Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

REPORTAGE Les agents en civil du régime birman très actifs dans les rues de Rangoun

Depuis près d’une semaine, des agents en civil du régime militaire birman jouent au chat et à la souris avec des militants prodémocratie dans les rues de Rangoun où les habitants, souvent apeurés, ne savent pas toujours qui est qui. Des badauds se sont joints parfois aux trois manifestations contre la hausse des prix du carburant qui a eu un effet en cascade sur l’économie et sur le pouvoir d’achat des plus pauvres. Toute arrestation, dans un pays où la junte au pouvoir ne tolère aucune contestation, peut avoir des conséquences dramatiques pour les personnes interpellées alors que plus d’un millier d’opposants politiques croupissent déjà dans des prisons qui ne sont plus visitées par le Comité international de la Croix-Rouge depuis la fin 2005, selon des organisations internationales. Pour éviter d’être immédiatement repérés et dispersés, les manifestants de Rangoun, membres d’une organisation d’anciens étudiants appelée « Génération 1988 » ou de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Mme Aung San Suu Kyi, forment de petits groupes qui grossissent progressivement au fur et à mesure des défilés. Dans le passé, en particulier lors du soulèvement de 1988, les autorités n’ont pas hésité à envoyer des soldats armés en uniforme dans les rues pour écraser toute agitation. Cette semaine, elles ont préféré déployer de nombreux agents et miliciens en civil ne portant aucune arme visible, mais intervenant de manière musclée pour disperser les rassemblements. Ces affidés du régime, vêtus pour certains d’habits traditionnels birmans, pour d’autres de tenues jeunes « sportswear », se fondent dans la foule aux arrêts d’autobus et aux carrefours animés afin de détecter tout mouvement suspect. Selon des militants prodémocratie, certains agents se font passer pour des journalistes avec un appareil photo en bandoulière et un téléphone portable à la main. D’autres donnent l’impression d’être des opposants, mais sont vite identifiés dès lors qu’au moindre signal, ils sautent sur une moto et foncent dans un autre quartier de la ville. « Il y a souvent plus de poursuivants que de manifestants », dit un chauffeur de taxi près de la municipalité. Les fonctionnaires ont reçu l’ordre de ne pas quitter leurs bureaux sans autorisation de leurs supérieurs. « Les portes sont fermées pendant les heures de travail », et « aucun jour de congé n’a été accordé entre mercredi et vendredi », explique un employé gouvernemental, ajoutant : « Si nous prenons un jour de congé, nous sommes considérés comme des manifestants. » Même des badauds peuvent facilement devenir des suspects. Lorsqu’un passant utilise son mobile pour prendre une photo, un policier en civil le rappelle très vite à l’ordre. « Êtes-vous de la presse ? Non ? Alors tirez-vous ! » Pour les vrais journalistes, la couverture des événements est de plus en plus délicate. La presse locale a reçu l’ordre de ne rapporter aucune manifestation, mais de nombreux reporters se rendent quand même sur place. Des menaces sont régulièrement proférées. Il est impossible de dire avec précision combien de personnes ont été interpellées cette semaine, mais une quarantaine d’opposants seraient encore détenus. Hier, quelque 200 agents et miliciens étaient postés près d’une place où des rumeurs insistantes faisaient état d’une manifestation imminente de moines bouddhistes. « Il y aura d’autres manifestations », mais « nous ne voulons pas perdre notre force », dit un militant prodémocratie. La Birmanie a été gouvernée par des juntes successives depuis 1962. Mon Mon MYAT (AFP)

Depuis près d’une semaine, des agents en civil du régime militaire birman jouent au chat et à la souris avec des militants prodémocratie dans les rues de Rangoun où les habitants, souvent apeurés, ne savent pas toujours qui est qui.
Des badauds se sont joints parfois aux trois manifestations contre la hausse des prix du carburant qui a eu un effet en cascade sur l’économie et sur...