Le Sistan-Baloutchistan souffre d’une insécurité chronique
L’Iran cherche à développer sa province reculée du sud-est
le 25 août 2007 à 00h00
L’Iran cherche à développer le Sistan-Baloutchistan, deuxième plus grande province du pays et l’une de ses régions les plus pauvres. « C’est possible et nous en sommes capables », assure le président Mahmoud Ahmadinejad sur des banderoles ornant Zahedan, une ville du sud-est désertique de l’Iran.
Zahedan, capitale du Sistan-Baloutchistan, deuxième plus grande province iranienne située à la frontière avec l’Afghanistan et le Pakistan, a l’aspect d’une ville de pionniers, avec des maisons de briques décaties et de modestes échoppes, abritant quand même un demi-million d’habitants. L’essentiel de l’économie tourne autour de la contrebande, dont les objets se retrouvent au marché Rassouli : tissus chinois, chaussures du Pakistan, thé de Ceylan. Les mosquées à un seul minaret trahissent la prédominance de la communauté baloutche, de confession sunnite, dans un Iran majoritairement chiite et aux lieux de culte à deux minarets.
La province souffre d’une insécurité chronique, faite d’enlèvements, de violences et attaques à la bombe, attribués à des rebelles et trafiquants de drogue en provenance d’Afghanistan. Pour ramener la paix, le gouvernement de M. Ahmadinejad parie sur des investissements massifs. « Cette province a un grand potentiel inexploité, dit à l’AFP le gouverneur Habibollah Dahmardeh. Mais elle a de nombreux problèmes, notamment le manque d’eau et la drogue. »
Depuis deux ans, 50 trillions de rials (plus de 3,7 milliards d’euros) ont été officiellement alloués à des projets d’infrastructure, notamment après la visite du président Ahmadinejad, qui a couvert les trente provinces depuis son élection en 2005. « La plupart des projets ont été décidés sous les gouvernements précédents, mais il leur manquait l’argent ou la volonté, ou leurs priorités étaient ailleurs. Ce gouvernement a donné le budget de dix ans sur une seule année », explique le gouverneur. Toutefois, pour de nombreux économistes, l’afflux d’argent pour ces projets d’envergure risque d’alimenter une inflation qui s’accélère. Le gouvernement n’en est pas moins fier de montrer à la presse les routes, usines de ciment et centrales d’énergie en construction. Il va aussi agrandir les universités de la ville, fabriquer des écoles en dur à la campagne ou restaurer les cimetières. Plus ambitieuse est la connexion de Zahedan au réseau ferré, avec 500 kilomètres de rails devant traverser le désert d’ici à 2008.
« Je ne vois aucun changement dans ma vie, mais peut-être que ces projets dont ils parlent nous sortiront de la pauvreté », dit Abdolrahman, un chauffeur de taxi baloutche. Père de famille de 42 ans, il gagne environ 100 000 rials (environ 8 euros) par jour, dont le tiers part dans l’achat d’essence au marché noir. L’amélioration de l’économie est censée contrebalancer les effets du trafic de drogue et d’essence, ainsi que les actes de rebelles séparatistes.
En février, une attaque à la bombe a tué treize Gardiens de la révolution dans le centre de Zahedan. En août, des bandits ont enlevé un couple de touristes belges, dont l’un a été relâché, et un groupe de 21 Iraniens, récemment libérés. Les autorités accusent les États-Unis de soutenir ces troubles, et notamment le groupe sunnite Joundallah (Soldats de Dieu), dont le chef baloutche Abdolmalek Rigi affirme défendre les intérêts de sa communauté, à cheval sur l’Iran et le Pakistan.
La province regroupe des Sistanis au Nord, de confession chiite et parlant persan, et des Baloutches sunnites au Sud. Il n’est pas aisé de les distinguer dans les rues de Zahedan, où les communautés sont mélangées. Les Baloutches se plaignent d’un accès inégal aux postes administratifs, mais le gouverneur affirme avoir nommé six Baloutches pour dix postes de gouverneurs locaux. « Les chiites et sunnites vivent paisiblement ensemble, ce sont les étrangers qui cherchent à exploiter les différences à leur profit », dit-il.
Hiedeh FARMANI (AFP)
L’Iran cherche à développer le Sistan-Baloutchistan, deuxième plus grande province du pays et l’une de ses régions les plus pauvres. « C’est possible et nous en sommes capables », assure le président Mahmoud Ahmadinejad sur des banderoles ornant Zahedan, une ville du sud-est désertique de l’Iran.
Zahedan, capitale du Sistan-Baloutchistan, deuxième plus grande province...
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