Porteurs de tee-shirts frappés d’une aigle aux ailes déployées, les 6 000 policiers de la Force exécutive du Hamas sont omniprésents à Gaza depuis la prise de contrôle du Territoire par le mouvement islamiste à la mi-juin. Cette unité, composée de jeunes barbus armés, créée l’an dernier pour faire pièce aux forces de sécurité fidèles au président Mahmoud Abbas, qui la...
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REPORTAGE La Force exécutive du Hamas rassure les Gazouis autant qu’elle les inquiète
le 22 août 2007 à 00h00
Porteurs de tee-shirts frappés d’une aigle aux ailes déployées, les 6 000 policiers de la Force exécutive du Hamas sont omniprésents à Gaza depuis la prise de contrôle du Territoire par le mouvement islamiste à la mi-juin. Cette unité, composée de jeunes barbus armés, créée l’an dernier pour faire pièce aux forces de sécurité fidèles au président Mahmoud Abbas, qui la considère comme illégale, rassure aujourd’hui les Gazouis autant qu’elle les inquiète.
«La Force exécutive a maté les gens », estime Abou Abdallah, un commerçant qui se félicite du retour à l’ordre à Gaza après des mois de chaos armé qui ont culminé avec la défaite des forces de Abbas. « Ils me font peur avec leurs barbes et leurs airs méchants, confie pour sa part Siham, une jeune secrétaire qui craint de dévoiler son patronyme. Oui, la criminalité a baissé, mais je pense que c’est le fruit de la peur, pas de la persuasion. »
Débarrassés de leurs adversaires loyalistes, les policiers du Hamas se consacrent aujourd’hui à la chasse aux armes à feu dans les mariages, où la tradition veut que l’on tire en l’air, mais aussi que l’on entonne des chants nationalistes du Fateh.
Dans les rues de Gaza, les clans rivaux, qui avaient pour habitude de s’affronter à coups de feu et de grenades, règlent maintenant leurs comptes à coups de bâton et de pierres. Ainsi, les protagonistes d’une récente querelle de voisinage en sont ressortis avec des plaies et des ecchymoses, mais vivants. « Il y a trois mois, ils auraient compté leurs morts », explique Abou Abdallah.
« Des hommes de Dieu »
Des volontaires du Hamas aident la Force exécutive à régler la circulation chaotique dans les rues populeuses de la ville, et les conducteurs semblent aujourd’hui plus disciplinés que naguère. On murmure qu’une fois, un policier du Hamas a pourchassé sur une distance d’un demi-kilomètre un chauffard qui avait brûlé un feu rouge. « Maintenant, même les femmes s’amusent à dire à leurs maris qu’elles vont appeler le 109 s’ils ne font pas ce qu’elles veulent », raconte un habitant, faisant référence au numéro d’urgence de la Force exécutive.
Comme les affrontements armés, les vols de véhicules ont baissé depuis juin, mais d’autres formes d’atteintes aux biens et de crimes de sang persistent. Plusieurs femmes ont été tuées récemment par des proches qui leur reprochaient un comportement « déshonorant ».
Le président Abbas, qui revendique son autorité sur Gaza, a ordonné aux policiers officiels palestiniens et au procureur général de Gaza de ne pas coopérer avec le Hamas. Le mouvement islamiste a riposté la semaine dernière en limogeant le magistrat. « Le Hamas est une force en dehors de la loi parce que la loi est privée de ses instruments – la police, les procureurs et le système judiciaire », affirme Khali Abou Chammala, responsable de l’association de défense des droits de l’homme al-Damir. Celle-ci a reçu quelque 200 plaintes de membres du Fateh qui disent avoir été détenus et torturés dans les prisons de Gaza sous le contrôle du Hamas, lequel nie de telles atteintes aux droits de l’homme.
Pour Aziz Amman, chauffeur de taxi à Gaza, l’affaire est même entendue : les policiers du Hamas « sont des hommes de Dieu, pas des bandits corrompus ».
Nidal al-Moughrabi (Reuters)
Porteurs de tee-shirts frappés d’une aigle aux ailes déployées, les 6 000 policiers de la Force exécutive du Hamas sont omniprésents à Gaza depuis la prise de contrôle du Territoire par le mouvement islamiste à la mi-juin. Cette unité, composée de jeunes barbus armés, créée l’an dernier pour faire pièce aux forces de sécurité fidèles au président Mahmoud Abbas, qui la...
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