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La répression antichiite de 1991, a fait jusqu’à 100 000 morts dans le sud du pays Témoignages accablants au deuxième jour du procès de « Ali le Chimique »

Des témoins ont décrit hier à Bagdad leur calvaire à la barre du Haut Tribunal irakien qui juge les artisans de la sanglante répression d’une rébellion dans le sud chiite de l’Irak, en mars 1991. Principal accusé, Ali Hassan al-Majid, cousin de Saddam Hussein, plus connu sous le surnom de « Ali le Chimique », comparaît depuis mardi au milieu de 14 co-inculpés devant cette cour, qui siège dans la « zone verte », fortement sécurisée, au cœur de la capitale irakienne. Un villageois, Kamil Kanoun Abul-Heil, 76 ans, a expliqué que les troupes d’élite de Saddam Hussein étaient venues l’arrêter, en compagnie d’autres habitants de la région de Medeina, peu après le début de la révolte dans les premiers jours de mars. « Lorsque je suis entré dans la salle de la prison, il y avait un homme qui ressemblait à un Hercule, comme dans les films, et qui m’a demandé mon identité. Puis il m’a frappé au visage et je me suis écroulé sur le sol », a-t-il raconté. Il a ensuite été emprisonné dans une caravane, d’où il pouvait entendre les hurlements de prisonniers qui étaient torturés. Ministre de l’Intérieur lors des faits, après avoir été gouverneur militaire du Koweït envahi par l’Irak en août 1990, Ali Hassan al-Majid, 66 ans, a présidé à la répression qui a fait jusqu’à 100 000 morts dans les provinces chiites du sud du pays. D’autres victimes, toutes chiites, sont venues décrire comment les forces de Saddam Hussein ont battu et tué des membres de leurs familles, et comment leurs maisons ont été détruites. Iyad Abdel Zahra Ashour, un professeur, a expliqué qu’il avait été mis en détention avec plus de 300 autres personnes, dont une adolescente de 14 ans. « Majid a tué trois détenus et il a abattu cette jeune fille lorsqu’elle a essayé de lui parler », a-t-il assuré. Le procureur, dont le nom ne peut être publié pour des raisons de sécurité, avait accusé mardi Ali Hassan al-Majid d’avoir tué de sang-froid des insurgés faits prisonniers. Les dépositions des témoins, entamées mardi, doivent se poursuivre dans les jours qui viennent, et quelque 90 personnes doivent défiler à la barre. Les troupes d’élite fidèles à Saddam Hussein, notamment les unités de la garde républicaine, ont maté dans le sang la rébellion lancée par des militaires irakiens démoralisés après leur déroute au Koweït en février 1991. La mutinerie, commencée à Bassora, s’est transformée en révolte populaire et a gagné toutes les villes du Sud, notamment Nadjaf et Karbala, centres religieux chiites. Ali Hassan al-Majid a déjà été condamné à mort en juin pour avoir eu recours à des gaz de combat en 1987 et 1988 contre des villages kurdes, dans le Nord irakien, et il attend le résultat d’un recours en appel. Deux autres inculpés, Sultan Hachim al-Tai, qui fut ministre de la Défense, et Hussein Rachid al-Tikriti, ancien chef adjoint des opérations des forces armées, sont également jugés pour leur rôle dans la répression de mars 1991. Tous deux ont aussi été condamnés à la peine capitale, et une commission spéciale doit statuer rapidement sur leurs procédures d’appel. Un autre inculpé, Sabbawi al-Ibrahim, ancien responsable d’un service de renseignement, a assuré que la rébellion avait été fomentée par des agents iraniens infiltrés. Le président américain de l’époque, George Bush (père), qui avait incité les Irakiens à se soulever contre Saddam Hussein dans une allocution du 15 février 1991, avait par la suite souligné qu’il n’était pas dans les projets de Washington de se débarrasser du dirigeant irakien.

Des témoins ont décrit hier à Bagdad leur calvaire à la barre du Haut Tribunal irakien qui juge les artisans de la sanglante répression d’une rébellion dans le sud chiite de l’Irak, en mars 1991.


Principal accusé, Ali Hassan al-Majid, cousin de Saddam Hussein, plus connu sous le surnom de « Ali le Chimique », comparaît depuis mardi au milieu de 14 co-inculpés devant cette cour, qui siège dans la « zone verte », fortement sécurisée, au cœur de la capitale irakienne. Un villageois, Kamil Kanoun Abul-Heil, 76 ans, a expliqué que les troupes d’élite de Saddam Hussein étaient venues l’arrêter, en compagnie d’autres habitants de la région de Medeina, peu après le début de la révolte dans les premiers jours de mars. « Lorsque je suis entré dans la salle de la prison, il y avait un homme qui...