Les combats traînent en longueur à Nahr el-Bared, les instigateurs...
Actualités - CHRONOLOGIE
Interdiction d’une pièce de Rabih Mroueh et Fadi Toufic par la Sûreté générale Souriez, vous êtes censurés
le 24 août 2007 à 00h00
Il va sans dire que la Direction générale de la Sûreté générale doit être débordée aujourd’hui. On peut facilement imaginer les dossiers s’amonceler sur les bureaux des officiers qui veillent jour et nuit à la sécurité de notre quotidien et qui ne savent probablement plus où donner de la tête. Ou des oreilles.
Les combats traînent en longueur à Nahr el-Bared, les instigateurs des nombreux attentats qui ont ébranlé le Liban continuent à jouir d’une impunité effrontée et les armes illégales et illégitimes foisonnent dans un pays sur lequel pèse l’ombre macabre des années de plomb, sans oublier la précarité de la situation dans le Sud. Mais les citoyens n’ont rien à craindre. Des uniformes « diurnes-et-nocturnes » – pour reprendre l’expression magnifique de Günter Grass- veillent à leur sécurité et ont même le temps d’étouffer dans l’œuf toute tentative de nuire à la paix civile, que ces tentatives proviennent de Chaker Absi et compagnie. Ou... d’intellectuels irréfléchis, ou pire, libres penseurs.
Ainsi, un verdict sans appel de la censure de la Sûreté générale a interdit le 1er août 2007 toute représentation sur le territoire libanais de la pièce de Rabih Mroueh et de Fadi Toufic, « Comme Nancy aurait souhaité que tout ce qui s’est passé soit un poisson d’avril ». Depuis que la SG a « une idéologie », il n’est même plus nécessaire de motiver sa décision. De quoi alléger le fonctionnement monolithique d’une administration hypertrophiée. Néanmoins, l’entêtement « irresponsable » des deux auteurs qui ont fait appel a obligé la Sûreté générale à confirmer sa décision, le 8 août 2007, et à leur expliquer que leur pièce « évoque les péripéties de la guerre et appelle les choses par leur nom, au risque de provoquer des divisions communautaires » qui – permettez de le rappeler – sont étrangères à notre société.
Il n’y a pas de fumée sans feu, avertit le vieux dicton de grand-mère. La pièce produite par Achkal Alwan, le Festival de Tokyo, le Festival parisien de l’automne, France Temps d’image et La Ferme du Buisson, traite de la guerre civile libanaise, à travers les personnages de quatre miliciens qui racontent les batailles qu’ils ont vécues. Qui a dit que l’anamnèse était indispensable après quinze ans de conflits civils et quinze autres années de paix factice ? Sur quoi se sont fondés ceux qui affirment que l’oubli ne cautérise pas les plaies et risque de réveiller le cauchemar qui ronronne, seulement pour nous faire croire que sa léthargie sera éternelle ? L’oubli est la meilleure des vertus. Telle est la devise gravée sur le tampon du censeur.
Mahmoud HARB
Il va sans dire que la Direction générale de la Sûreté générale doit être débordée aujourd’hui. On peut facilement imaginer les dossiers s’amonceler sur les bureaux des officiers qui veillent jour et nuit à la sécurité de notre quotidien et qui ne savent probablement plus où donner de la tête. Ou des oreilles.
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