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Actualités - REPORTAGE

Reportage - Cheikh al-Khalifa donne raison à des pêcheurs chiites « Jour historique » à Malkiya, village qui a défait un cousin du roi du Bahreïn

« Félicitations pour les héros ! C’est un jour historique ! » : les habitants de Malkiya, village de pêcheurs chiites, jubilaient après la décision du roi du Bahreïn, cheikh Hamad ben Issa al-Khalifa, de leur donner raison aux dépens d’un de ses propres cousins. Le conflit entre ce membre de la famille royale, une dynastie sunnite, et la population de Malkiya, au sud de Manama, portait sur des droits de pêche et l’impossibilité pour les pêcheurs d’accéder aux eaux du Golfe. Après plus de deux ans de lutte, ils ont obtenu gain de cause lundi auprès du roi, une décision célébrée avec euphorie par les villageois. Mardi matin, ils étaient plusieurs dizaines de « Malkaouis » rassemblés sur la côte – pour certains munis de caméras ou de téléphones portables – tandis que des ouvriers s’activaient à enlever le reste de nasses obstruant l’accès à la mer. « N’eût été la pression des habitants, ces nasses n’auraient jamais été enlevées », affirmait à l’AFP l’un des jeunes villageois. « Nous espérons que le problème est enfin résolu. La plage doit rester ouverte pour tous. C’est la propriété de tous », renchérissait Hassan Ahmad Ali, un pêcheur âgé de 55 ans. Youssef al-Boori, un responsable local de la province du Nord, regrettait quant à lui le caractère tardif de la décision. « Nous souhaitions dès le début que cette affaire soit réglée conformément à la loi. Nous aurions pu éviter un conflit et ses retombées », soulignait-il. Ce conflit avait débuté, il y a plus de deux ans, avec la construction sur décision du cousin du roi d’un mur séparant le village de la mer, sur près de deux kilomètres. Il avait dégénéré en une vague de protestations au cours desquelles la police avait fait usage de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc. Déjà, le roi avait fini par intervenir et le mur avait été démoli, en 2005. Concernant les nasses, les pêcheurs sont revenus à la charge dimanche matin pour les démolir, entraînant de nouveaux heurts avec les forces de l’ordre et des éléments fidèles au cousin du roi, selon des habitants. Mardi, fort de l’heureux dénouement, le mot justice revenait dans beaucoup de bouches à Malkiya, alors que la communauté chiite de l’archipel, majoritaire (environ 60 % des 700 000 habitants), s’estime victime de discrimination. Le forum du site Internet du village (www.malkiya.net), pris d’assaut, débordait de propos triomphalistes : « Félicitations pour les héros de Malkiya. C’est un jour historique ! » s’exclamait un habitant. « La victoire de Malkiya, c’est une victoire de la loi et du droit », titrait quant à lui le quotidien al-Wassat, saluant le geste du roi Hamad, artisan de plusieurs réformes politiques, qui se trouve depuis plusieurs semaines à Londres. Le rédacteur en chef de ce journal, Mansour al-Jamri, ancien porte-parole du Mouvement de libération du Bahreïn (MLB, à majorité chiite), est rentré au pays en décembre 2001 après plus de 20 d’exil à Londres. « Les habitants de Malkiya l’ont remporté pour avoir exigé que la loi s’applique à tous. (...) L’affaire de Malkiya n’est pas un fait anodin. Elle restera à jamais gravée dans la mémoire des Bahreïnis », s’exclamait une éditorialiste d’al-Wassat. Mohammad FADHEL/AFP

« Félicitations pour les héros ! C’est un jour historique ! » : les habitants de Malkiya, village de pêcheurs chiites, jubilaient après la décision du roi du Bahreïn, cheikh Hamad ben Issa al-Khalifa, de leur donner raison aux dépens d’un de ses propres cousins.
Le conflit entre ce membre de la famille royale, une dynastie sunnite, et la population de Malkiya, au sud de Manama,...