La semaine dernière, à l’occasion du rassemblement annuel des tribus indiennes à Washington dans la capitale des États-Unis, nombreux étaient les hommes et les femmes en uniforme d’une armée qui massacra jadis les premiers habitants du continent américain.
«Je me suis souvent demandée comment je pouvais servir un pays qui nous a traités si mal », dit sans ambages Aprill Watan, une Amérindienne de 26 ans qui sert dans la Garde nationale et dont le père a été blessé au Vietnam quand il combattait lui-même sous l’uniforme américain. « La plupart d’entre nous sommes très jeunes lorsque nous nous engageons dans l’armée et nous ne pensons pas à ce genre de choses. Plus tard, en vieillissant, on ne peut pas revenir en arrière », dit-elle.
« Mais, s’empresse-t-elle d’ajouter, au-delà des considérations de race, porter l’uniforme américain est un motif de fierté. » Les Améridiens sont fiers de le revêtir, dit-elle.
Selon une étude du Pentagone datant de 1996, les Amérindiens sont, proportionnellement à leur importance, la minorité ethnique la plus nombreuse à s’engager dans l’armée. Quelque 12 000 Amérindiens ont combattu sous l’uniforme américain durant la Première Guerre mondiale et 44 000 durant la Seconde Guerre mondiale.
Hollywood, avec des films comme Windtalkers (Les messagers du vent) ou Iwo Jima de Clint Eastwood, a popularisé cet épisode de la Seconde Guerre mondiale lorsque l’armée américaine a utilisé des Indiens Navajos pour transmettre dans leur langue des messages codés. Les Amérindiens représentent 1,5 % de l’ensemble de la population des États-Unis. Aucune statistique n’est disponible sur le nombre de soldats d’origine amérindienne déployés en Irak et en Afghanistan, mais la première femme soldat à être tuée au combat en Irak était une Indienne Hopi, Lori Piestewa, mortellement blessée lors d’une embuscade en 2003.
Melvin Whitebird, un Cheyenne-Arapahoe, sergent de réserve du corps des marines, qui faisait partie de la dizaine d’Indiens en uniforme présents au rassemblement de Washington, explique qu’il se sent à la fois « un grand patriote des États-Unis et fier de ses traditions ».
Glenn Helm, directeur de la bibliothèque de la Marine à Washington, explique l’engouement des Indiens pour l’armée à cause de leur tradition guerrière. « Cette forte tradition de guerriers chez les Amérindiens est une des raisons pour laquelle ils sont si nombreux dans l’armée », estime-t-il.
Au XIXe siècle, la conquête de l’Ouest et l’arrivée de colons blancs attirés par des terres vierges a entraîné le massacre des tribus indiennes. Les Indiens rescapés ont été parqués dans des réserves, parfois affamés, spoliés de leurs terres, privés de leur liberté de culte et privés du droit de parler leur langue. Un général de l’armée américaine, Philip Sheridan, a laissé son nom à la postérité en déclarant qu’« un bon Indien est un Indien mort ».
Jusqu’en 1850, 100 000 Amérindiens ont été déportés vers des réserves. L’épisode le plus célèbre reste celui de la « Piste des larmes » en 1838-1839. Ce nom vient des larmes de compassion versées par les Américains qui voyaient passer les Cherokees devant eux. Cette déportation forcée fit au moins 4 000 victimes, à cause du froid et de l’épuisement. Il faudra attendra 1924 pour que la citoyenneté américaine soit accordée aux Amérindiens et 1978 pour que leur soit garantie leur liberté de culte.
Aujourd’hui encore, la majorité des Amérindiens connaissent des difficultés économiques et des problèmes sociaux liés à la perte de repères identitaires, ce qui a entraîné une forte présence de l’alcoolisme dans nombre de tribus.
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«Je me suis souvent demandée comment je pouvais servir un pays qui nous a traités si mal », dit sans ambages Aprill Watan, une Amérindienne de 26 ans qui sert dans la Garde nationale et dont le père a été blessé au Vietnam quand il combattait lui-même sous l’uniforme américain. « La plupart d’entre nous sommes très jeunes lorsque nous nous engageons dans l’armée et nous ne pensons pas à ce genre de choses. Plus tard, en vieillissant, on ne peut pas revenir en arrière », dit-elle.
« Mais, s’empresse-t-elle d’ajouter, au-delà des considérations...