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Libye - Pas de remise en question du pouvoir du « guide », mais un projet de Constitution Seif al-Islam joue la modération pour faire passer son plan de réformes

Après avoir usé de la critique, le fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam, défend désormais un projet de réformes politiques pour moderniser le régime sans remettre en question le pouvoir du « guide » ou bouleverser les grands principes de sa théorie. Il y a exactement un an, Seif al-Islam s’était attiré les foudres de la vieille garde du régime en critiquant violemment la « mafia » des fonctionnaires qui s’opposent aux réformes et en mettant en cause le « pouvoir du peuple » stipulé dans le Livre vert, condensé de la théorie de son père. Lundi soir, face à des milliers de jeunes dans la ville de Benghazi (1 000 km à l’est de Tripoli), il a fait preuve de modération, affirmant que le système politique actuel de la Libye était un « bon système en théorie », mais souffrait de « certains défauts ». « Nous voulons renforcer le système actuel et le rendre plus efficace », a-t-il précisé. Il a donné les grandes lignes d’un projet de Constitution, tout en soulignant que la première déclaration de la révolution de 1969 menée par un groupe d’« officiers libres », dirigé par le colonel Kadhafi, doit être la « base de tout texte constitutionnel en Libye ». Cette phrase faisait hier le titre de la dépêche de l’agence officielle JANA qui publie l’intégralité du discours, retransmis en direct lundi soir par la télévision d’État ainsi que par la première chaîne privée du pays, al-Libiya, lancée il y a quelques jours sous l’égide de Seif al-Islam. Homme d’influence régulièrement présenté comme le successeur de son père, Seif al-Islam, qui n’occupe pas de fonction officielle, s’est défendu de toute ambition politique affirmant que « la Libye ne deviendra pas une dynastie ou une monarchie, ni une dictature ». Par son discours, il semble vouloir apaiser les tensions avec les hommes forts du régime et faire passer en douceur son plan de réformes sans se heurter à la vieille garde conservatrice de Kadhafi. Il a ainsi affirmé que Mouammar Kadhafi était parmi les « lignes rouges » à respecter en préalable à toute réforme politique. Il a cité aussi « l’islam et l’application de la charia (la loi islamique), la sécurité et la stabilité de la Libye, et l’unité du territoire national ». Mouammar Kadhafi, qui n’est en théorie qu’un « guide » prodiguant ses conseils, prône le « pouvoir du peuple » à travers la « démocratie directe » exercée par des « congrès populaires ». Après le renversement en 1969 de la monarchie senoussite, le colonel Kadhafi avait aboli la Constitution de 1951 qui faisait de la Libye une monarchie constitutionnelle. Une courte Constitution provisoire a été remplacée en 1977 par la « Déclaration sur l’institution du pouvoir du peuple » qui comprend quatre articles. Pour Seif al-Islam, les nouveaux textes de lois doivent garantir également l’indépendance de la Banque centrale libyenne, de la Haute Cour, des médias et de la société civile. Il a, dans cette optique, appelé à un « dialogue national impliquant tout le peuple libyen pour parvenir le plus tôt possible à la formule idéale » pour la rédaction d’une Constitution, et souligné la nécessité d’élargir le dialogue politique en dehors des « congrès populaires ». Tout débat politique ou à caractère politique est interdit en dehors de ce cadre en Libye. Il a plaidé également pour le renforcement du pouvoir du chef du gouvernement pour qu’il puisse choisir ses ministres qui sont désignés pour l’instant par les congrès populaires. La vieille garde s’opposait à tout changement à ce sujet, invoquant une « atteinte au pouvoir du peuple ». Il a par ailleurs plaidé pour une « société qui doit être dotée de médias indépendants pour mettre en exergue la corruption, la fraude et la falsification ». « La Libye doit avoir une société civile indépendante et des organismes indépendants », a-t-il insisté. Sur les plans économique et social, Seif al-Islam a exposé un plan de développement doté de 80 milliards de dollars et affirmé la nécessité de renforcer la lutte contre l’immigration clandestine qu’il a qualifiée de « seconde forme du colonialisme ». Dans la foulée de la libération du médecin d’origine palestinienne et des cinq infirmières bulgares, plusieurs médias arabes et français ont rapporté que Mouammar Kadhafi avait tancé son fils pour ses déclarations, lui reprochant notamment d’avoir dit que la police libyenne avait torturé les six soignants détenus pendant plus de neuf ans en Libye et condamnés pour avoir inoculé délibérément le virus du sida à des enfants dans un hôpital de Benghazi. Ce discours prononcé à Benghazi et sa retransmission en direct à la télévision semblent accréditer l’idée selon laquelle cette admonestation publique, ainsi que l’écrivait en France le quotidien Le Monde, « n’est pas à prendre au pied de la lettre » et qu’elle « pourrait avoir été dictée par le souci d’apaiser les responsables des “comités révolutionnaires” et l’opinion, passablement troublés par les “aveux” médiatisés de celui qui est donné comme le dauphin du guide ».

Après avoir usé de la critique, le fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam, défend désormais un projet de réformes politiques pour moderniser le régime sans remettre en question le pouvoir du « guide » ou bouleverser les grands principes de sa théorie.
Il y a exactement un an, Seif al-Islam s’était attiré les foudres de la vieille garde du régime en critiquant...