Actualités - CHRONOLOGIE
Les pôles chrétiens de la majorité tendent la main à « l’autre camp » sur la base de constantes très claires et « loin de toute pression étrangère »
le 21 août 2007 à 00h00
L’image était symbolique et fera date, malgré quelques absences remarquées (Robert Ghanem, Ghattas Khoury, Maurice Fadel, etc.), malgré le fait, aussi, qu’aucun nom n’ait émergé de la réunion des différents pôles chrétiens du 14 Mars – une source autorisée indiquant à L’Orient-Le Jour qu’il ne faut pas brûler les étapes et donner le temps à Nassib Lahoud et Boutros Harb (ou à d’autres…) de présenter officiellement leur candidature ; une autre relevant que l’annonce d’un candidat unique de la majorité ne se fera pas avant au moins la deuxième quinzaine de septembre.
L’image était forte donc, que ce soit dans sa forme (à Meerab, chez le chef des FL, qui recevait la quasi-totalité des partis et des personnalités indépendantes de premier plan chrétiens, à l’exception notoire du CPL et des Marada ; une réunion marathonienne de plus de six heures, entrecoupée d’un tête-à-tête de dix minutes Lahoud-Harb…) ou dans son fond. Les constantes affichées hier par les pôles chrétiens du 14 Mars, forts du soutien moral de leurs partenaires des trois autres communautés, ont permis à la majorité de faire d’une pierre cinq coups. Un : l’annonce au monde que, pour la première fois depuis longtemps, une grosse partie des principaux intéressés prend elle-même l’initiative et que sa décision pèsera nécessairement et naturellement dans le choix final. Deux : en affichant ses biceps, seul moyen de préparer, comme il se doit, d’éventuelles futures négociations, la majorité s’arme et se blinde avant l’échéance majeure. Trois : elle délimite très précisément la feuille de route de Nabih Berry, en faisant comprendre à ce dernier qu’un nouveau président sera élu avant le 24 novembre, « quelles que soient les circonstances ». Quatre : elle facilite la tâche du patriarche Sfeir, censé se rendre au Vatican dans les prochains jours, en se prononçant notamment contre tout amendement de la Constitution. Cinq : en tendant la main, sur la base de constantes très claires, à « l’autre camp », la majorité joue encore plus à fond la carte de la libanisation de cette échéance cruciale et place, main de fer dans un gant de velours, l’opposition devant ses responsabilités…
Reste à savoir quand se tiendra la prochaine réunion, comment elle se terminera et dans quelle mesure l’Alliance du 14 Mars, dans sa totalité, saura préserver une indispensable, une incontournable solidarité. Reste à savoir donc quel est ce fameux mécanisme grâce auquel les chrétiens de la majorité choisiront leur candidat unique.
Le communiqué final
Les participants ont d’abord mis l’accent sur l’importance « charnière » de l’élection présidentielle à venir, en tant que « premier scrutin posthégémonie syrienne. C’est un tremplin pour compléter, au plus haut niveau du système politique, la souveraineté et l’indépendance » du Liban, a dit le porte-parole de la réunion, le député Élie Keyrouz, soulignant que ce scrutin, au-delà de sa portée nationale, « revêt une importance particulière par rapport aux chrétiens, puisqu’il va leur redonner une présence et un rôle effectifs au sein de la vie politique libanaise ».
Les 29 ont tenu ensuite à bien souligner leur volonté de coopérer avec « toutes les forces souverainistes » du pays en faveur de « la libanisation » de l’échéance présidentielle, de « la soutirer », comme toute autre composante de la souveraineté et de l’indépendance du Liban, aux influences étrangères qui l’avaient kidnappée des années durant et « la redonner aux Libanais ». Puis les participants à la réunion de Meerab ont martelé l’urgence de la tenue du scrutin présidentiel à la date prévue par la Constitution et sur toutes les bases prévues par la Loi fondamentale « sans amendement » aucun. Ils ont évoqué la nécessité que toutes les autres forces politiques respectent tout autant cette urgence, estimant que toute tentative visant à torpiller cette échéance viserait en plein cœur « l’entité libanaise aussi bien que la présidence de la République en tant que telle, avec tout ce que cela signifie par rapport au rôle des chrétiens au sein de l’État et du système ».
Les participants ont ensuite réaffirmé avec force le rôle historique du patriarcat maronite dans l’édification du Liban, de sa souveraineté et de son indépendance, depuis le communiqué « historique » des évêques de septembre 2000 jusqu’aux constantes de l’Église maronite diffusées cette année.
Ensuite, les 29 ont fait part de leur « disponibilité à se concerter avec l’autre camp sur base des nécessités nationales précitées loin de toutes pressions ou compromissions étrangères, loin des tentatives visant à dynamiter le scrutin quel que soit le prétexte, qu’il s’agisse d’une question de quorum ou de l’exigence de la formation d’un cabinet d’union avant la présidentielle, loin, également, des méthodes putschistes ou des menaces de deux présidents ou de deux gouvernements ».
Enfin, les participants ont annoncé avoir convenu d’un mécanisme bien défini concernant les candidatures au sein du 14 Mars et assurent que ce mécanisme « permettra à la majorité, au moment voulu, de présenter un seul candidat à la présidence, au nom du 14 Mars ».
Un président avant le 24/11, quelle que soit x…
À l’issue de la lecture du communiqué final des participants à la réunion interchrétienne de la majorité, leur hôte, Samir Geagea, s’est exprimé devant les journalistes, commençant par rappeler combien les Libanais n’en pouvaient plus de voir le dossier de la présidentielle mijoter dans des cuisines étrangères ou dans les boui-boui des SR syriens. Le chef des FL a insisté sur le fait que seule l’élection d’un nouveau président permettra de compléter le printemps de Beyrouth à tous les niveaux.
Pressé de répondre à Michel Aoun, qui avait refusé quelques minutes plus tôt tout ce qui se faisait à Meerab, Samir Geagea a souhaité qu’un accord aboutisse entre tous les Libanais afin que soit élu un successeur à Émile Lahoud. Il a annoncé la détermination de la majorité à ce que le scrutin se tienne avec un quorum légal, invitant chaque personne qui aurait des hésitations à ce sujet à se référer au Parlement pour que tous les éclaircissements lui soient donnés. Il a également refusé toute solution visant à transférer les prérogatives du président au gouvernement actuel ou la formation d’un deuxième cabinet ou encore la passation des pouvoirs à l’armée. « Il est impératif d’appliquer la Constitution », a-t-il dit, réaffirmant que la majorité « détient le quorum nécessaire. Dans tous les cas, Mgr Sfeir a tranché cette question en appelant à la participation de tous les députés à la séance du scrutin », a ajouté le chef des FL, après avoir rejeté toute idée d’un président « sur le modèle de ceux qui ont gouverné au cours des quinze dernières années ».
« Nous allons élire un nouveau président avant le 24 novembre 2007, quelles que soient les circonstances », a-t-il assuré, révélant qu’il attend depuis longtemps un « président Berry nouveau, pas un président Berry incapable de se mouvoir ». Samir Geagea a naturellement refusé tout amendement de la Constitution, demandant quel pays qui se respecte accepterait de modifier sa Loi fondamentale pour des raisons personnelles… Et toujours dans sa conversation à bâtons rompus avec les journalistes présents hier à Meerab, Samir Geagea a estimé que la présence de plusieurs candidats au sein du 14 Mars est un facteur qui peut aider à une éventuelle entente : « Nous ne sommes pas comme d’autres, nous n’avons pas limité les candidatures à un seul nom », a-t-il asséné, réitérant la disponibilité des chrétiens de la majorité à s’asseoir autour de la même table avec Michel Aoun et à s’entendre sur une personnalité bien définie. « Nous refuserons un président qui ne ferait pas sien notre programme politique », rappelant que le Hezbollah et Amal avaient décidé qui occuperait la présidence qui revient à leur communauté « et, en même temps, ils veulent se partager notre présidence. Dans ce cas, nous aussi nous souhaitons partager la leur, alors nous pourrons décider par consensus des trois présidents »…
Ghanem explique
son absence
à « L’Orient-Le Jour »
Enfin, Samir Geagea a justifié l’absence de certains députés chrétiens du 14 Mars par leur appartenance à l’intérieur d’autres blocs, annonçant que « d’autres rencontres » sont en train de se préparer et que leur date serait fixée ultérieurement.
Interrogé par téléphone en soirée par L’Orient-Le Jour, l’un des trois candidats déclarés du 14 Mars à la présidence de la République, le député Robert Ghanem, absent de la réunion de Meerab hier, a indiqué qu’il n’y avait pas été invité et qu’il a comme principe de participer uniquement aux réunions du 14 Mars dans son ensemble. « Je suis contre la personnification de cette échéance. Ce qui compte, ce n’est pas le nom du candidat, mais son programme, sa vision, sa capacité à réunifier les Libanais », a-t-il dit, tout en saluant l’initiative de Meerab. « Elle doit déboucher sur l’annonce de celui qui est le plus à même de remplir cette fonction, celui qui sera le plus crédible dans la promotion et l’application de son programme, sur base duquel il devra rendre des comptes » à ses compatriotes, a-t-il estimé, mettant en garde contre les dangers d’un candidat incapable de réunir un minimum sur son programme des représentants des différentes familles spirituelles. « Ce serait encore plus grave qu’un vide constitutionnel », a estimé le président de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice.
Z. M.
Le 14 Mars présentera un candidat unique à la présidence
« en temps voulu » et refuse tout amendement de la Constitution
L’image était symbolique et fera date, malgré quelques absences remarquées (Robert Ghanem, Ghattas Khoury, Maurice Fadel, etc.), malgré le fait, aussi, qu’aucun nom n’ait émergé de la réunion des différents pôles chrétiens du 14 Mars – une source autorisée indiquant à L’Orient-Le Jour qu’il ne faut pas brûler les étapes et donner le temps à Nassib Lahoud et Boutros Harb...
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