Actualités - CHRONOLOGIE
Birmanie - La communauté internationale condamne la répression Nouvelle manifestation de défi à la junte militaire
le 24 août 2007 à 00h00
Des militants prodémocratie ont, pour la troisième fois en quelques jours, défié hier la junte militaire birmane en manifestant – fait rare à Rangoun – contre la brusque aggravation des conditions de vie pour la grande majorité de la population. De nombreuses personnes ont été interpellées depuis dimanche, mais le chiffre exact est encore difficile à établir. États-Unis, France, Canada ont rapidement condamné la répression. La couverture journalistique est de plus en plus délicate.
Hier, une quarantaine de manifestants, pour la plupart membres de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de l’opposante Aung San Suu Kyi, étaient en route vers le siège de leur parti lorsqu’une vingtaine d’agents et de miliciens pro-gouvernementaux musclés leur ont bloqué la voie, selon une correspondante de l’AFP sur place. Les manifestants ont cherché à former une chaîne humaine mais ils ont été submergés et, pour la plupart, jetés dans des camions et emmenés en détention, au milieu d’échanges d’insultes et de coups. Une centaine de personnes ont assisté silencieuses à la confrontation près du centre de Rangoun. C’est la troisième manifestation en moins d’une semaine et la première agitation de ce type depuis une dizaine d’années.
Dimanche dernier, un groupe d’anciens étudiants et de prisonniers politiques ayant participé à un soulèvement populaire en 1988 avait conduit un premier défilé ayant atteint 500 personnes, dont de nombreux passants en colère contre l’aggravation de la situation économique. Le 15 août, le régime militaire en Birmanie a brusquement augmenté, dans le plus grand secret, les prix du carburant (essence : +66 %, diesel : +100 %, gaz naturel comprimé : +535 %), ce qui a entraîné un doublement immédiat des tarifs dans les transports publics avec un effet en cascade sur l’économie et sur le pouvoir d’achat.
Mercredi, 150 autres militants prodémocratie avaient manifesté sous les acclamations du public avant d’être dispersés et pour certains interpellés par des affidés du régime en civil.
En Birmanie, pays pauvre d’Asie du Sud-Est gouverné par des juntes successives depuis 1962, les défilés de protestation sont rares tant la population redoute la férule des généraux que des organisations de défense des droits de l’homme accusent de commettre des abus flagrants et de s’enrichir sur le dos des plus pauvres. Selon la Banque mondiale, un foyer sur quatre en Birmanie vit sous le seuil de la pauvreté.
Même si ces marches n’ont rassemblé que quelques centaines de personnes, à l’initiative des anciens étudiants de la « Génération 88 », l’implication croissante du public a ravivé les craintes, au sein du régime, d’une réédition de la révolte de 1988 qui avait également trouvé son origine dans l’aggravation des conditions de vie.
Hier soir, le parti de Mme Suu Kyi, prix Nobel de la paix en résidence surveillée depuis quatre ans, a « appelé le gouvernement à libérer les personnes arrêtées immédiatement et inconditionnellement ». Dans cette déclaration, la LND a aussi exigé que le régime « explique au public les raisons de la brusque hausse des prix énergétiques ». Les autorités ont déclaré avoir arrêté 13 personnes, dont d’anciens leaders étudiants comme Min Ko Naing, qui figurent aujourd’hui parmi les principaux opposants. Selon des militants pro-démocratie, au moins dix autres personnes avaient été emprisonnées avant la nouvelle manifestation d’hier.
Des militants prodémocratie ont, pour la troisième fois en quelques jours, défié hier la junte militaire birmane en manifestant – fait rare à Rangoun – contre la brusque aggravation des conditions de vie pour la grande majorité de la population. De nombreuses personnes ont été interpellées depuis dimanche, mais le chiffre exact est encore difficile à établir. États-Unis, France,...
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