Pour le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, un nouveau gouvernement doit être formé par le nouveau chef de l’État, après l’élection présidentielle. En tenant ces propos lors d’une interview à paraître aujourd’hui dans le quotidien koweïtien as-Siassa, le chef de l’Église maronite a indirectement pris position au niveau de la polémique qui bat son plein entre...
Actualités - CHRONOLOGIE
Le patriarche maronite revient à la charge et met en garde contre un boycott de la séance électorale au Parlement Pour Sfeir, la formation d’un nouveau gouvernement doit intervenir après la présidentielle
le 22 août 2007 à 00h00
Pour le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, un nouveau gouvernement doit être formé par le nouveau chef de l’État, après l’élection présidentielle. En tenant ces propos lors d’une interview à paraître aujourd’hui dans le quotidien koweïtien as-Siassa, le chef de l’Église maronite a indirectement pris position au niveau de la polémique qui bat son plein entre la majorité et l’opposition au sujet de la présidentielle et de la formation d’un gouvernement d’union nationale (réclamée par l’opposition avant la présidentielle). Mgr Sfeir a aussi mis en garde contre un boycottage de la séance parlementaire électorale et a expliqué sa position par rapport à un éventuel amendement de la Constitution. Le patriarche s’est dit hostile à cette mesure, « sauf si c’est pour éviter le pire ».
Prié de commenter l’insistance de l’opposition concernant la formation d’un gouvernement d’union, « même une demi-heure avant la présidentielle » (comme l’a déclaré le député Mohammad Raad), le patriarche a déclaré : « Ils disent que le gouvernement doit être changé une demi-heure avant la présidentielle... Cela comporte un défi. Toutes les parties doivent s’entendre sur l’élection d’un président. Celui-ci pourra, une fois élu, former un gouvernement, parce qu’un gouvernement est mis en place lorsqu’un nouveau chef de l’État est élu. Tout doit se dérouler dans le calme, sur base de l’entente et de la sagesse, car il n’est pas possible de régler quoi que ce soit avec les défis. »
Interrogé au sujet de la confusion suscitée par ses propos au sujet du quorum des deux tiers pour la présidentielle, Mgr Sfeir a indiqué que le chef de l’État peut être élu à la majorité simple, à condition que le quorum pour la première séance soit assuré par la présence des deux tiers des députés. « La Constitution libanaise et d’autres prévoient que le président doit obtenir la majorité parce que s’il obtient une majorité étriquée, il ne pourra pas gouverner », a-t-il dit, avant de mettre en garde contre un boycottage de la séance parlementaire électorale. « Si un boycottage, qui est une position politique, paralyse le pays, il vaut mieux ne pas prendre ce risque. Le boycott est peut-être une décision prise par le parti auquel un groupe de députés appartient, mais personne ne peut boycotter le pays et le mener vers le gouffre parce qu’il s’accroche à son point de vue. (...) Boycotter pour boycotter est inacceptable », a-t-il observé.
L’amendement constitutionnel
En réponse à une question, le patriarche devait ensuite expliciter sa position au sujet d’un éventuel amendement de la Constitution : « Lorsque la question (de l’élection) du commandant en chef de l’armée a été soulevée, nous avions dit que la Constitution l’empêche, comme pour tout autre fonctionnaire. Elle nécessite un amendement de la Loi fondamentale qui ne peut pas être modifiée n’importe quand. La Constitution ne peut être amendée que pour des raisons graves. Aussi, notre position était-elle claire et franche. La Loi fondamentale doit être maintenue. Il est nécessaire de trouver une solution en dehors d’un amendement. Mais lorsque nous avons constaté que la situation empire et que seul le commandant de l’armée peut, selon les allégations de certains, sauver le pays, nous avions dit que la Constitution peut être modifiée pour le salut du pays parce que c’est cela qui prime. S’il faut choisir entre la ruine du pays ou un amendement constitutionnel, il est préférable de changer la Constitution. C’est ce que j’avais dit. »
Mgr Sfeir a exprimé l’espoir que toutes les forces politiques du pays parviendront à une solution, « qui pourrait être difficile ». « Mais les hommes politiques libanais, a-t-il ajouté, doivent renoncer à tout contact avec l’étranger et accepter d’œuvrer pour trouver l’intérêt du pays, qui doit prévaloir. »
Le chef de l’Église maronite, qui a souhaité qu’un président fort soit élu, a affirmé ne pas vouloir nommer de candidat à la présidence de la République parce qu’il ne sera pas retenu. « Nous avons déjà vécu cette expérience. Si nous citons le nom de quelqu’un, il sera la cible d’attaques et sera ainsi brûlé inutilement », a-t-il commenté, avant de préciser, en réponse à une question, que les contacts avec le chef du Parlement, Nabih Berry, sont maintenus, mais à travers des intermédiaires, parce que le numéro 2 de l’État ne peut pas se déplacer facilement, pour des raisons de sécurité.
Interrogé au sujet de la partielle du Metn, il a rappelé « une tradition libanaise qui consiste à ce qu’un député décédé soit remplacé par une personne qui lui est proche, afin d’éviter une nouvelle élection ». « Mais cette fois, on n’en a pas tenu compte et le résultat a été ce que vous avez pu voir », a-t-il fait remarquer.
Concernant les interventions syriennes au Liban, Mgr Sfeir a affirmé ne pas savoir à quel point les propos selon lesquels Damas essaie d’entraver des solutions au Liban ou de rétablir son influence sur le pays sont opportuns.
Prié de commenter le dernier discours du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et de dire si un parti peut déclarer la guerre à un autre État ou menacer de déclarer la guerre sans tenir compte de l’État auquel il appartient, le patriarche a répondu : « La règle est connue. Il n’est pas nécessaire de la rappeler. Mais au Liban, des anomalies existent. »
Prié aussi de donner son avis sur les propos du président Émile Lahoud qui refuse de remettre le pouvoir au gouvernement Siniora, en cas de non-élection d’un chef de l’État, Mgr Sfeir a déclaré : « Nous savons que tout pays qui enfreint les règles démocratiques et constitutionnelles établies sera confronté à des difficultés. »
Un émissaire de Hariri
à Dimane
Dans la journée, le chef de l’Église maronite a reçu à Dimane M. Daoud el-Sayegh, dépêché par le chef du Courant du futur, Saad Hariri, pour un entretien qui a de toute évidence porté sur la présidentielle. À sa sortie du siège patriarcal, M. Sayegh s’est contenté d’indiquer à la presse que sa visite au patriarche « s’inscrit dans le cadre des concertations continues entre le député Hariri et Sa Béatitude ».
Mgr Sfeir a ensuite reçu Mme Nadine Abi Raad, adjointe du député canadien de l’Ontario, Joe Comartin, qui lui a remis une lettre du parlementaire canadien. Dans sa missive, M. Comartin rend hommage aux positions du patriarche et exprime le souhait d’un rétablissement de la stabilité dans le pays, avant d’indiquer que le Parlement canadien redoute un vide constitutionnel au Liban et invite les Libanais à privilégier le dialogue et à parvenir à une entente.
Pour le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, un nouveau gouvernement doit être formé par le nouveau chef de l’État, après l’élection présidentielle. En tenant ces propos lors d’une interview à paraître aujourd’hui dans le quotidien koweïtien as-Siassa, le chef de l’Église maronite a indirectement pris position au niveau de la polémique qui bat son plein entre...
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