendez-vous.
L’éventualité de la formation d’un gouvernement d’union nationale, revendiquée par l’opposition avant l’échéance présidentielle, semble aussi déjà quasiment écartée. C’est du moins ce qu’aurait affirmé le Premier ministre Fouad Siniora à l’émissaire français Jean-Claude Cousseran, selon une des personnalités rencontrées par ce dernier. Est-ce à dire que la majorité a marqué un point décisif dans cette bataille qui s’annonce dure et complexe ? Des sources de l’opposition précisent qu’il existe encore d’autres possibilités avant l’expiration de l’actuel mandat présidentiel le 24 novembre prochain.
La première est une entente des deux parties sur un candidat accepté de tous, élu selon les règles constitutionnelles et avec un quorum des deux tiers des députés. Les sources de l’opposition précisent que ce candidat existe, mais c’est l’entente autour de sa personne qui fait encore défaut, notamment de la part de la majorité. Les mêmes sources ajoutent que cette idée est toutefois en train de faire son chemin auprès des chancelleries européennes. Ce thème aurait même été développé par le président Émile Lahoud avec les ambassadeurs européens qu’il a reçus récemment et qui venaient lui faire des visites d’adieu.
Si cette option n’est pas retenue, une autre est envisagée. Elle consiste à demander au commandant en chef de l’armée de présider un gouvernement de transition restreint qui serait formé de personnalités civiles, crédibles et jouissant d’une notoriété au sein de leurs communautés respectives. La principale mission de ce gouvernement consisterait à adopter une nouvelle loi électorale, équitable cette fois, et d’organiser des législatives qui seraient un prélude à une élection présidentielle. Cette option a aussi l’aval des piliers de l’opposition, qui considèrent que le principal problème interne provient des élections législatives de 2005, organisées sur base d’une loi injuste.
Les sources de l’opposition sont toutefois convaincues que la majorité n’est pas prête à accepter ces propositions, préférant aller jusqu’au bout de son projet d’élire un président issu de ses rangs à la majorité plus une des voix des députés. C’est d’ailleurs ce qu’affirme le leader Walid Joumblatt. À ce sujet, les sources de l’opposition estiment qu’au départ, l’Administration américaine n’était pas favorable à cette option et elle avait même été convaincue de la nécessité d’une élection présidentielle avec un quorum des deux tiers des députés. L’ambassadeur des États-Unis avait même fait des déclarations en ce sens, tout comme il avait affirmé être favorable à un amendement de la Constitution permettant l’élection du commandant en chef de l’armée. Mais, selon les mêmes sources, certains piliers de la majorité se seraient empressés de protester auprès de l’Administration américaine qui aurait ainsi modifié sa position, en réponse à leur demande.
Les mêmes sources ajoutent que si la majorité exécute son projet, cela entraînera forcément une escalade politique sans précédent et l’opposition ne restera pas les bras croisés. Plusieurs hypothèses sont actuellement examinées, sans compter les options que le président Lahoud garde pour lui et refuse de divulguer. Mais les sources de l’opposition affirment que celle-ci souhaiterait ne pas en arriver là. Elle mise, pour cela, sur une position ferme des pays européens qui rejetteraient cette option et pousseraient la majorité à y renoncer. Tout comme elle mise sur des développements régionaux qui seraient de nature à affaiblir encore plus l’actuelle Administration américaine, la poussant à être plus réceptive à un compromis au Liban, après ses échecs successifs en Irak et dans le dossier israélo-palestinien.
Les mêmes sources laissent ainsi entendre qu’une entente pourrait intervenir dans les derniers jours précédant l’expiration de l’actuel mandat présidentiel et que l’escalade verbale actuelle ne viserait en fait qu’à améliorer les conditions d’une négociation ultérieure. En attendant, l’opposition se prépare à toutes les éventualités...
Scarlett HADDAD
À un mois de la date fixée par le président de la Chambre pour l’élection présidentielle, la situation baigne dans le flou total et aucune partie ne semble avoir un scénario complet à offrir à ses partisans. Sans doute, comme le dit un député de l’opposition, parce qu’aucun camp n’a suffisamment de poids à lui seul pour faire pencher la balance de son côté, mais aussi à...
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