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Kassem à Téhéran : Les États-Unis décident à la place de nos adversaires politiques Les pasdarans attaqueront-ils des cibles américaines au Liban ?

Beaucoup d’oreilles attentives se sont braquées au cours du week-end écoulé sur Téhéran, où les pasdarans, sous l’autorité directe de l’ayatollah Khamenei et qui risquent de se voir inscrire sur la liste des « groupes terroristes étrangers » par Washington, ont menacé les États-Unis d’attaques plus sévères. Celles-ci pourraient se manifester, selon un éminent dissident iranien, par des actions, entre autres, au Liban, via le Hezbollah. Pendant ce temps, représentant le parti de Dieu à une conférence internationale religieuse dite des « Gens de la maison », qui s’est tenue au cours des dernières 48 heures à Téhéran et à laquelle assistaient les plus hauts responsables iraniens, le n° 2 du Hezbollah, Naïm Kassem, a estimé que le problème au Liban « est que nos adversaires politiques ne disposent pas d’une libre décision, ce sont les États-Unis qui décident à leur place ». La question qui se pose désormais est donc la suivante : est-ce que les gardiens de la révolution iranienne s’en prendront à des cibles US au Liban ? Avant de tenter de répondre à cette question, un examen de la toile de fond s’avère éloquent. Un : le général commandant les troupes américaines dans le sud de l’Irak, Rick Lynch, a affirmé que des rapports des SR laissent penser qu’une cinquantaine d’Iraniens, membres de la force d’élite des pasdarans, entraînent dans le sud de l’Irak des miliciens chiites à l’utilisation de mortiers et de lance-roquettes. « L’ennemi lance des attaques avec des tirs indirects, il est plus agressif ; la grande inquiétude concerne les munitions iraniennes qu’il utilise », a ainsi affirmé le général Lynch devant des journalistes à Bagdad. Il a néanmoins reconnu que jusqu’à présent, l’armée US n’avait intercepté aucune livraison d’armes iraniennes et qu’aucun gardien de la révolution n’avait été capturé dans le secteur dont il est responsable ; ses troupes, cependant, ont mis la main sur 217 armes portant des inscriptions iraniennes depuis avril. Quoi qu’il en soit, l’accusation du général Lynch a été totalement réfutée par le ministère iranien des Affaires étrangères, qui l’a jugée « absolument sans fondement ». « Un avenir dangereux » Deux : le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a averti hier les États-Unis qu’ils faisaient face à « un avenir dangereux : l’Amérique est devenue plus faible qu’il y a vingt ans, elle a perdu de sa puissance et de sa grandeur d’antan ; l’Amérique et ceux qui la suivent sont emportés dans un tourbillon et ils coulent », a-t-il prévenu. Un avertissement dont un avant-goût fidèle avait été livré jeudi dernier (et rapporté samedi par le quotidien Kahyan) par le commandant des gardiens de la révolution, Yehya Rahim Safavi, qui a affirmé que ses pasdarans ne plieraient pas face aux États-Unis, que la menace d’une inscription sur la liste noire est « négligeable », qu’ils se renforceraient malgré les tentatives US pour les isoler et qu’ils useraient de toute leur influence contre les Américains. L’ayatollah Khamenei, trois jours plus tard, a d’ailleurs tenu à mettre les points sur les i : « Dans la bataille éternelle entre le bien et le mal, le Grand Satan perdra. » Même son de cloche pour le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, qui a affirmé samedi, devant Naïm Kassem et tous les participants à la conférence religieuse, qu’Israël est « le drapeau de Satan » et que l’État hébreu est destiné « à voler en éclats ». Trois : l’interminable bras de fer entre l’Occident et l’Iran à propos des capacités nucléaires de ce dernier avec l’éventualité de sanctions onusiennes encore plus importantes – sachant qu’un nouveau round de discussions sur le programme iranien se tiendra dès aujourd’hui entre l’Iran et l’AIEA. Avec une telle grille de lecture, l’analyse de Mohsen Sagezara, cofondateur des pasdarans devenu depuis plusieurs années l’un des plus éminents dissidents iraniens (et chercheur à l’université américaine de Harvard), n’en prend que plus de relief : « Vous pouvez vous attendre à ce que les gardiens de la révolution accélèrent ce qu’ils font en Afghanistan, en Irak ou au Liban. Mais la complexité de la situation dans ces pays fait que (ces représailles) ne seraient pas forcément efficaces (d’un point de vue iranien) », a-t-il ainsi prédit dans une interview recueillie par Laurent Lozano, de l’AFP. Estimant « difficile » de dire quelles sont les intentions des États-Unis, il a relevé que le régime iranien « a montré par son comportement que tout ce qu’il veut, c’est gagner du temps. Par exemple, les Iraniens pensent que si les démocrates prennent le pouvoir, ce sera autant de temps gagné pour leurs activités nucléaires ». Reconnaissant en outre que « tout devrait passer par la négociation », il n’en a pas moins souligné que, « comme dans toute négociation, vous devez montrer votre force. Il faut brandir la carotte et le bâton, sinon l’Iran ne cherche qu’à gagner du temps ». Les nouvelles réalités, selon le Hezbollah Enfin, pour revenir aux propos du n° 2 du Hezbollah, Naïm Kassem a commencé son discours en estimant que le but de la guerre de juillet 2006 était « d’annihiler, en commençant par le Liban, toute résistance face au projet israélo-américain. Cette guerre n’était pas une guerre israélienne, mais américano-internationale et gérée par l’État hébreu », a-t-il dit, revenant sur « le miracle d’une victoire divine qui va laisser des traces pendant des dizaines d’années ». Pour Naïm Kassem, cette victoire a permis de mettre en exergue de nouvelles réalités : « La capacité de l’islam à donner à l’être humain, en ces temps modernes, de quoi être noble et fier » ; « le renforcement de sa propre présence et de son existence loin de tout suivisme, que ce soit vers l’Ouest ou vers l’Est » ; « un nouvel état d’esprit psychologique pour les Libanais et les peuples de la région : ils pensent désormais aux modalités de changements, non à rester prisonniers d’une équation hégémonique » ; « un dynamitage de la volonté US de créer à partir du Liban un Moyen-Orient nouveau » ; « la débâcle à l’intérieur de l’État hébreu, où le temps est désormais aux démissions, au pessimisme, au désenchantement, à l’émigration… » etc. Le n° 2 du Hezbollah a profité du bilan qu’il a dressé pour évoquer de plain-pied la situation politique à l’intérieur du Liban : « Je vais être franc avec vous : lutter contre l’ennemi est cent fois plus simple que les traitements politiques à l’intérieur d’un même pays, parce que l’ennemi, lui, est clair… Alors que lorsque l’on s’oppose politiquement, sachant que nous sommes tous les fils d’un même pays, des accords politiques deviennent incontournables, personne ne peut annuler l’autre et nous ne voulons annuler personne. Nous espérons que notre énorme victoire contre l’ennemi israélien portera ses fruits à l’intérieur, mais nous devons être patients… Notre problème au Liban, c’est que nos adversaires politiques ne jouissent pas de la libre décision : la décision politique est aux mains des États-Unis, qui obligent nos adversaires à dire oui ou non… Dans tous les cas, nous estimons que notre succès est d’avoir réussi à empêcher le Liban de se dissoudre dans le projet américain », a-t-il affirmé, soulignant qu’il n’existe pas de pays modérés et de pays extrémistes, ni de conflits politiques sunnito-chiites : « Tout cela est pure création américaine », a dit Naïm Kassem.
Beaucoup d’oreilles attentives se sont braquées au cours du week-end écoulé sur Téhéran, où les pasdarans, sous l’autorité directe de l’ayatollah Khamenei et qui risquent de se voir inscrire sur la liste des « groupes terroristes étrangers » par Washington, ont menacé les États-Unis d’attaques plus sévères. Celles-ci pourraient se manifester, selon un éminent dissident...