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Actualités - CHRONOLOGIE

Environnement - Une étude de l’AFDC estime à 140 millions de dollars le coût de la perte de ces espaces verts Plus de mille hectares de forêts et de champs agricoles détruits lors de la guerre de juillet-août

Au Liban-Sud, durant la guerre de juillet-août 2006, une surface de plus de mille hectares de forêts et de champs agricoles a été détruite par les bombardements, causant des pertes s’élevant à plus de 140 millions de dollars. C’est la triste réalité mise en évidence hier lors d’une conférence de presse tenue par l’Association pour les forêts, le développement et la conservation (AFDC) à son siège de Hamra, pour présenter les résultats d’une étude sur l’impact de la dernière guerre israélienne sur les forêts du Liban-Sud, effectuée en collaboration avec la Société de relations austro-arabes (SAAR). Cette étude, la première menée spécifiquement sur les forêts et les champs agricoles depuis la guerre, s’est basée sur des informations récoltées dans 26 villages du Liban-Sud et de Nabatiyeh, ainsi qu’auprès de la Défense civile (pour l’emplacement exact des incendies). « Les dégâts de la guerre ont touché la majorité de ces villages (presque 95 %), a expliqué Mounir Bou Ghanem, directeur de l’AFDC. La cause principale était le bombardement direct, dans 92 % des cas. Malgré le risque constant, les habitants ont tenté d’éteindre les incendies survenus dans les espaces verts dans plus de 50 % de ces localités. La région la plus affectée était le caza de Tyr, suivi de Nabatiyeh, puis Bint Jbeil. La surface détruite totale est de 1 021,3 hectares (dont 712,5 hectares de forêts et 308,8 hectares d’oliviers). Les populations d’arbres les plus affectées par ces agressions sont les chênes (37 %), les pins (3 %) et une végétation mixte (60 %). » Dans son étude, l’AFDC estime que la perte de ces espaces verts équivaut à une perte totale de 140 336 000 dollars, un chiffre calculé à partir des ressources financières que représentent ces arbres pour la population locale. « La population locale des villages visités bénéficie des ressources forestières de diverses façons, souligne M. Bou Ghanem. La flore est exploitée pour l’apiculture et le pâturage, la collecte de pignons et de bois est une activité courante dans les forêts denses. » D’où le fait que, toujours selon lui, le déficit cumulatif résultant de la destruction de 152 hectares de pins est de plus de 94 millions de dollars, celui de la destruction de quelque 444 hectares de chênes est de presque trois millions de dollars, et celui de la destruction de 308 hectares d’oliviers est de plus de 43 millions de dollars. « Les arbres forestiers et les oliviers nécessitent plusieurs années pour devenir productifs, les pertes cumulatives mettent en lumière l’ampleur de l’impact économique de la guerre sur les secteurs de l’agriculture et de la foresterie », poursuit-il. M. Bou Ghanem a surtout parlé de l’une des conséquences les plus terribles de la guerre, celle qui affecte encore tous les jours la vie des habitants et des agriculteurs plus particulièrement : la présence de millions de bombes à fragmentation larguées par les avions israéliens, et qui ont déjà fait 31 morts et 217 blessés depuis la cessation des hostilités, le 14 août 2006. « Selon les statistiques fournies par le bureau de déminage, 10 des 23 civils tués (34,5 %) sont morts en exerçant des activités agricoles, de pâturage ou de collecte de bois », a-t-il indiqué. L’étude a aussi identifié trois moyens d’intervention possibles pour remédier à cet état des choses : l’option de la réhabilitation des espaces détruits, le concept d’un projet-pilote ayant pour objectif de réhabiliter un espace bien défini en optimisant la productivité par l’amélioration des techniques de production, et, enfin, l’introduction de moyens de promouvoir le développement durable, la sensibilisation écologique et le développement de nouvelles sources de revenus. Pour sa part, l’association compte se lancer, à partir des résultats de cette étude, dans un projet de réhabilitation de 50 hectares dans les régions de Jezzine et du Arkoub (Chebaa), en collaboration avec WWF-Italie (Fonds mondial pour l’environnement). « Ce projet vise à aider les populations locales affectées par la guerre à réhabiliter les forêts, a expliqué M. Bou Ghanem. Quelque 120 volontaires seront formés et équipés afin de constituer des unités de lutte contre les incendies, en collaboration avec la Défense civile et les gardes forestiers, à qui seront fournis des outils de surveillance des feux de forêts. » Il a ajouté que l’AFDC construit actuellement une pépinière dans le village de Deir Mimès (Hasbaya), et que la construction est financée par le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) et la Banque mondiale. Pour sa part, Thomas Kukovec, représentant de l’organisation SAAR au Liban (qui a financé l’étude), a rappelé que cette ONG autrichienne dédiée au rapprochement entre l’Europe et le monde arabe existe depuis 1982. Outre ce projet, elle s’apprête à offrir plusieurs ambulances à différentes ONG libanaises et palestiniennes. Elle sera aussi engagée dans un projet de transmission des connaissances dans le domaine de l’énergie renouvelable, en collaboration avec le Centre européen pour l’énergie renouvelable. Elle devra initier également une campagne de sensibilisation aux armes prohibées mondialement, comme celles contenant de l’uranium appauvri ou du phosphore blanc, ou encore les bombes à fragmentation. S. B.
Au Liban-Sud, durant la guerre de juillet-août 2006, une surface de plus de mille hectares de forêts et de champs agricoles a été détruite par les bombardements, causant des pertes s’élevant à plus de 140 millions de dollars. C’est la triste réalité mise en évidence hier lors d’une conférence de presse tenue par l’Association pour les forêts, le développement et la...